jeudi 11 octobre 2007

Le « croquignolet » du jour - James Chance



« Je ne peux pas supporter les intellos de gauche, ils sont stupides, mous et leur philosophie n’a pas de couilles. Ils ne vont pas assez loin. Ce ne sont pas des extrémistes et il n’y a que les gens extrêmes que j’aime »

Quel drôle de vilain petit canard ce James Chance ! A vouloir être James Brown, Albert Ayler ET Iggy Pop à la fois ! Tout blanc par-dessus le marché ! Vraiment n’importe quoi ! James Siegfried en fait (ça ne s’invente pas) petit lactescent maigrichon qui fraîchement débarqué de son gloupissant Wisconsin commence à faire le zozo dans les poubelles du Lower East Side new yorkais… Poum vlan tchac ! On s’enfile de l’héro iranienne plus facile à trouver que la soupe Campbell. On se tortille tel l’épileptique moyen chez la pythie no-wave Lyndia Lunch. On fait le zozo dans des formations free-Jazz sous le regard affligé de types trop cool, et finalement car il faut bien faire le malin, on s’attache bientôt à démembrer les cadavres de la soul, du rock et du jazz réunis en leur insufflant une effarante succession d’électrochocs… vlan ! Voilà donc un saxo pas langoureux, strident et tapageur, ça crisse sec. En sous main une guitare lacère le carambolage rythmique avec la régularité d’un psychotique armée d’un assez problématique coupe-chou. Chance très freluquet quand il lâche sa simili trompette glapit ton sur ton des choses peu aimables et pas palimpseste en surcouche sur le tintamarre. Les Contorsions ! Le truc de James Chance : les contorsions ! Avec cette certitude que finalement ce qui compte vraiment pour lui, chétif blanc bec tout maigre… et bien…c’est la confrontation (les contorsions ?) avec le public… pas uniquement l’agression sonore qui carambole les esgourdes, non surtout la vraie, la bien physique chiffonnade ; celle qui passe par Iggy Pop et se souvient de la croquignolette pâtisserie des sinistres explosés actionistes viennois ! Alors voilà on démolit le visage d’un type à coup de saxophone alto (on altère le type), on mord le téton d’une fille, on tire très fort les cheveux d’une autre, on se jette sur une triste assistance de quidams lénifiés, on les gifles pour les réveiller un peu, on remonte sur scène le visage en sang, et hop ! c’est reparti pour un embrouillamini de saxo qui picote les oreilles avec la délicatesse d'une pelote d'épingles rouillées. Ce n’est plus de la musique c’est du Pollock in vivo avec des secrétions, des démangeaisons, une masse crispée qui explose à la gueule… pur prurit de salopard sans conscience.
Plus tard devenu attraction no-wave, notre aigrefin se fait irascible, sax maniac tyrannique et métronomique avec ses musiciens, forçant le tempo dans une vitesse inabordable au commun des mortels. C’est lui le chef, c’est lui qui souffle. Il se trouve une sorte de Yoko Ono (Anya Phillips) qui l’habille et sème la zizanie. Il sort des disques encore tous raides de la scène (Buy The Contorsions) d’autres quasi écoutables (Off White,) se roule dans des postures aristocratiques « Je ne veux PAS avoir de rapport avec les gens ! » De Chance il devient White, plus abordable…disco funky et moins punk jazz, toujours hargneux et encore raide, toujours aussi peu noir alors qu’il voudrait assurément l’être un peu… noir. Sa Yoko à lui meurt d’un cancer.. bientôt il disparaît… quasi… et réapparaît… parfois.
La musique est encore là ; avec la fragrance, la raideur, les yeux exorbités et les os qui craquent d’un héroïnomane tombé depuis quinze jours au pied de l’escalier . Du no bidule funky nihiliste pas pire que les
DNA qui eux jouaient avec des moufles…mais c’est une autre histoire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

j aime bien la soupe campbell mon fifi ....

ZAPA a dit…

Très bon condensé de ce qui a pu faire sa grandeur.
Tellement que je n'ai pu m'empêcher de le citer dans l'interview que je viens de réaliser avec lui.
Si ça t'intéresse : http://www.nouvellesindie.com/nouvelles_indie/2007/10/interview-james.html

Salutations