mercredi 23 mai 2012

Daughn Gibson - All Hell (2012)



Printemps automnal, humeur maussade, inspiration en berne, veuillez me pardonner le maigre alinéa qui suit.

Si vous n’appréciez pas le récent virage psychédélique pris par Richard Hawley, si vous cherchez un crooner acceptable alors ce disque est peut-être fait pour vous. Daughn Gibson vient de Pennsylvanie c'est-à-dire qu’il vient de presque nulle part, il a été chauffeur de poids lourd, il a une gueule et une chemise capable de faire la couverture de Têtu, mais il a surtout une belle voix de baryton ; une voix tellement abyssale que l’on pourrait y perdre ses i grecs. Bon son disque n’est pas toujours concluant, il est inégal avec des remontées mode-dubstep, mais les meilleurs titres sont très bien. On y entend barytonner un genre de Dirck Curless post-atomique, un neo truck driver irradié qui raconte des histoires de ploucs et de petites bourgades endormies. Dans un genre plus urbain, on pourrait presque parfois penser aussi à Scott Walker. Ce  n’est pas rien, c’est déjà ça.

 

vendredi 18 mai 2012

Chambre Verte - Ian Curtis



En 1980 il n’y avait aucune image de Joy Division, vraiment aucune. Il n’y avait que des pochettes de disque, celle d’Unknown Pleasures : les restes d’une étoile (100 consecutive pulses from the pulsar CP 1919) celle de Closer : la photographie d’une statue dans un cimetière à Gênes. Il n’y avait que ces pochettes énigmatiques et l’on ne savait presque rien de Joy Division. On savait uniquement que le chanteur : Ian Curtis avait eu la drôle d’idée de se pendre dans sa salle de bains. On ignorait tout du reste : l’humour limite qui entourait le groupe, cette division de la joie et cette raideur poseuse qui venait tout autant de Rudolf Hess que du  David Bowie berlinois. Il n’y avait que la musique et rien pour nous en détourner et surtout pas des images, de la pose, de l’humour (noir) et du look. Cette musique sans images nous étions très peu à l‘aimer, elle n’engendrait que haussements d’épaules et circonspection chez les quidams ordinaires du rock ordinaire, il la trouvait sinistre, méprisaient ceux qui l’aimaient et j’imagine qu’aujourd’hui ils trouvent Joy Division et Ian Curtis « pas mal » quand ils les voient sur You Tube. L’iconisation de Ian Curtis est venue bien plus tard. En France il a fallu attendre 1982 pour voir le vidéo-clip de Love Wil Tear Us Apart (chez Bernard Lenoir, j’en frissonne encore), puis il y eut des photos, des livres, des films, ce culte idiot autour de l’image de Ian Curtis, un christ postpunk sacrifié sur l’autel des années 80, alors qu’il n’était qu’un gars ordinaire assailli par des problèmes compliqués. On aurait préféré qu’il ne meure pas, mais il est mort, on le préférera toujours fantôme qu’icône, on préférera toujours les fantômes aux icônes. Oui Ian Curtis est un fantôme, un fantôme de 20 ans que vous pouvez voir dans ce long vidéo-clip granuleux, là en dessus

vendredi 4 mai 2012

Still stuff stiff - N°6



26 minutes avec les Ramones, c'est presque le Grand Échiquier avec de la colle dans le nez.

1.Blitzkrieg pop, 2.I want to be well, 3.Glad To See You Go, 4.You're Gonna Kill That Girl, 5.Commando, 6.Habana affair, 7. Cretin Hop, 8.Listen To My Heart 9.I Don't Wanna Walk Around With You, 10.Pinhead, 11.Do You Wanna Dance, 12.Now I Wanna Be A Good Boy, 13.Now i want to sniff some glue, 14.We're A Happy Family.

mardi 1 mai 2012

Minutemen – Double Nickels on the Dime (1984)



« Our band could be your life (real names'll be proof) me and D.Boon's played for years but punk rock changed our life. we learned punk rock in hollywood, drove up from pedro we were fucking corn-dogs, we'd go drink and pogo "Mr. Narrator!" (this is Bob Dylon to me) my story could be his songs, I'm his soldier-child. our band is scientist rock! but I was E.Bloom then Joe Strummer, John Doe-me and D.Boon, playing guitar. » 

Ce disque est génial, mais vous devez déjà tous le savoir. Résumons en longueur : dans le premier album des Minutemen il y a 18 titres, mais il n’y en a qu’un pour oser dépasser la minute. Dans le deuxième album des Minutemen, il y encore 18 titres, mais seulement 3 dépassent les 2 minutes (c’est très peu pour un groupe de rock progressif, mais beaucoup pour un combo censément hardcore punk). Dans le troisième album des Minutemen c’est un peu la disette, il n’y a plus que 9 titres, c’est 2 fois moins de titres que dans les 2 premiers albums des Minutemen. Dans ce troisième album il y 2 titres sous la minute, 6 titres entre 1 minute et 2 minute 46 et un titre qui dure plus de 3 minutes (ce qui fait beaucoup). Dans Double Nickels on the Dime qui est le quatrième album des Minutemen, c’est de nouveau l’abondance, il y a 43 titres (et 4 faces) ce qui fait presque autant de titres que dans les 3 autres albums des Minutemen réunis. Bon je ne vais pas vous embêter en vous détaillant les diverses durées proposées, je crois qu’il y 34 titres situés entre la minute et les 2 minutes et 2 ou 3 sous la minute. 

En dehors des problématiques de durée et pour ce qui est de la musique les spécialistes considèrent Double Nickels on the Dime comme l’un des chefs-d’œuvre les moins plombés plombant des années 80 (les fameuses Eighties). Je dois dire que moi aussi je trouve ce disque très à mon gout : la basse sautille à merveille et la batterie n’est pas en reste ; si j’osais je dirais que les deux sont en parfaite symbiose et que le commensalisme règne comme dans très peu d’organismes punk de même acabit. Outre la section rythmique, il y aussi une guitare acérée et puis des mots sarcastiques, et politisés, qui gigotent comme autant de petits diablotins à peu près tout le temps. Par ailleurs, l’observateur attentif notera qu’il ne faut pas limiter musicalement ce disque à une bien quelconque niche hardcore punk, on peut même y dénombrer pas moins d’une demi-douzaine de genres musicaux déployés à qui mieux mieux : du free jazz, du funk blanc et noir, du punk, du proto-punk, du post-punk, du punk tranquille, de la country raidie, une polka, une guitare espagnole, des lamentations blues, des exercices avant-gardistes, mais très peu de solos fantaisistes comme chez le Yes de la « grande époque. ». Bref, tout cela est hétéroclite et bancal, mais se tient parfaitement, car il y a un style, un style reconnaissable entre mille, un bel échafaudage foutrement cool. 

Ah ! J’oubliais presque l’essentiel, D Boon le chanteur guitariste sarcastique des Minutemen est mort un an après la sortie de Double Nickels on the Dime. Un stupide accident de camionnette après un concert dans l’Arkansas. Tout cela est très triste et forcement injuste.