Tiens j’ai écouté ce disque sur la route entre Porto et Lisbonne, entre un pont Eiffel (attention il y a deux ponts métalliques à Porto) et une statue de Fernando Pessoa entourée de touristes culturels affectueux (attention il y a deux statues de Pessoa à Lisbonne.) Deux points cardinaux extrême-occidentaux, dans le sens de Dominique De Roux, on tire un trait : c’est la route. Circulation fluide, bon chemin, bon bitume et bonne musique. Même si l'abyssal cyclope Dick Curless eut été plus adéquate en rapport à la situation proposée (« Tombstone Every Mile » splendeur pour routier indolent) ce disque, hommage de Steve Earle à son ami Townes Van Zandt , faisait quand même très bien l’affaire.
Vous allez encore me dire que je m’égare, que je tente de noyer le poisson sur la route à hauteur de Coimbra (belle bibliothèque, jolies étudiantes...) et que comme d’habitude je ne vous parle pas vraiment de musique ! Faut-il vraiment que je vous parle de musique ?
Oui ou non ? Oui ! ?
C’est un disque bienveillant, le disque d’un bon camarade encore vivant, d’un outlaw texan assagi et plein d’amitié flottante … le disque d’un homme qui a su ne pas complètement sombrer (Alcool, héroïne, prison, une vie plus longue que la route entre Porto et Lisbonne) et surtout la preuve que cet homme là n’est définitivement pas devenu ce Bruce Spingsteen, de seconde main, que le destin nous prédisait.
Ho ! Earle n’est pas un chanteur extraordinaire ( pas plus abyssal Curless que sentimental Newbury…) mais il a l’immense qualité de rester humble et modeste devant toutes ces chansons de Van Zandt qui forcement tiennent d’elles-mêmes, alors s’il y a du respect (trop ?) et du savoir-faire chez lui il y a surtout de la maturité matoise, du calme loin du chaos et même une émotion quantifiable et tangible (« Marie », bon comme du Dylan old age). En somme le bel hommage apaisé d’un homme tranquille.
NB : On se souviendra de Townes Van Zandt parlant de son grand ami Blaze Foley : « He's only gone crazy once. Decided to stay » les deux sont morts depuis longtemps, Steve Earle, lui, est toujours vivant et il a bien raison.
PS : Sinon rayon outlaw le nouveau Willie Nelson : « Naked Willie » est une bien belle escroquerie (ou l’inverse.)
1 commentaire:
merci de ne pas oublier dick c. et a tombstone every mile ... sans l'ami guralnick, je ne connaitrais pas ....
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