lundi 24 juin 2024

Psychogeographie indoor (138)

 


« Car c’est ainsi, et il est fou et vulgaire et malséant et impie et stupide de vouloir qu’à toute force il faille être d’une époque » 
(Charles-Albert Cingria - Vouloir être moderne, Propos)

8 août 2023. - Le temps semble virer au beau (26°C). Travaux à gauche (le kinésithérapeute et sa femme avocate), travaux à droite (une psychologue), la gentrification bat son plein… Mes anciens voisins, qui sont tous morts, n'étaient pas ainsi saisis par la fièvre des modifications architecturales. Il faut dire que, n’officiant pas dans ce que sont devenues les professions libérales, ils n'en avaient pas trop le temps : ils travaillaient. Tout cela pour vous dire qu'au milieu d'un certain maelstrom, d'un vaste chambard élitaire et d'un immense chantier bourgeois, l'écriture relève du domaine de l'impossible. Remarquez que la lecture non plus, ou presque. Tout de même lu deux, trois lignes du père Dutourd (encore) et surtout Son odeur après la pluie d'un certain Cédric Sapin-Defour (je crois savoir qu'il est professeur de gymnastique). Cette affaire, pour ainsi dire littéraire, est consacrée à ses relations avec son chien Ubac, un sympathique Bouvier bernois (le Bouvier bernois est souvent sympathique). Pour l'instant, rien à redire, c'est à mon goût. L'amour des chiens, ce n'est pas rien… On les aime petits et pelucheux, on les aime plus vieux et patauds, on ne se fait pas à l'idée qu'ils doivent partir avant nous, on aimerait qu'ils ne fanent pas (on a beau les arroser, les chiens fanent). C’est un ensemble de choses qui entraîne des élans de gaieté et de mélancolie. Avec un chien, on pleure de joie, de tristesse, avec un chien, on vit et puis il meurt (pour infirmer l'axiome, mon frère est parti avant son chien). Voilà qui pince et c'est bien beau, écrit dans une langue riche aux atours d'aspect coûteux, mais sans ostentation, sans la volonté de vendre quoi que ce soit.

9 août 2023. - Retour de tiédeur (30°C). Épuisé, le labeur est une bien belle saloperie. Court détour chez Chamfort : « Vivre est une maladie dont le sommeil nous soulage toutes les seize heures. C’est un palliatif. La Mort est le remède. »

10 août 2023. - Chaleur (33°C). Pour Cioran, dormir est la chose la plus intelligente que l'on puisse faire. Mourir est par contre dégradant : on devient objet. Nothing else. (drôle d'écho entre Chamfort d'hier et Cioran d'aujourd'hui)

11 août 2023. - Réchauffement un brin patibulaire (33°C). En jachère avec la volonté d'une herbe dormante. Puisque tout est dans tout chez Valéry (Paul), le sommeil est plus respectable que la mort. Chez Nietzsche, ce n'est pas une petite chose : il faut de la vertu pour savoir dormir. Il faut aussi de la fatigue, elle aide beaucoup et offre le plus court chemin vers la fraternité, vers l'égalité. On n'est jamais aussi libre qu'endormi.

12 août 2023. - Nuages et grande chaleur (35°C). Journée molle, collante, mélancollante pour tout dire. Passé l'essentiel de mon temps devant un assortiment de choses sportives télévisées (football, cyclisme). Mollement poursuivi le livre d'appétence canine de Cédric Sapin-Defour. Vraiment pas mal, un peu triste aussi. Il y a de l'amour là-dedans. Vivre avec une bestiole, c'est aussi vivre en couple avec elle, et quand une troisième entité — en l'occurrence une amoureuse, une fiancée — pointe le bout de son nez, tout pourrait devenir compliqué. Ce n'est pas le cas, truffes et nez font bon ménage et l'amour semble partagé. Rien (ou presque) : Pour apprendre la vie, une méthode : rester impassible.

13 août 2023. - Large chape nuageuse prête à éclater, nous frôlons quelque chose d'Asiatique (34°C). La fin du livre de Cédric Sapin-Defour est émouvante sans en faire trop, on pourrait même penser qu'elle est maîtrisée tout en ne tanguant jamais vers la leçon, vers l'avis définitif et la solennité papale. Son chien meurt et c'est triste, on a la gorge serrée, les yeux qui piquent. C'est normal, on aime bien les chiens. Je n'en dirai pas plus, j'ai trop forcé sur le rosé ardéchois et une large sieste ombragée me semble tout indiquée pour mon état.

14 août 2023. - Orages (34°C). Cioran et Chamfort, couple infernal. Le premier préfère vivre allongé puisque c'est dans cette position que les idées lui viennent. Quant au second, n'en parlons pas, il y a trop à dire et je suis plus las que là.

15 août 2023. - Météo étrange, chaude et humide, hésitant entre l'Asie du Sud-Est et l'Amazonie (35°C). Entrain assez modéré, ayant plus envie de laisser faire les choses que d'agir sur elles. Je suis d'une volonté toute végétale, cependant plus proche de la fougère que de la liane. Je ne veux pas être accroché… La Sanction, vu le film de l'animal Eastwood, mais jamais lu le livre dont il est tiré. Premier degré ou second ? Troisième ? Lard ou cochon ? Je ne sais pas sur quel moignon sautiller en lisant cette sorte de méta-polar d'espionnage. Goût très daté années 70 pour le meilleur (c'est libre, ça ne s'offusque pas) et le pire (un côté tapisserie marronnasse). Le héros de Trevanian est patibulaire, son intrigue est patibulaire, cependant quelque chose accroche en bien. Un humour à froid qui ne claironne jamais vraiment. Certainement le second, troisième ou premier degré et demi évoqué plus haut. Mort de Kenneth White, la géopoésie est en deuil.
Rien (ou presque) : N'ayant pas les bases, je laisse faire mon instinct.

16 août 2023. - La chaleur ne démord pas (35°C). J'avance piano piano dans le Journal inutile du vieux Morand que je lis avec une méfiance parcimonieuse accompagnée d'une pointe de dégoût chichiteux. Il faut dire qu'entre les saillies antisémites, l'homophobie latente, les élans prostatiques et l'étroitesse d'esprit distinguée, il y a de quoi s'offusquer. Reste un style.

17 août 2023. - Chaleur guère tenable (36°C). Je m'enlise dans l'apragmatisme. Deux pages de Chamfort, trois de Cioran. Filiation certaine, le plus roumain des deux étant le fils. Le fils mais pas le disciple : « Se méfier de ceux qui nous imitent. Le spectacle d’un " disciple " est on ne peut plus désolant. Quelle leçon d’humilité. Voilà ce que finalement nous avons enfanté, voilà le singe dont nous sommes le modèle. Nous-mêmes n’étions qu’un singe, un singe réussi, arrivé. »

18 août 2023. - La chaleur enfle (36°C). Je périclite, tangue et fluctue tout à la fois, comme si c'était possible… De surcroît, les conditions météorologiques étant ce qu'elles sont, elles influent directement sur mes conditions lectorales. Je ne lis plus qu'en intérieur, allongé sur mon canapé et dans un semblant de fraîcheur caverneuse. Tout cela ne fait rien pour le livre du dénommé Trevanian que j'ai entre les mains. Pour tout vous dire, il ne me plaît pas vraiment, je m'y ennuie assez… Ce qu'il y a de mieux ou de moins pire ? Certainement pas le polar d'espionnage distancié et un peu ricanant. Non, plutôt les quelques pages qui se frottent à l'histoire de l'alpinisme, le décompte morbide des victimes de l'Eiger… Ce genre de choses. (Mauvaise traduction, me semble-t-il).

19 août 2023. - Que dire ? Il fait chaud ! (38°C). Sur la fin de La Sanction, Trevanian ne trompe plus son monde avec une marchandise semi-avariée. Il y a là une quarantaine de pages d'aventures alpestres tout à fait trépidantes. On oublie l'espionnage distancié pour se retrouver devant ce que le livre aurait dû être : le récit d'une ascension (au sens propre) et rien d'autre. Pour ces quelques pages, le livre mérite d'être lu. (Un constat : les récits d'alpinisme sont rarement ratés, un peu comme les films de sous-marin). À l'alternat, je lis Nous vivons une époque formidable !, spicilège un peu post-Philippe Muray de Nicolas Ungemuth. Pas mal, assez drôle. Pour un peu, si je n'étais pas un réactionnaire inauthentique, je tamponnerais l'essentiel des thèses déployées.

20 août 2023. - Chaleur fourbe (36°C). Cuit bouilli. Une seule solution : entrer dans le domaine du minéral, respecter une immobilité de pierre. Dans ces conditions, même la lecture relève de l'effort violent du sport de force. Tourner une page incite à la sudation. On est comme fluant, poisseux et sans tranquillité de cogito, le corps comme un paquet de linge sale tiède. Reste que j'ai tout de même lu Dutourd et Ungemuth, deux réactionnaires patentés. Le premier toujours impeccable (La Chose écrite), le second presque pas si mal que ça (Nous vivons une époque formidable). Bon, son spicilège est un peu répétitif, il boxe un peu toujours les mêmes punching-balls — Anne Hidalgo et les métiers de bouche gentrifiés — mais il le fait avec un style taquin et sans vrai ricanement (tout du moins, me semble-t-il).

21 août 2023. - Soleil plombé plombant (38°C). En météorologie comme en tout ce qui importe, c'est la variation. Or depuis une semaine, rien ne change vraiment. Après avoir enflé, gonflé, la chaleur est plantée et elle oublie d'éclater. Fini le livre de Nicolas Ungemuth. Pas si mal que ça, mais là encore un certain manque de variation. Les cibles visées sont un peu toujours les mêmes. Plus rédhibitoire encore : la chute de ces petites chroniques n'est pas toujours excellente. On pourrait même y déceler une certaine lourdeur. (Bon, j'exorcise, l'ensemble est tout de même assez « gouleyant et sur le fruit. ») Sinon, je m'éternise chez le père Dutourd. Plus de variation et des chutes toujours réussies.

22 août 2023. - Chaleur, chaleur, chaleur… (39°C). Grâce à Google Maps, retrouvé la maison de Ian Curtis à Macclesfield. Elle est un poil austère avec des briques que l'on croirait importées de Lodz et une porte aux vitraux chenus. Rien de bien mystérieux de prime abord, mais le chaton et la tasse qui paradent devant les rideaux du rez-de-chaussée m'ont tout de même plongé dans une petite flaque d'expectative. Peut-être le signe d'un fantôme érémitique ?

Sinon, rien lu. Trop chaud pour.

24 août 2023. - La chaleur enfle, enfle ! Nous allons battre des records ! (41°C). On me disait beaucoup de bien du Crépuscule du Monde, un court roman où Werner Herzog tournicote autour de Hirō Onoda, l'un des derniers « soldats japonais résistants ». (Vous savez, ces types un peu toqués qui, par bravoure ou par ignorance, auront poursuivi la Seconde Guerre mondiale jusqu'au mitan des années 70 — ce qui faisait beaucoup, il faut bien le dire.) Je l'ai lu dans la journée et je ne dois pas cacher une certaine déception. Cela ressemble plutôt à un reportage allongé qu'à un roman. Rien d'hallucinant à se mettre sous la dent, aucune fulgurance et un style plat comme une limande. Herzog se contente de rapporter des faits et nous sommes loin des envolées et du barouf existentiel fulminant dans son œuvre cinématographique. On boulotte sa petite affaire très vite. N'empêche, on a l'impression de perdre son temps ; la vie est courte et il y a tellement de livres à lire. (C'est, là encore, certainement mal traduit.)

25 août 2023. - L'orage se fait attendre (30°C). Retour de mon vélo enfin réparé, retour du COVID. Court détour par les Cahiers de Cioran où il constate que sa gastrite l’a guéri de son romantisme. La mienne ne m'a guéri de rien.

26 août 2023. - Chute drastique des températures, petit ciel voilé, nous respirons enfin (21°C). Après quatre ou cinq livres frôlant le moyen — voire le pire —, je lis La mort de L.-F. Céline de Dominique de Roux et c'est comme une libération ! Voilà un texte fiévreux, de la littérature ! De Roux élève un tombeau au toqué de Meudon avec des mots qui éclatent comme des fusées. C'est assurément une affaire biographique, mais c'est surtout une affaire de style. Celui de Céline, celui de de Roux… L'un est un monstre tragique qui tente de secouer la littérature, l'autre n'est dupe de rien, ce qui ne l'empêche pas d'admirer. Une affaire biographique, une affaire de style, et allons-y, une affaire de morale ! Céline est un type qui ne peint pas la réalité, mais qui peint l'hallucination que la réalité provoque (selon l'idée de Gide). C'est aussi un exclu qui fait avec les exclus, un paria qui se retrouve errant dans un nomadisme tragique et non voulu. Pour de Roux, Céline est le Juif ultime (aucune ironie chez lui, mais ça se discute). Le texte est, comme je le disais plus haut, magnifique, donc plein de mots en fusée, mais de spasmes aussi. Je n'en ai lu que la moitié, je le finirai demain. (Appendice.) Pour vous donner un avis peut-être plus objectif, voilà quelques lignes que le très docte Pierre-Henri Simon avait consacrées au bouquin de Dominique de Roux dans Le Monde daté du 12 octobre 1966 : « …c'est un livre inégal, irritant, alourdi d'allusions à des lectures innombrables, faussé de partis pris et forcé d'insolences, mais, par le mouvement d'un style et la justesse d'une direction de pensée. » D'autre part, commencé le premier tome du Journal de Bernard Delvaille (j'ai déjà lu et aimé le troisième tome, je suis compliqué). Belle amorce, une visite à Claudel qui lui dédicace Cent phrases pour éventails et Le vieillard sur le mont Omi.

27 août 2023. - La chute des températures se poursuit (21°C). De Roux raconte Céline. Le pire, les tourments suspects, Sigmaringen et le Danemark, Lucette, Bébert, les perroquets et les chiens, l'amoindrissement qui vient, la fin… Il a cette entreprise biographique là… il y a aussi du style. Ça frise, ça éclate en pamphlet… Ça réfléchit aussi sur ce que doit être un écrivain. Un type qui est toujours en territoire ennemi ; un oiseau bizarre au-dessus de ses totems ; ses livres… Delvaille, journal. Un gandin de 18 ans qui frémit devant le corps bronzé des garçons de San Sebastian. Rien (ou presque) : Pour bien vivre, il faut avoir de la constance tout en gardant à l'esprit que les variations sont essentielles.

28 août 2023. - D'un jour l'autre, le temps devient automnal (17°C). En 1952, Bernard Delvaille a 18 ans, c'est une sorte de hipster un poil zazou qui se laisse emporter par ses sensations. Il aime les rues, la nuit, les lumières de la ville, les réverbères, les phares des automobiles, la pluie, les étoiles, les vagues sur le sable, les pins, les cafés et leurs parasols, le frôlement accidentel avec quelques garçons… Il aime aussi le jazz, aimerait jouer du saxophone : « Le jazz me touche trop profondément, trop intimement pour que je puisse en parler sans secret. Il fait partie de mon sanctuaire intime. Je n'aime pas parler de mes amis, je n'aime pas parler de jazz. Il est l'expression artistique du monde où nous vivons, des réclames lumineuses au néon, des wagons-restaurants et des paquebots de luxe, des nègres et des matelots, des boxeurs et des saltimbanques, des acrobates et des boys de music-hall, des nuits des grandes villes. Le jazz est ma solitude. Le jazz est mon absinthe, mon poison secret ».

Les Mémorables de MMG. Décembre 1921, depuis son divorce, Drieu vit dans une garçonnière sous-louée. Il ne semble à l’aise que dans un décor sans surcharges ni bariolages, « quelque chose de dépouillé et de luxueux, comme il se veut lui-même ».

Je fais mes valises demain, départ pour le Puy, ville que je n'ai pas visitée depuis 45 ans.

2 septembre 2023. - Beau temps chaud (30°C). Retour de Haute-Loire, l'un des lieux du vert paradis de mon enfance. Il me semble qu'il y a eu des améliorations. Par exemple, la ville du Puy s'est transformée en une petite cité fort attrayante (dans mes souvenirs, elle était bien sombre et bien morne). Des rénovations à qui mieux mieux, un centre historique très agréable et peu affecté par le surplus touristique malgré sa grosse statue rouge et le chemin de Compostelle qui passe par là. Le reste, les paysages environnants, cette campagne verdoyante de moyenne montagne, n'ont pas trop changé, il y a de l'immuable qui traîne (en dehors des ronds-points).

3 septembre 2023. - Retour de la chaleur (33°C). Pour en revenir à la Haute-Loire, je suis passé par Bellevue-la-Montagne sans même voir la maison de Guy Debord (encore moins sa tombe, ses cendres ayant été jetées dans la Seine). Dans le journal de Delvaille, quelques frémissements de nature sexuelle, une visite ratée chez André Breton (il n'est pas là), une autre chez Henri Michaux (crâne chauve, œil perçant, une dent en or), des films visionnés (Hitchcock, Gance), des lectures (Béalu, Hölderlin, Stendhal…), des voyages, et le quotidien d'un jeune gandin qui ne s'en fait pas trop. Par ailleurs, je suis maussade.

4 septembre 2023. - Incontestable tiédeur, rien d'automnal (34°C). Vélo réparé, j'ai fait un petit tour, pas plus de dix kilomètres, trop de voitures. De toutes façons, fatigue, dorsalgie haute…

Même s'il parle de ses dragues furtives et de ses affaires conclues au petit matin, Delvaille reste toujours dans un ton qui ne concède rien aux ragots. Il évoque sa sexualité un brin clandestine (forcément en 1955), mais ne la porte jamais en bandoulière : « De l'homosexualité, je ne goûte pas certaines aberrations, nous ne devons pas nous jeter à nous-mêmes, des pierres. » Voilà qui est loin de la communauté gay… »

En dehors des sentiments et du sexe, parfois corrélatif, de nombreuses lectures (Gide, Goethe, Fontenelle, Diderot, Larbaud…), quelques notes de voyage : Juan-les-Pins et ses « terrasses de cafés bleu pâle et blanches, roses de lait-grenadine », de belles intuitions météorologiques, des feuilles qui pourrissent sous la pluie, le printemps et les bouffées d'air chaud qui montent au visage.

5 septembre 2023. - Météo torride, pour le moins (34°C). Fait mon petit tour de vélo matinal avec pour but sournois la visite de quelques boîtes à bouquins. Pêche modeste : Le Colonel Chabert en livre de poche mordoré. La présentation est de Paul Morand et le volume propose le beaucoup moins connu Ferragus en seconde partie. En 1955, Bernard Delvaille a 20 ans et c'est déjà un adulte. Chez lui, aucune trace de bêtise postadolescente, rien du jeune comme on l'entend aujourd'hui, non, un type qui, s'il est encore un peu rose et frais, semble formé, tout du moins intellectuellement (en fait, le jeune générique est une invention post-soixante-huitarde). Parmi d'autres, il rencontre Michel Déon, l'air sympathique : « Très brun, de taille moyenne, trapu. Il est peut-être notre seul écrivain du bonheur. »

7 septembre 2023. - Soleil, soleil (33°C). Plaisir et bonheur chez Montesquieu : « On est heureux dans le cercle des sociétés où l'on vit : témoin les galériens. Or chacun se fait son cercle, dans lequel il se met pour être heureux. »

9 septembre 2023. - Températures un peu trop tropicales pour être honnêtes (33°C). Les trois derniers jours, grand retour des coliques néphrétiques. Bien belle saloperie qui prouve l'inexistence de Dieu (ou alors, il m'en veut). Sur ce mal dont il était victime lui aussi, Montaigne a écrit de bien plus belles choses que moi : « Mais est-il rien de doux, au prix de cette soudaine mutation ; quand d'une douleur extrême, je viens par la vidange de ma pierre, à recouvrer, comme d'un éclair, la belle lumière de la santé. »

Ma pierre pissée, relu Le Colonel Chabert du père Balzac. L'entame dans l'étude notariale est toujours atteinte par un comique becketto-kafkaïen assez prononcé. Le reste de cette histoire de fantôme coincé dans la paperasserie, le bureaucratique et le conjugal étiolé pourrait paraître un peu ennuyeux. Il n'en est rien, la qualité d'observation, cette façon de pousser la société dans les escaliers du roman, ont tout d'un certain génie.



To be continued.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

"cette façon de pousser la société dans les escaliers du roman", quelle belle et exacte formule! Merci à vous!!