mercredi 13 novembre 2019

The Pale Fountains - Pacific Street (1984)



En 1984 je cheminais benoîtement vers mes 18 ans quand mes rares, mais précieux amis commencèrent à me regarder de biais tout en effectuant d'indélicats et rotatifs mouvements d'index sur leurs belles tempes d'audiophiles avertis. Que voulez-vous à leurs yeux j'étais devenu à peu de chose près cinoque puisque, laissant choir Spear of Destiny et autres Red Lorry Yellow Lorry il me prenait le goût soudain d'écouter des choses pour ainsi dire inqualifiables. Par exemple, les freluquets de Pale Fountains (les Fontaines Pâles n'importe quoi !) et leur premier album Pacific Street (Rue Pacifique, re n'importe quoi !). Un assortiment de chansons, oui des chansons, avec des trompettes, oui des trompettes, où flottait parfois quelque chose de Burt Bacharach. En somme presque quelque chose de Sacha Distel ! J'étais donc parvenu à franchir le rubicon du supposé bon goût et savoir si une bonne âme pourrait un jour me récupérer n'était même pas une possibilité envisageable. Évidemment, mes amis se fourvoyaient dans l'erreur, d'une part parce que Sacha Distel outre son sourire très russo-carnassier fut en son temps un jazzman hyper conséquent (écoutez son album en binôme avec John Lewis et vous m'en direz des nouvelles), d'autre part parce que Burt Bacharach restera ad vitam aeternam un génie en dentelles, ensuite par ce que cet album des Pale Fountains, était, aussi et quoiqu'on puisse en dire un fichu album de pop music (pour ne pas dire un fichu album de rock tout court ). Du Bacharach-David plein de violons avec un gandin liverpuldien qui aurait remplacé Dionne Warwick au débotté (l'épatant Michael Head dans le non moins épatant Thank You), de la Muzak de haut vol (Palm of my hand), la nonchalance hispanisante de Love et Arthur Lee un peu partout, du quasi-jazz sorti du ravin, de la bossa-nova brumeuse, du rhythm and blues blême, des arpèges de guitare sèche, des cuivres et des violons en veux-tu, en voilà. Que demandait le peuple ?




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