mercredi 27 juin 2007

Ian North - Néo (1979)



Power pop archétypale si ce n’est séminale pour Ian North, parangon du genre avec gueule de bellâtre passager (une certaine beauté est passagère selon Scutenaire) et guitares graillonneuses. Un disque à la consistance solide, genre de pouding roboratif et peu fin , agréable sur le coup, mais lourd en descente d’estomac ! (ne pas trop abuser de ce genre de choses qui semble n’exister que pour remplir trop hâtivement un creux d’après-midi finissant et comme il ne faut pas trop grignoter en dehors des repas hein l voilà….) Le disque suivant de notre Casanova aux petits pieds (et proto Mullet) « My Girlfriend's Dead » est une spécialité un peu plus recommandable plus « New Wave » dans le sens français, avec des synthétiseurs des histoires mornes et plus de délicatesse dans les ingrédients.

Climax - Texas Modern : « cochonnerie » mid-tempo pleine de ressentiment


lundi 25 juin 2007

Quentin Tarantino c’est Marguerite Duras !


Des filles, le pied des filles, des voitures, des filles et le cul des filles. Des voitures, la Dodge de point limite et le pied des filles. Le point limite du cul des filles. Kurt Russel et les filles . Des cheerleaders, des amazones avec leurs pieds . Des voitures oranges avec une rayure noire. De la culture pop réorientée. Les histoire(s) du cinéma, Russ Meyer, Monte Hellman et des vrais faux vrais raccords... Les jambes des filles découpées qui tombent dans le noir. La vengeance même sans savoir. Des bobines perdues. Un film saturé et malpropre. Le pied des filles, les chevilles des filles et le cul large des filles… Des couleurs qui explosent et se télescopent. Le pied des filles. Kurt Russel , un corps lourd, un corps lourd et las. Le pied des filles dans le noir en dehors avec la vitesse. Des filles attachées, des filles enfermées, des filles déchiquetées... Le sang dans la bouche des filles qui vont mourir. Des mots qui se bousculent. Du recyclage et des Dodge blanches. Richard C. Sarafian et les lignes jaunes. Des digressions sans fin, des phrases pour ne rien dire. La bagatelle fétichiste autour des mécaniques en mouvement. La jouissance et le pied des filles… le point limite de la jouissance sur le pied des filles ! Enfin voilà sous la couche et les griffures de la pellicule, c'est de la parole en mouvement et ce n'est plus un film... des mots qui se carambolent entre eux. Quentin Tarantino c’est Marguerite Duras... le pied !

c’est automatique

mardi 19 juin 2007

La nostalgie et le point Y de la modernité



Ceux qui avec bonheur ont déjà arpenté les premiers opus de Denis Grozdanovitch ne seront pas dépaysés par ce volume ; Les autres eux feront mine de s’égarer dans les longues phrases méandreuses à goût proustien de l’oiseau. Comme éparpillés par tant de gongorisme (1), ils se retrouveront au creux d’un chemin buissonnier où non loin de l humour pince sans rire et de l’amour du non-sens (plus anglo que saxon) une boussole aimante les souvenirs. Ils éprouveront la douce impression d’être entamés par une prose en perpétuelle trêve, comme dans une bulle d’air, ce qui il faut bien l’avouer nous éloigne du sujet initial (quoique) qui me semblait être Denis Grozdanovitch, le tennis tout ça…. (Je perds le nord et vous au passage donc, retrouvons notre oiseau !)
Sorte de Woody Allen goy mâtiné de Benchley et tennisman défroqué écrivain, voyez-vous notre oiseau ! Ses trois premiers volumes étaient des considérations sur la littérature, le temps qui passe, le monde moderne qui est là et les femmes, qui sont là les femmes (oui derrière) ! Dans cette nouvelle livraison où il n’est question que de jeux de balles (Tennis, Squash, Courte paume) notre homme (l’entité Grozdanovitch) ouvre quelque uns des ses précieux carnets et nous abandonnent de facto à moult anecdotes rigolotes… Un tournoi en pleine banlieue au cœur des grands ensembles où deux joueurs smart gentry entrent en choc frontal avec une population autochtone pas tout à fait au fait de la chose tennistique…une merveilleuse histoire avec la silhouette de Jacques Tati qui passe discrètement... cette autre histoire où un arnaqueur transalpin chose incroyable : arnaque ! Comme notre oiseau à également et en dilettante pratiqué la profession de moniteur de tennis nous avons également droit à une galerie d’élèves… Une grande bourgeoise comment dire voooilà ma prise de raquette est parfaite… Deux princes vietnamiens et alcoolisés mélangeants tennis et baseball… Un chapelet de joueurs (et joueuses) : certains monomaniaques, d’autres pervers et retors… notre éducateur pourtant attentif et patient ne sera que très peu écouté par ses hypothétiques disciples qui eux plus qu’obnubilés par la balle, sembleront obsédés par leur propre importance(et moins leur jeu.)
Pour tout dire et au-dessus (car il y a un au-dessus) de la chronique, des passions en marche et au-delà des souvenirs ; il y a comme dans les précédents livres de Grozdanovitch, un discours sous tendu. Une question posée en permanence par notre anthropopithèque à raquette. Cette question la voilà : quelle est la raison qui pousse cette bonne vieille modernité à nous embarrasser autant ? Le fait que bon le point Y de la modernité ayant été dépassé, nous voilà bien penauds devant les multiples rebonds capricieux de celle-ci ! En littérature en peinture nous pouvons contourner ce point Y par d’autres coups plus ou moins droits… la nostalgie, la post modernité goguenarde voir la froideur des concepts, en économie et en « thésaurisation politique » cela devient déjà plus dur… la mondialisation est moderne ? l’alter est post ? Mais en sport ? Grande question non ? ! La modernité par exemple au tennis pointe son nez entre 1978 et 1980 on trouve à cette époque des joueurs divers et variés avec des styles différents (Borg, Connors, Mc Enroe, Vilas…) puis petit à petit avec la vitesse, les physiques de plus en plus performants, le jeu tend à se simplifier vers l’efficacité la plus immédiate. Ne compte plus que le rendement et les joueurs jouent à peu de choses près de la même façon et avec la même technique. Il n’y plus de différence entre les gestes d’un amateur averti et ceux d’un professionnel aguerri. Ce qui diffère entre les deux et uniquement, ce sont les pourcentages. Là où l’amateur réussi deux coups sur dix le champion en réussi neuf ! Donc les mêmes gestes, la même façon de monter sur la table de ping-pong pour reprendre la mauvaise blague de Michel Colucci. La triste efficacité a peut être une poésie froide et cachée, mais les joueurs modernes ne jouent que contre eux-mêmes, et ce faisant oublient ce qui faisait le plaisir de l’échange, le lien entre deux intelligences en mouvement ….
Grozdanovitch toujours nostalgique et non dupe préfère de beaucoup le vrai amateur aux professionnels de la profession… l’esprit sportif plus que les sports en eux-mêmes… l’esprit d’équipe (belle pages sur cette abstraction flottante : l’esprit d’équipe) et le goût pour les gestes inutiles… toutes choses ayants désertées le sport professionnel… et pas que le sport...
D’ailleurs nous emboîteront sans embarras le pas de notre ami sportif défroqué. Oui le monde n’est plus lui-même qu’une somme d’individualité où la productivité et le concret domine et où l’échange n’est qu’une flegmatique façade virtuelle ! Oui la vitesse elle-même ne vise plus que le rendement et en dehors de toute fulgurance elle n’est plus qu’une chose préfabriquée par une société qui ne fait que se boucler sur sa propre efficacité morne ! Et un peu moins isolés (car au moins deux) nous regarderons un peu effrayés cette mutation de l’homme (et du sportif) vers la machine efficace. Ce dispositif mortifère que forme l’annihilation volontaire de chaque être normé par ses objectifs et non plus ses désirs.

Nb - Le tamis de ma raquette vise toujours le point Y de la modernité, un peu à gauche sur le mur non loin des microfissures (le gel), mais le mur en retour m’offre inlassablement une balle pleine de nostalgie

(1) Gongorisme : n.m. (1842, de Góngora, poète espagnol, 1561-1627). Didact. Préciosité, recherche dans le style (abus des images, des métaphores, etc.).

Denis Grozdanovitch – De l'art de prendre la balle au bond, JC Lattès - 334 pages, 18€

jeudi 14 juin 2007

Michael Angelo - The Guinn Album (1977)

Je ne détaillerais pas comment cet aérolite oublié est parvenu à vibrer jusqu’à mes oreilles (qui ne demandaient rien) ou alors vaudrait-il remonter assez haut... peut-être au-delà des nuages aux lisières de la stratosphère... dans ce ciel qui petit à petit perd son bleu pour du plus inquiétant ( la très haute altitude est inquiétante, elle regarde l’homme passer, et l’homme flotte… ) Sachez seulement (bande de ragondins assoupis) que ce disque et de facto l’oublié du jour (Michael Angelo), flottent et beaucoup dans une manière de nimbe gazeux enrobé d’ouate. Cet aréopage léger léger naviguant en permanence un peu au-dessus de l’auditeur avec un son par erreur complètement insolite. Un son étouffé et retenu ; discrètement rechapé par le manque de moyen d’une production rachito squelettique que l’on imagine solitaire et importante pour notre Michel Ange du Missouri. Pour situer la chose et au niveau des esgourdes cela pourrait être du Donovan enregistré dans un caisson de décompression, voire un folk-rock flottant assaisonné de quelques gouttes volées plus que chez Timothy Leary au fond d'un flacon d’éther ou alors même une tentation power-pop en creux comme chez Chris Bell (vous savez celui qui pose devant les montagnes là-haut tout en sachant qu’il est aussi une montagne et le cosmos à lui tout seul….) Voilà bon bref, je ne sais pas si Michael Angelo est une montagne, je ne sais même pas qui il est. S’il existe encore ou s’il réellement existé un jour ? En tous les cas son disque seul et unique enregistré en 1977 en pleine explosion punk est une merveille non essentielle et un truc singulier : une galette vaporeuse et légère d’où ondulent quelques ritournelles limite pop craquantes, un peu comme chez le merveilleux Bobb Trimble, connaissez-vous le merveilleux Bobb Trimble ?