En 1987 J'ai acheté cette musicassette au foyer du soldat du 74e régiment d'artillerie de Belfort. Cela devait être en été, en août peut-être, et en tous les cas entre deux grandes manœuvres où moi et mes acolytes de rang avions faussement combattus d’hypothétiques ennemis rouges, forcement rouges (l’adjudant Mercier faisait moins dans la litote, il parlait quant à lui de « putains de cocos » , il faut dire que le « fameux » mur de Berlin n'était pas encore tombé). Tout cela reste certes un peu flou et assez estompé par les strates d'années empilées, mais je me souviens tout de même assez bien que ma première écoute de ladite musicassette sur le modique magnétophone de ma chambrée avait laissé plus d'un de mes camarades de nuitées perplexes. Le canonnier Mollen, un brave et solide breton qui donnait l’impression d'être le résultat d'un croisement improbable entre un dolmen coriace et un bovidé pas trop futé, me regardait avec des airs homicides, le canonnier Vallet, un type à moitié manchot et pourvu d'un seul testicule - il avait réussi le tour de force de ne pas se faire réformer -, tremblait comme une feuille de rhododendron et menaça même de partir en sanglots au moment où montaient les premières notes de The Lady Godiva's Operation. Quant au Brigadier Astic, un BAC+2 égaré au milieu des barbares, je pense qu'il préférait Styx ou Whitesnake à tout ça.
Pour le reste, et pour en revenir au sujet censé nous occuper, vous n'avez pas besoin de moi pour savoir que White Light/ White Heat n'est pas la meilleure chose à être sortie de l'avant bras plissé des fameux drogués New-yorkais. Les férus d'expérimentations diverses et variées et autres zélateurs de crincrins en tout genre on beau l'adorer c'est surtout une collection de chansons corrodées et de « bœufs », certes parfois épatants, mais tout de même un peu pâteux. À mon humble avis et à celui plus intuitivement pertinent des canonniers Mollen et Vallet le meilleur du Velvet est ailleurs.
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