samedi 8 octobre 2022

Psychogeographie indoor (121)




« Mais c’était charmant comme ça, juste charmant, un peu pesant, et puis à nouveau un peu chiche, puis hypocrite, puis rusé, puis plus rien, puis complètement idiot ; finalement c’était très difficile de trouver encore quelque chose joli, on ne voulait pas s’y sentir obligé, on restait assis, on allait, on flânait, on errait, on marchait et on s’attardait comme ça, on était devenu un morceau de printemps. » (Robert Walser - Les enfants Tanner)


1.

6 avril 2022.- Temps nuageux (13°C). Avant de devenir infréquentable, antisémite, collaborateur, pétainiste — en somme paillasson morale qui finira condamné à mort, mais gracié — Henri Béraud fut l'un des plus grands reporters de l'entre-deux-guerres. Pour certains, l'égal de Joseph Kessel ou d'Albert Londres et en tous les cas un maître incontesté du papier allongé. Les éditions Séguier viennent de publier Version reporter un choix de textes assez replet qui offre un large panorama sur les talents qu'il aura pu déployer entre 1919 et 1933. Il y est question de la guerre d’indépendance irlandaise, de la construction de l’Union soviétique, de la Turquie kémaliste, de la marche des fascistes sur Rome ou de la montée du nazisme… J'ai entamé cet hardi volume ce matin et n'ayant lu qu'un soixante de pages sur plus de quatre cents je n'aurais donc qu'un avis partiel et guère définitif à émettre. Bon, globalement ce n'est pas mauvais, un peu obsolète forcement, mais très bien écrit. Les introductions sont parfaites, celle-ci par exemple : « Le soir va tomber, un soir dolent d’octobre lorrain, mêlant à la bruine une espèce d’ombre cendrée que l’on ne voit pas en d’autres pays ».

Par ailleurs, le soleil manquant je fais mes valises pour une destination plus australe : la Côte d'Azur.


14 avril 2022.- Nuages hauts n’altérant pas l’impression de beau temps (21°C). Retour de la Côte d'Azur où j’ai passé une petite semaine diablement revigorante. Comme tout est dans tout, Saint-Jean Cap Ferrat, la « presqu’île des oligarques russes » était ma base arrière. Elle est certainement pleine de Russes, mais aussi d’Ukrainiens (c’est tout du moins ce que mon laissé croire de nombreux bolides immatriculés entre Don et Dniepr). Tous ces gens ne se font donc pas la guerre ! Des Russes, des Ukrainiens, mais aussi bon nombre d’Italiens. C’est bien simple on se demande s’il y a des Français dans ce coin de France. Des Russes, des Ukrainiens, des Italiens et puis des petits chiens, une kyrielle de petits chiens, de toutes les couleurs, froufroutants, capricants et parfois avec de drôles de trognes écrasées, des petits chiens en veux-tu en voilà ! Sinon et pour le reste, j’ai refait les sentiers de bord de mer, ceux du Cap Ferrat et celui du Cap d’Ail en poussant jusqu’à Monaco. Je n’ai pas refait le chemin de Nietzsche à Eze, mais je suis retourné au cimetière marin de Menton, il est toujours aussi beau. 

Mes valises défaites, mes pérégrinations australes derrière moi, je suis déjà plongé dans les papiers d’Henri Béraud. En Albanie il va de Tirana à Valona, son automobile traverse champs, plages et fleuves. Il n’y a pas de routes : « On danse, on chante, on titube, on se cabre, on s’embourbe, on verse à demi. Cependant, on arrive. Le plus mauvais passage, c’est le chemin ». Il visite ensuite une Russie post révolutionnaire qui oublie assez vite beaucoup de ses principes. Nous sommes en 1925 et la propriété, le capitalisme et l’impérialisme refont surface en catimini. Trotski est vaguement chassé du pouvoir, Staline commence à se lisser les moustaches, les exilés russes font déjà la nouba sur la Côte d'Azur.


15 avril 2022.- Soleil (21°C). Journée encombrée par de multiples tracas domestiques. Nonobstant je suis toujours plongé dans le gros spicilège du replet Béraud. Je devine confusément que tout en étant meilleur ecrivain il est certainement moins bon journaliste qu’Albert Londres. Moins bon journaliste parce que moins précis et moins dans la pâte humaine, meilleur écrivain parce que « tenu » par un style qui laisse beaucoup de place aux images littéraires. Disons que Londres est d’une magnanimité parfois un peu lourdaude. On imagine que visitant le Berlin pré-hitlérien il n’aurait pas mis toutes les couleurs d’un Béraud parfait maître de sa petite entreprise impressionniste. Il n’aurait peut-être pas vu les couples qui « charlestonnent » sans musique au clair de lune dans un profond silence et qui tête basse vont ensuite se coucher, les adeptes du « cyclisme sentimental » qui pédalent en se tenant par la main, les types en culottes tyroliennes avec les genoux nus qui vont camper à la belle étoile tout en chantant la Meunière de Schubert, les plages nudistes et leur mélange de « désordre nomade et de paganisme rationnel ».


16 avril 2022.- Soleil et vent tiède (21°C). Vaguement malade, je n’y suis pas vraiment.

Béraud et l’Italie, Béraud et le fascisme, Béraud et Mussolini. Il aime l’Italie, est un peu offusqué par le fascisme qui opprime beaucoup, mais il est aussi intrigué par ce mouvement qui fait table rase avec des arguments assez antiques tout en laissant une très large place à la jeunesse. Il rencontre Mussolini, semble parler d’homme à homme avec lui. C’est pourtant un faux dialogue, on sent la fascination pour l’homme de pouvoir, on sent aussi ce qui perdra Béraud plus tard.


17 avril 2022.- Beau temps printanier (22°C) Au loin des clochers bulbeux, une lente colline, un air de fête. Béraud entre dans Prague, cette ville posée au centre du triangle mittleuropa. Beau reportage, belle rencontre avec Tomáš Masaryk le Bolivar de la Bohème. Quelques pages plus loin nous sommes encore plus à l'Est, aux portes de l'orient, à Istanbul. Encore une rencontre, Béraud s'entretient avec Mustafa Kemal pendant plus de six heures. C'est un drôle de type :

« Voilà ce qu’à peu près l’on dit de Mustapha Kemal, parmi ceux qui, Ottomans ou étrangers, ont quelque autorité pour parler de son personnage. Au surplus, on raconte qu’il vit, la nuit, entouré de compagnons fidèles, qui partagent une existence pleine d’ardeur et d’imprévu. On le voit, dans les lieux de plaisir, faire danser les femmes et boire, sans en être le moindrement incommodé, des flacons entiers du capiteux raki national. Il cesse de danser pour deviser avec les siens. La nuit passe ; il oublie de manger ; lit à l’heure où chacun le croit endormi ; décide, quand son entourage, fourbu, croit enfin se reposer, que l’on part pour Gallipoli ou pour le Taurus ; revient, toujours en tête et rempli d’entrain, passer d’autres nuits dans quelque lieu à la mode, dicter des lois, organiser des réformes, tracer des villes et mener finalement souper ses familiers au palais ».


18 avril 2022.- Soleil (21°C). En lisant ses papiers, on constate que jusqu’en 1932 Béraud n’est jamais vraiment du côté du pire. Il analyse les questions géopolitiques (dans la géopolitique en oublie trop la géo) avec une certaine lucidité, voit bien que l’Allemagne et ses volontés anschlussiennes sont un gros problème, n’est pas plus antisémite que ça… Comment alors comprendre son basculement futur ? Un désamour de l’Angleterre qui se transforme en haine de tout le monde et surtout des juifs ? Peut-être ?

Laissant Béraud derrière moi j’enchaîne avec Le Parti d’Edgard Winger de Patrice Jean. N’ayant jamais fourré mon museau chez ce romancier que l’on dit ultra contemporain les pages dans lesquelles j’avance tant bien que mal sont donc un territoire vierge. Elles sont pour l’instant assez amusantes et malines. Jean se moque de l’engagement « progressiste » avec des quarts de sourire houellebecquiens, un côté Philippe Muray romancier. J’espère simplement qu’il se moquera de tous les engagements.


19 avril 2022.- Rares nuages en approche (21°C). Fini le livre de Patrice Jean. Je tamponne allégrement le fond, l'ironie autour de l'engagement, les ravages de l'air du temps, toutes ces choses-là. Cependant, la forme manque de maîtrise, de finesse de touche, de complexité et de flou. Il y a trop de concessions à une efficacité narrative un peu pataude. On a parfois l'impression de lire du Houellebecq lyophilisé, cela pourrait être un problème.

Demain retour au labeur, sans entrain.


21 avril 2022.- Impression de beau temps (20°C). Retour dans le Journal Inutile du vieux Morand. Le 9 janvier 1969, il déjeune avec Pascal Jardin, Jean-Albert de Broglie et Patrick Modiano, il dîne ensuite chez Jean d'Ormesson avec Kléber Haedens et Michel Déon. Il déjeune et il dîne. Il écrit aussi. Entre deux repas il s'emporte contre le lobby juif et constate que « les juifs ont toujours été massacrés, au moins malmenés, dans tous les pays, à toutes les époques : mais pour des raisons différentes. Ce qui prouve que ces raisons sont superficielles ». Dix lignes plus loin il remarque que « l'on est lucide, clairvoyant pour ceux qui boivent, se détruisent, s'enlaidissent. Jamais il ne vient à l'idée de personne de dire : Un tel s'est amélioré » . Le vieux Morand se sera-t-il amélioré avec l'âge ? En lisant le prurigo intime qu'est son Journal inutile, on a bien envie de dire non.


2.

23 avril 2022.- Temps nuageux (16°C). Malade depuis bientôt une semaine. La forme est paralympique. Plus vif et sautillant : Evelyn Waugh. Je viens d’entamer son Scoop et je dois dire qu’il me plaît déjà assez. L’entame est un peu fouillis, il y a une multitude de personnages, on se croirait dans Guerre et paix, mais ce n’est pas trop problématique tant la loufoquerie, les quiproquos et les situations burlesques sont de mise. Résumons à traits replets : suite à une large méprise autour du grand grèbe huppé (c’est un oiseau) un gentleman-farmer plus ou moins écrivain est envoyé dans un pays africain imaginaire pour couvrir un conflit qui n’existe pas. Waugh s’est inspiré de son passage en Abyssinie pour fomenter cette satire africaine qui comme je l’ai écrit plus haut s’annonce très bien (je n’ai lu que soixante pages en toussant).


24 avril 2022.- Ciel morose (14°C). J'apprends par la bande qu'il y aurait des élections présidentielles aujourd'hui en France. C'est une information qui me surprend un poil, car je n'ai pas vu l'ombre de la moindre campagne électorale brandouiller depuis six mois. Alors, fake news ou pas ? En parlant de fake news je suis toujours dans le Scoop de Waugh qui fourmille en faux pays, fausses révolutions, et fausses nouvelles promptes à faire vendre du papier. Bref, tout est faux sauf l'humour qui est partout. L'intrigue est parfaitement fofolle et part dans tous les sens, surtout Waugh pense très mal ce qui il faut bien le dire est une sorte de bouffée d'air frais.


25 avril 2022.- Ciel couvert (16°C). L'une de ces journées où rien ne va. Inutile de la détailler.


26 avril 2022.- Belles éclaircies (18°C). Lever 5H00. Cinquante minutes plus tard labeur mélangeant stakhanovisme morose et néo taylorisme patibulaire, mais large contribution à la grande marche du libéralisme avancé qui vient de triompher lors du récent referendum présidentiel (triomphe biaisé pour les raisons que chacun sait). Conséquence : grosse fatigue, immense besoin de repos. Néanmoins encore assez de force pour m'écrouler sur mon fauteuil tout en ouvrant les Mauvaises pensées et autres de Valéry (Paul) qui n'est certes pas un très grand marxiste, mais chez qui tout est presque toujours dans tout. Ainsi ces lignes parfaitement éclairantes : « Ma sensation d’immobilité, ma certitude d’être fixe dans ce fauteuil est – sans doute précisément la sensation d’être emporté par la terre dans son mouvement. C’est le sentiment de cet emportement que nous appelons repos. »


28 avril 2022.- Temps splendide (23°C). Lu dans la matinée De L'art d'ennuyer en racontant ses voyages de Matthias Debureaux. C'est un court opuscule qui se moque allégrement des grands voyageurs que nous connaissons toutes et tous (j'écris comme Emmanuel Macron parle). C'est parfaitement drôle, on peut y lire des choses comme celle-ci : « Arborez tambourin et barbichette. Laissez raconter votre corps : dreadlocks véritables, piercings avec des ossements d'animaux exotiques, traînée de piqûres d'araignée et mollets en jachère pour les filles. Et, bien sûr, ces tatouages de guerrier voyageur qui vous protègent sur toutes les routes. Dites que ce n'est pas vous qui les avez eux qui vous ont désigné… Ne quittez plus votre dent de crocodile montée en collier ou ce bracelet en poil d'éléphant légué par un policier népalais aux yeux en amande. » Dans l'une de ses pages, Debureaux évoque les auteurs qu'il faut nommer, sans en avoir lu une seule ligne : Waugh, Larbaud, Byron, Bouvier, Chatwin, Kapuściński ou Segalen sont sont ainsi listés. Francisco Coloane et Cees Nooteboom le sont également. Comme les choses sont bien faites, et que tout est dans tout, il s'avère que j'ai quelques volumes de ces deux loustics dans ma pile de livres en attente… J'ai donc enchaîné mes pérégrinations immobiles et néanmoins lectorales avec le plus néerlandais des deux, c'est-à-dire Cees Nooteboom, en entamant 533 : Le livre des jours, l'une de ses dernières publications en date. Nooteboom parle de l'île de Minorque où il semble vivre quelques mois par an, de son jardin, de cactus, de papillon, de Philip Roth et de Josef Roth, de la tombe d'Elias Canetti et de celle de Paul Celan, des relations compliquées entre Borges et Gombrowicz, de littérature hongroise, de Péter Esterhazy, et des deux Miklos : Bánffy et Szentkuthy (tous ces noms et prénoms hongrois sont assez compliqués à écrire, il me manque des accents et de surcroît je suis dyslexique). L'ensemble qui est d'une simplicité désarmante, d'une limpidité qui n'exclue pas une belle hauteur de vue, coule comme un ruisseau (c'est excellemment traduit, tout du moins, je l'imagine).


29 avril 2022.- Nuages (22°C). Une chronique d'Aurelien Bellanger, une autre d'Alexandre Vialatte, trois lignes de Paul Valéry, deux paragraphes des Cahiers de Cioran, cinq article du journal l'Equipe, ces lignes de Miklós Szentkuthy, l'écrivain hongrois le plus photogénique de tous les temps : « Heidegger dit quelque part que la vie est un “Entgegenlaufen dem Tode”, une course à la mort, mais, au lieu de développer cette idée en parlant des souffrances et des expériences de notre vie quotidienne, il la noie dans je ne sais quelle logomachie hyper-abstraite. Fichte, Schelling, Kant, empirisme et non-empirisme, tout cela est, à mon sens, à côté de la question. Bon Dieu ! nous sommes malades, nous souffrons de mille maux aussi bien physiques que psychiques. Et alors je prends Kant - tenez, voici le titre d'un chapitre : “Von der Amphibolie der Reflexionsbegriffe” (“De l'équivoque des concepts de réflexion”) - et j'ai envie d'hurler. Traitez-moi, si vous voulez, de péquenot ou de concierge, mais le fait est là : que m'importent la Wille et la Vorstellung, la volonté et la représentation, lorsque j'ai mal au ventre, que ma mère se meurt, que les étoiles brillent, ou que la vie est insupportable ? Ces gens-là sont à côté de la plaque ! mais personne n'ose le dire. »


30 avril 2022.- Parfait équilibre entre nuages et soleil (22°C). Conditions lectorales moyennes, des mouflets stridents comme des pinsons sous cocaïne, quelques enceintes connectées mal à propos, une flûte ou un pipeau s'échappant d'une fenêtre entrouverte (aurais-je hérité d'un voisin flutiste ?). J'ai envoyé les contre-mesures (Magazine-Secondhand Daylight, Mission of Burma-Signals, Calls and Marches, je suis un vieux crouton post-punk). Fini le livre de Cees Nooteboom que j'ai assez aimé. Ce n'est pas d'une profondeur insondable, mais il y a beaucoup de plaisir à prendre dans cette tranquille balade littéraire qui a tout du Jounal expurgé de l'intime. Jolies circonvolutions autour des cactus, autour de la faune et de la flore des Îles Baléares, souvenirs et digressions, éloge de Borges, belles pages sur la course des sondes spatiales Voyageur 1 et 2 (c'est ce qu'il y a de mieux), considérations sur l'actualité (c'est qu'il y a de moins bien). « C’est une claire journée de janvier. Le cactus aux armes redoutables a de minuscules fleurs jaunes, les petits cactus duveteux en ont de la même taille, mais violettes, et l’antique amandier au tronc scié par le milieu a des centaines de boutons et ses premières fleurs blanches. Je décide que le cosmos est une illusion et je ressens l’envie, tel un pape polonais, de baiser la terre de mon jardin. »


3.

1er mai 2022.- Ciel dégagé, température agréable, pas de vent (20°C). Je lis La France sous nos yeux de Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely. C’est une étude tout à fait passionnante sur ce que certains appellent la « France d’après ». On apprend une foultitude de choses et ce que l’on savait déjà, ou tout du moins ce l’on devinait intuitivement, est éclairé, confirmé et tamponné par une approche qui me semble avoir à vue de nez tout du scientifique (rien de vraiment littéraire). L’ouvrage fourmille en statistiques, cartes et d’analyses, et donne l’impression d’être sérieux sans jamais ne rien céder à un quelconque parti pris partisan. L'ensemble est docte et précis tout en restant informé et il n’engendre pas le moindre ennui chez le lecteur. Il donne aussi parfois l’envie de rire et pourquoi pas de pleurer. De rire parce qu’apprendre que 75% des Français de moins de 35 ans ont visité Disneyland Paris au moins une fois dans leur vie explique en grande partie l'air perpétuellement hébété de certains millennials ; de pleurer parce que les grandes marches du libéralisme avancé et l’américanisation auront non seulement transformé la société française, les façons de vivre, de manger, de penser, mais aussi transformé les paysages et une nature qui si elle a toujours bougée avec les hommes n’a jamais autant bougée que depuis trente ans (et pas dans le bon sens).


2 mai 2022.- Appétence printanière (22°C). Les fermetures de sites industriels de 50 salariés et plus entre 2008 et 2020, les fermetures des sites dans l’automobile et dans l’agro-alimentaire, la chronologie de la fermeture et des cessions des sites d’Alcatel, l'évolution du nombre de salariés sur les sites de Vittel et Contrex depuis 1993, l'évolution du nombre d’exploitants agricoles, l'essor de l’implantation d’Intermarché sur le territoire, la « France Amazon » et l'implantation des principaux acteurs de l’e-com, l'évolution des effectifs dans différents secteurs du transport et de la logistique, les autoroutes du cannabis et la cartographie des interceptions de go fast entre 2010 et 2020, l'évolution de la flotte de pêche française (en nombre de bateaux), les fréquentations annuelles comparées du château de Chambord et du ZooParc de Beauval entre 1995 et 2018, la chronologie de la création des principaux festivals rock et électro, l'évolution du nombre de cinémas multiplex, l'évolution de la part d’emplois présentiels à La Ciotat et Cassis (en %) entre 1975 et 2016, la popularité des communes de France métropolitaine sur Wikipédia, les lieux de tournage des sagas de l’été diffusées entre 1988 et 2017 sur TF1 et France 2, l'évolution du prix du mètre carré à Bordeaux entre 2004 et 2018, la proportion d’électeurs nés hors du département dans les communes du Pays basque, les lieux de travail, de loisirs et de vie qui ont émergé dans les années 2010 à Pantin, le prix du mètre carré autour des stations de la ligne 5 du métro parisien, les piscines en France : nombre de piscines pour 100 logement, la localisation des 159 plus beaux villages de France, le prix de l’immobilier et le vote Fillon au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 dans la haute vallée de la Tarentaise, l'évolution du taux de possession de certains appareils électroménagers entre 1980 et 2018, l'évolution des ventes annuelles de la marque Dacia en France, l'évolution du chiffre d’affaires de la Française des Jeux, l'évolution des encours de crédit à la consommation entre 1993 et 2018, l'évolution du réseau de boulangeries de périphérie Marie Blachère, l'évolution du nombre de cavistes et de magasins bio à Paris entre 2000 et 2017, l'évolution du chiffre d’affaires du marché de l’e-commerce (en milliards d’euro), l'évolution du nombre d’Ehpad entre 1980 et 2020, la chronologie parcellaire de l’entrée dans l’ère du chômage de masse, l'évolution et localisation des établissements dont l’activité est liée aux services personnels, au bien-être et à la santé, l'évolution du nombre d’étudiants en IUT et en STS, la proportion d’enseignants ayant souscrit leur assurance habitation à la Maif par tranche d’âge, l'évolution de la répartition sectorielle des 500 premières fortunes françaises, la part des baptisés dans les naissances entre 1970 et 2018, le pourcentage de la population déclarant avoir un accent marqué, la carte de l’ovalie et de la persistance des accents, la géographie des graisses de cuisson majoritairement utilisées en France, l'évolution de la consommation d’huile d’olive en France (en tonnes) entre 1990 et 2016, la carte des communes dotées d’une voie au moins dont l’intitulé comporte le mot « oliviers », la localisation des brasseries et micro-brasseries en France, la carte « toddienne » des structures familiales, la proportion de films français et américains parmi les films totalisant plus d’un million d’entrées dans l’année, l'évolution du nombre de restaurants McDonald’s en France, la fréquence des repas chez McDonald’s par génération, la proportion de pratiquants actuels ou passés de la danse country en fonction du niveau de vie, l’implantation des clubs de pole dance en France, la France des bikers : implantation des clubs de fans de motos américaines, la proportion des 25-40 ans regardant en anglais des films ou séries ou lisant en anglais des livres ou la presse selon le niveau de diplôme, la chronologie sommaire de la sédimentation de la couche culturelle japonaise, la chronologie sommaire du développement de l’offre agroalimentaire halal, la fréquentation de restaurants kebabs par tranche d’âge (en pourcentage), le pourcentage d’amateurs de tacos par tranche d’âge, le pourcentage d’amateurs de blanquette de veau par tranche d’âge, le top 3 des chanteuses et chanteurs français les plus populaires par génération, la carte des lieux de culte évangélique, le rapport de force RN/LREM en Alsace lors d des élections européennes de 2019, les votes Hidalgo + Belliard et Dati selon le nombre de voitures possédées... Cette liste n’est pas de Perec et encore moins de Prévert, elle est de Jerôme Fourquet et me semble parfaitement résumer son travail. On peut la trouver un peu comique, la lire en se tenant presque les côtes. On peut aussi la trouver un brin tragique. Les statistiques ne mentent généralement pas et les conclusions que tire Fourquet n’ont rien de vraiment sautillant. « L’archipélisation » de la France est en marche et je crains que cela ne soit pas une grande avancée.



To be continued.


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