1.
1er juillet 2020.- Orages (32°C→21C°). Vous ne m’en voudrez pas, mais ces temps si mes activités bricoleuses (carrelage, peinture, maçonnerie et tutti quanti) prennent le pas sur me lectures. Cependant ce matin j’ai tout de même lu soixante-dix pages du Roumeli de Patrick Leigh Fermor. C’est pour le nord de la Grèce, ce qu’était Mani pour le sud du même pays (voir mes livraisons précédentes), un livre d’Histoire, un livre de voyage, un livre de faux vrai ethnologue. Pour l’instant, pour les soixante-dix pages que j’ai lues entre deux coups de pinceau, Paddy (c’est le surnom de Fermor) tournicote aimablement autour des Saracatsanes un peuple nomade que l’on pourrait confondre avec les Valaques, mais qui n’est pas plus Valaque que ça. Il y a certes de minces points communs entre les deux, le fait de vivre dans des huttes ou des tentes, des costumes identiques pour les hommes, mais c’est à peu près tout. Les Saracatsanes sont hellénophones alors que les Valaques parlent un vague roumain. Surtout les Saracatsanes sont vraiment nomades alors que les Valaques sont semi-nomades. Les Saracatsanes sont des bergers qui voltigent autour d’un petit bétail, les pâturages sont leur patrie, leur monde c’est l’errance, les Valaques se contentent de migrer deux fois par an. En somme, on pourrait conclure en disant que les Valaques sont un peu feignants.
2 juillet 2020.- Restes orageux (25°C). La Roumelie de Fermor est pleine de croyances et coutumes plus croquignolettes les unes que les autres. On exorcise vampires, loups-garous, dragons, fantômes et autres centaures en utilisant une formule de conjuration mêlée à une étrange mixture composée de crotte de chien et de tête de serpent séchée que l’on aura préalablement dissimulée pendant quarante jours dans une église. Des démons de toutes sortes marchent sur les traces des bergers, des furies mi-femmes mi-ânesses tournicotent autour des nouveaux nés, d’autres esprits de l’ombre rôdent autour des malades et moribonds, quant aux Daoutis ce sont de drôles de bestioles moitié hommes moitié boucs qui attaquent les troupeaux plus qu’à leur tour. On les combat avec des tranches de tortues séchées. Je ne voudrais pas vous ennuyer et je ne ne m’étendrais donc pas plus que ça (après tout, vous n’avez qu’à lire Fermor), sachez simplement, et pour rester dans le croquignolet, que les Saracatsanes ont pour coutume de mettre leurs enfants mort-nés dans une peau de chèvre remplie de sel qu’ils suspendent à une branche à côté de la hutte familiale pendant quarante jours. On brûle la peau de chèvre ensuite. Ainsi, l’enfant défunt n’emmène pas sa mère avec lui.
3 juillet 2020 .- Ciel s’éclaircissant au fil de la journée (24°C). J’ai visité les Météores il y a plus de vingt ans. C’était déjà un lieu saisi par le tourisme de masse où l’on regardait les moines comme des bêtes un peu curieuses. Chez Fermor ce n’est pas encore le cas, il écrit son Roumeli en 1966, mais on sent poindre les prémices de la catastrophe à venir. Pour rester dans le tourisme, je prépare mes valises. Demain départ pour Strasbourg, ville que je n’ai pas visitée depuis 1974 (j’imagine qu’elle a changé, mais j’espère qu’elle a changé mieux que moi). Vu les circonstances, les temps épidémiques, c’est la destination la plus exotique que j’ai trouvée.
Rien (ou presque) : La petite touffe de cheveux oubliée sur un crâne globalement dégarni sera certainement le signe distinctif de Jean Castex qui a été nommé Premier Ministre cet après-midi. Cette petite touffe c'est ce qu'était le vitiligo d'Édouard Phillipe, le goitre d'Édouard Balladur, la beauté halée de Dominique de Villepin.
12 juillet 2020.- Journée estivale, mais dans le genre « à quoi bon ? » (29°C). Retour de Strasbourg où j’aurais passé plus d’une semaine entre vieilles pierres, vélocipédistes en furie et spécialités locales à base de chou fermenté. Comme je le présupposais, la ville a bien changé depuis ma dernière visite au mitan des années 70 du siècle dernier. Le centre-ville est élégamment restauré et le patrimoine historique diablement mis en valeur. Canaux, écluses et maisons à colombage La Petite France est devenue une sorte de Venise alémanique où le touriste trépigne plus qu’à son tour. Quant aux abords de la Cathédrale, ils n’ont plus ce côté pétaradant et tout automobile qu’ils avaient jadis (en 1974 c’était un parking). Beaucoup psychogéographé en bord d’Ill, marché plus de 120 kilomètres, me suis retrouvé sans le vouloir devant les institutions européennes qui ne manquent pas d’un certain charme moderniste, baguenaudé dans le Parc de L’Orangerie (qui garde en son sein un petit zoo obsolète), visité tous les musées imaginables (le Musée d’Art Moderne est très bien), voilà pour le décor qui est très bien. Je ne dirai pas la même chose de ceux et celles qui s’agitent dedans. Bourgeois bohèmes furibards adeptes des mobilités dîtes douces, qui juchés sur leurs vélos font peu de cas de ce bon vieux piéton (c’est bien simple l’automobiliste est plus prévenant), jeunes issues des minorités dites visibles se déplaçant en bande, « marginaux » en treillis (j’ai vu un Punk à chat), autochtones à goût alémanique, chacun semble exister dans son coin, personne ne parle avec personne, c’est certainement ça le « vivre ensemble ». Pour compléter mon séjour fait un petit tour de l’autre côté du Rhin à Kehl (on y semble mieux « vivre ensemble ») et revisité Colmar (joli centre historique, mais la Petite Venise est une escroquerie).
13 juillet 2020.- Beau temps chaud (30°C). Dans son Roumeli, que j’avais laissé choir pendant mes pérégrinations pangermaniques et que j’ai rentamé aujourd’hui. L’ami Fermor ne se félicite pas trop du modernisme qui semble avoir envahi la Grèce de 1965. Voilà soudain des grappes de gratte-ciel, des radios assourdissantes, des panneaux publicitaires qui clignotent à tous crins, des néons sépulcraux, des tramways qui cliquettent et grincent. Les rues sont éventrées comme après un bombardement. On construit moins que l’on ne détruit. Cafés, tavernes, restaurants et librairies disparaissent au profit de nouveaux bâtiments pareils à des harmonicas d’orgues. Bref, la modernité n’a pas que du bon. Oh ! Il y’a certes quelques menus avantages, l’industrialisation et le tourisme de masse auront fait descendre les meurtres, la corruption, la malaria, une certaine saleté, mais il n’est pas certain que toutes ces améliorations posées sur la balance ne soient pas plus lourdes que tout. Après ces considérations certainement un peu réactionnaires (mais en bien) Fermor part à la recherche des pantoufles de Lord Byron. Les ayant trouvées il saute ensuite dans le pas de Rupert Brooke, vous savez ce poète à la « figure d’ange » qui finira tué par un moustique. J'en suis là.
14 juillet 2020.- Ciel globalement ensoleillé (29°C). Pas de défilé militaire, pas de feu d’artifice, pas de flonflons. Aux dernières nouvelles la pandémie serait encore un peu là. Voisinage insupportable, impression de vivre dans un camping municipal. Je n’ai rien contre les masses sudoripares, mais qu’elles restent dans les limites d’une bonne distance. Finalement légèrement déçu par le Roumeli de Fermor, trop philologue, trop ethnologue, pas assez buissonnier et voyageur. Si vous devez lire l’un des deux livres que Fermor a consacrés à la Grèce, préférez plutôt Mani. Mes valises n’auront pas hiberné longtemps je les refaits. Demain départ vers Annecy, pour quatre jours.
2.
19 juillet 2020.- Ciel dégagé (30°C). Retour d’Annecy, belle ville, beau lac, mais beaucoup trop de monde. La prochaine fois je m’aventurerai dans les montagnes environnantes. En attendant, je lis Désir de Sollers. C’est une courte chose dans les goûts de ses dernières livraisons. Un léger goulasch où le plus papal ex-mao de nos écrivains mélange quelques ingrédients bien choisis, lui-même (beaucoup), Louis-Claude de Saint-Martin (le « philosophe invisible »), l’air du temps, MeToo, la PMA, les gays, le « spectaculaire » et la déculturation. C’est tout de même assez sautillant, le vieux Sollers est en forme.
20 juillet 2020.- Chaleur (35°C). Fini le Sollers, agréable, mais un peu feignassou. Enchaîné avec la Route Bleue de Kenneth White. Cette remontée du Saint-Laurent jusqu’à son golfe et bien au-delà jusqu’au Labrador vol bien au-dessus de la simple « littérature de voyage ». Il y est question d’ethnologie de philosophie de poésie de cosmographie (White parle de géopoésie). On n'y oublie pas le génocide indien tout en croisant Thoreau, Whitman, Rimbaud ou Melville. Il y a les hommes, des chamans, des mineurs, des trappeurs, une jeune Pocahontas, il y a la nature, les rochers, les fleuves, l’océan, le passage du Nord, ce passage vers l’orient. Pour l'instant tout cela est épatant.
21 juillet 2020.- L'orage guette (34°C). Back to work, consequence: I'm exhausted. Otherwise, Schopenhaeur, Cioran, le bruit :« Schopenhauer avait horreur du bruit, spécialement du claquement des fouets dans la rue. Il enviait les chauves-souris parce qu’elles avaient les oreilles pourvues de revêtements hermétiques. Qui n’aurait-il pas envié de nos jours ? ».
23 juillet 2020.- Soleil (31°C). Cervicales et lombaires, coudes, genoux, hanches, je ne suis plus qu'une somme de douleurs. Vu un film drôle et doux : Skorecki devient producteur.
24 juillet 2020.- Vague soleil (30°C). La vaisselle s'empile, mon lit n'est pas fait, je suis léthargique et maugréeux (comme si ces deux états pouvaient valser ensemble). Bref, me voilà loin du sautillement.
25 juillet 2020.- Temps lourd et nuageux (32°C). Je ne sais plus écrire, je suis aussi sans idée, tout cela ne nous mènera pas bien loin. Nonobstant je lis toujours, tenez aujourd’hui j’ai bouloté La grande vie une petite chose de Jean Pierre Martinet qui lui aussi n’en menait pas large. Un type habite rue Froidevaux en face du cimetière Montparnasse, il travaille dans un magasin de pompes funèbres et tente de vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. Pourtant, la vie le rattrape en catimini, il est plus ou moins violé par sa concierge de cent cinquante kilos éprouve des désirs coupables pour une gamine de douze ans tandis qu' autour de lui tout est un peu humide, rougeaud et visqueux. Voilà la trame de ce court récit. Nous sommes indubitablement chez Martinet, un Dostoïevski en pire saisit par une amertume qui n’exclue pas l’humour. Oserais je dire que c’est très bien ? Ah ! oui, malgré mon peu d’entrain j’ai aussi fini le Keneth White labradorien entamé la semaine dernière, il est très bien lui aussi, je recommande cette lecture.
26 juillet 2020.- Quelques nuages entraînant une tiédeur changeante (32°C). Retour dans les Papiers collés de l’ami Perros. Beaux textes consacrés à Lichtenberg, Joubert, Léautaud, émouvants portraits de Brice Parrain, Jean Grenier, Roger Judrin, Gérard Philipe, admirable éloge de Jules Renard : « Il y a quelque chose de "méchant", de frénétique, dans les livres de Renard. C'est la méchanceté, la furie de quelqu'un qui voudrait enchanter le monde et ne parvient qu'à l'interpréter, à fleur d'une peau tannée. Alors, ce défi qui est un vœu "Et j’aurais une casquette avec ces mots en lettres d’or : "interprète de la nature"". Il va très loin dans ce sens (Ravel l’a admirablement compris). Il frôle le sourire, qui est la nature dépliée. Puis les branches se recroquevillent, le souffle se perd dans la glace initiale : c’est le rictus, le papier collé du regard. Toute son œuvre respire à peine, toujours à deux doigts du figement, de la paralysie. Mais c’est bien dans cet infime jeu entre la chair de l’être et l’os du cadavre qu’elle trouve son chant tragique, et du coup, échappe à son homme. On pense à Tchekhov, sans la steppe de tendresse, sans le génie de l’ennui, qui permet une figuration. Renard, c’est peut-être ce qu’il y a de plus rare en littérature et ailleurs : le talent. »
27 juillet 2020.- Tiédeur inconvenante (36°C). Lever 5h00, labeur abrutissant, déjeuner spartiate, sieste, dîner patibulaire, coucher 22h00, rien d'autre (ou presque).
28 juillet 2020.- Chaleur (33°C). Il fait si chaud qu’il est même difficile de ne rien faire. Picoré chez Laforgue, Pia et Perros, arrosé mes géraniums qui font grise mine. Rien d’autre.
3 août 2020.- Restes orageux, perdu une vingtaine de degrés en moins de deux jours, ce qui est beaucoup (22°C). Retour d’un long week-end en région de petite montagne, vu un nombre considérable de vaches, bu un peu trop de vin blanc, rien lu.
Cet après-midi entamé Trézeaux d’Henri Thomas, des poèmes qui ne paient pas de mine, mais que j’envisage d’ores et déjà très bien :
Je songe, je tergiverse,
Et puis je verse
D'un seul côté.
4 août 2020.- Ciel bleu, température idéale (25°C). Légumineux, assommé par le labeur. Un tour dans les Cahiers de Cioran qui se demande si le problème pour lui n'aura pas été celui de l'acte, cette chose si simple et mystérieuse : agir.
5 août 2020.- Vague tiédeur (28°C). On s’ennuie ferme, l’époque manque terriblement de « passeurs ». Le sort s’acharne sur Beyrouth, pour un peu on en pleurerait.
6 août 2020.- Amorce caniculaire (31°C). 5h00 : lever. 5H45 : labeur. 14H00 : douche vaguement réparatrice. 14H15 : déjeuner. 14H40 : sieste. 15H30 : mon bec pas si fin pique au hasard dans l’une des deux mille cinq cents pages de la correspondance de Stéphane Mallarmé (chez Gallimard dans la « Blanche ») et tombe sur cette courte missive adressée à Léo D’Orfer (symboliste second lot) :
« Mon cher Monsieur d'Orfer,
Au revoir ; mais faites-moi des excuses. »
17h30 : j’arrose mes plantes, qui n’en mènent pas large.
3.
7 août 2020.- Grande brûlure saharienne, il fait trop chaud (36°C). Malgré une fieffé fatigue qui confine à l’épuisement généralisé batifolé dans la correspondance de Mallarmé qui se révèle très guillerette… et puis ce style !
Nouvelles acquisitions : Léon Bloy - Journal inédit Tome 2, Stanislas Rodanski - Requiem for me, C. F Ramuz - Oeuvres complètes Tome 6, Pierre Pachet - Sans amour, Gilles Lapouge - Les Pirates. (Le tout pour moins de 25€).
8 août 2020.- Tiédeur patibulaire (38°C). Je n’ai jamais relégué les « années de plomb » italiennes dans le goulag de ma mémoire, elles forment un ensemble mémoriel un peu vaporeux, un peu horrifique qui me titille depuis l’ enfance, ou plus précisément depuis ma pré-adolescence puisque j’ai soufflé mes douze bougies en 1978. Je me souviens par exemple non sans un certain effroi de l’enlèvement d’Aldo Moro de son corps gisant dans le coffre d‘une Renault 4 rouge. Image traumatisante s’il en est et image tout aussi traumatisante que celle du corps de Jacques Mesrine exhibé un an plus tard (à l’époque rien ne nous était épargné, et c’est à croire que la vision d’un cadavre, qu’il soit un « bon » cadavre ou non avait quelque chose de réjouissant pour les fils d’actualités télévisés). Quelques mois plus tard, je me souviens aussi très bien de l’attentat de la gare de Bologne, de ses 84 morts qui m’auront peut-être plus marqué que ceux du 11 septembre 2001. Tout cela pour vous dire qu’aujourd’hui j’ai entamé L’Affaire Moro de Leonardo Sciascia, c‘est loin d’être un livre d’histoire puisqu’il a été écrit juste après les événements concernés non c’est plutôt un livre d'intervention politique un peu froid et dialectique, une dissection à vif de la Démocratie chrétienne et des arcanes politiques transalpins. Bon je dois concéder que la forme, tout empesée de jargon années 70 a certes un peu vieilli même le fond reste passionnant.
9 août 2020.- Grande tiédeur nuageuse (38°C). Les grandes chaleurs me vidant le cogito plus que de raison vous me pardonnerez les lignes qui suivent.
Entre les lettres souvent bouleversantes qu’Aldo Moro a écrit à sa famille les missives plus factuelles et politiques adressées aux caciques de la Démocratie chrétienne et les communiqués souvent cyniques des Brigades Rouges, l’Affaire Moro est aussi une histoire de mots et donc de littérature. C’est que pointe Sciascia dans son bouquin et il a bien raison de le faire (hier j’étais peut-être injuste avec le côté jargon année soixante-dix, c’est tout de même très bien et d’une grande hauteur de vue, enfin me semble-t-il, je peux me tromper).
Relu l’Ellis Island de Perec. Court texte plein de précision historique, d’énumération et de pâte intime en sous-main. Texte qui fait semblant de ne pas être bouleversant, mais qui en tournant autour de l’identité , des racines, de la perte du village initiale, le Shtetl, l’est tout de même un peu :
Ellis Island est pour moi le lieu même de l’exil, c’est-à-dire
le lieu de l’absence de lieu, le non-lieu, le nulle part.
c’est en ce sens que ces images me concernent,
me fascinent, m’impliquent,
comme si la recherche de mon identité
passait par l’appropriation de ce lieu-dépotoir où des
fonctionnaires harassés baptisaient des Américains à la pelle.
ce qui pour moi se trouve ici ce ne sont en rien des repères, des racines ou des traces,
mais le contraire : quelque chose d’informe, à la limite du dicible,
quelque chose que je peux nommer clôture, ou scission, ou coupure,
et qui est pour moi très intimement et très confusément lié au fait même d’être juif »
10 août 2020.- L'orage gronde, tourne autour de nous, mais ne craque pas (36°C). Short return in Henri Thomas poetry, two lines : « Mes jours neigent vainement / Ils ne couvrent pas la plaine ».Nothing else (or almost).
11 août 2020.- Météo caniculaire (36°C). Internet c’est souvent l’horreur, mais parfois non, c’est un peu l’inverse. Tenez par exemple aujourd’hui j’ai entendu la voix de Ramuz (chez YouTube). Pas une voix d'outre-tombe, une voix d’outre vie, d’ailleurs, d’en haut.
13 août 2020.- Orages, il était temps (32°C → 22°C). Comme rien ne doit jamais se perdre, Éric Chevillard a eu l’idée de faire imprimer les pages de son blog dans une petite troupe de livres tout à fait palpables. C’est chez l’Arbre vengeur, formidable « petit éditeur » et il me semble qu’il y a déjà cinq volumes. J’ai attaqué le premier ce matin, il est consacré à la saison 2008-2009 et il y est notamment question d’une loutre, d’un accordéoniste et d’un joueur de djembé.
14 août 2020.- Chaleur supportable (29°C). Deux chroniques bartheso-houellebecquienne d’Aurelien Bellanger (comme si c’était possible), trois lignes assez drôles de Chevillard, quatre poèmes sinistres, mais très beaux d’Henri Thomas. Ce sera tout pour aujourd’hui, je suis fatigué.
15 août 2020.- Tiédeur, encore (33°C), Chevillard et Bellanger, à l'alternat. Fait une sieste prolongée, taillé mes haies, refait une sieste, arrosé mes plantes. Rien d'autre (ou presque).
16 août 2020.- Pluie légère (25°C). Jardinage et bricolage. Chevillard et son Autofictif, drôle, émouvant lorsqu'il parle de sa fille, parfois un peu à côté de la cible, mais rarement.
17 août 2020.- Un peu de nuages, un peu de vent, un peu de tiédeur. Un peu de tout, mais pas grand-chose (29°C). Solide ennui. Fait un tour chez Chevillard qui m’a arraché un demi-sourire : « Je n’ai pas pour ma part cette étrange et perverse manie de chanter sous la douche, et cela vaut mieux, j’épargne ainsi les oreilles des trois mille spectateurs venus assister à me toilette matinale. »
18 août 2020.- Chaleur, nuageuse et borgne (31°C). Allez pondre trois lignes qui tiennent debout lorsque vous vous levez à cinq heures du matin et que votre travail consiste à soulever une quantité non négligeable de produits manufacturés en République populaire de Chine. C'est impossible ! L'épuisement physique s'impose très vite et comme dans un domino tragique il entraîne avec lui une perte de lucidité, pour tout dire une perte d'intelligence, assez conséquente. Voilà aussi pourquoi je déçois : mon cogito est en berne et c'est le labeur qui l'assomme.
21 août 2020.- Goût caniculaire, encore (38°C). Je fonds, je ne suis plus qu'une flaque, un modique étang tiède et morose. Bon cela ne m'empêche pas de tourner mollement les petits papiers de Bellanger et Chevillard. Disons que cela me fait un peu d'air. Rien (ou presque) : Il ne faut pas vivre avec son temps, il faut vivre CONTRE son temps !
22 août 2020.- Une averse, un peu d'air frais (28°C). Toujours avec Chevillard qui fluctue parfois, mais ne déçoit globalement pas : « J'avais si bien repoussé mes limites que je me retrouvai, tremblant, sur le territoire du tigre ». Par ailleurs grosse fatigue, le virus ?
23 août 2020.- Ciel changeant (25°C). Les tiédeurs désenflant j'ai pu m'aventurer dans mon petit extérieur où j'ai poursuivi la lecture des chroniques de Bellanger (la France, chez Gallimard). Ce qui est étonnant avec ces petits textes c'est qu'ils ont beau parler des grands ensembles, du pavillonnaire ou du périurbain, ils le font toujours avec la pâte des souvenirs, l'intimité de l'auteur, pour facteur déclenchant. C'est très bien, un peu drôle en sous-main, souvent presque émouvant.
24 août 2020.- Ciel dégagé, température raisonnable (27°C). Gonalgie carabinée ! J'avance pauvrement tel un barbon valétudinaire. Me voilà bien ! Autrement, ce vague journal de lecture n’est que du premier jet, rien n’est relu et c’est le fil de la plume qui fait tout. Pour rester dans les histoires de lecture et de relecture je constate non s’en un brin entonnement amusé que la parole relâchée, un peu ânonnée, d’Aurelien Bellanger passe beaucoup mieux une fois couchée sur le papier. J’en déduis que le bougre ne sait pas se lire. On n’est jamais aussi mal servi que par soi même. Pour finir, lu le long papier que la magazine Society a consacré à l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès. C’est très bien fichu, mais nous sommes tout de même assez loin de David Grann (maître incontesté des papiers allongés).
To be continued.
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