C’est l’hiver et le soleil à cet éclat ramolli d’or clair qu’il a à midi. Je suis dans une chambre, une chambre très étroite, petite, étrange. Je suis étendu sur un lit, un lit très haut, un lit trop haut. J’ai la sensation que quelqu’un me surveille. Je lève les yeux, il y a un homme planté debout devant moi, il me demande mon nom. Je sais que lui se nomme Monsieur Hermès, pourquoi me demande t-il mon nom alors qu’il connaît ce nom ?
Je tourne la tête, je veux oublier M. Hermès, je veux que M.Hermès m’oublie. Je ferme les yeux, pas complètement, il y a encore une fine lueur qui me vient de loin, indistincte et ourlée, une lumière qui me vient de dehors.
Dehors la neige tombe, des traces de pas dans la neige, un petit bonhomme couché dans la neige, la tête vers le ciel, un bonhomme doux, son chapeau est tombé.
J’essaye d’oublier la neige, le bonhomme et son chapeau, cette quiétude molle aux confins des rues désertes. Je m’éveille de mon demi-sommeil. Divisé dans les strates du réveil j’accède à la vraie connaissance des choses, cette lucidité intercalaire et flottante, plus mélancolique, plus chuchotée et bientôt la surface de ma conscience.
M.Hermès n’est plus là, pourtant il est encore là ; il y a un disque qui tourne. M.Hermès a laissé un disque tourner, un rêve folk-pop mélancolique et chuchoté, un disque doux. Une voix légère, des trompettes, des violons, un violoncelle… Un disque anglais, un disque de troubadour anglais, vaguement baroque, un peu Donovan amoindri, un peu Shakespeare sans ses mots. Bienvenue dans la citadelle... à présent c’est certain : M.Hermès m’en veut.
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