mardi 16 mai 2006

23 Great Recordings by Jonathan Richman & the Modern Lovers (1990)



Si chez Picasso il y a une multitude de périodes, une œuvre qui se remature sans cesse chez Jonathan Richman on ne distingue pleinement que deux périodes, (en mode microscopique peut-être quatre.) Les débuts gris clair du jeune Velvetien transi d’admiration qui aurait vu plus de cent fois ses héros en concert, et la période rose, la plus longue celle ou notre héros c’est complètement trouvé en définissant un style comme nettoyé dégagé presque de toute influence, un primitif qui ferait semblant d’oublier ce qu’il a appris et aimé.
Cette compilation qui couvre la période orthodoxe (1974-1980) est une bonne entrée en matière. On retrouve les classiques séminaux de la première manière des Modern Lovers, et les débuts du « nouveau » Jonathan. Evidemment il y a les hymnes définitifs que sont « Roaddruner », « Pablo Picasso », le plus stoogien que nature « Girl Friend » et surtout ce titre complètement touchant « I’m Straight » « je suis NORMAL ! Je ne suis pas un hippie ! Je ne suis pas un défoncé ! » On imagine bien la grande part de naïveté à chanter ce genre de truc après avoir tournicoté (innocemment ? ) autour du Velvet pendant des années. En fait les premiers Modern Lovers n’ont pas réellement existé plutôt un groupe incertain ayant accompagné Richman sur quelques démos et les fameux titres du premier album officiel qui est sortit bien plus tard alors que le semblant de groupe n’existait plus depuis longtemps et que Jonathan avait évolué radicalement vers autre chose, vers la douceur. La compilation est une bonne trace de tout ça. Les premiers titres (Donc Velvetiens) sont marqués par la frustration, une inquiétude perceptible et une forte part autobiographique on est dans le gris clair. Puis insidieusement le rose, la tendresse arrive, l’inquiétude s’évapore au contact d’une réalité rêvé, faite de marchands de glaces, d’abominable homme des neiges dans le supermarché, de reggae égyptien, Richman n’est plus chroniqueur de lui-même, il invente quelque chose de nouveau, avec son cœur, en ouvrant sa chemise.

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