L'ami Scott Walker vient de rejoindre la vaste communauté des trépassés et je me demande s'il faut vraiment aimer ce bonhomme-là. Tout du moins, je me demande s'il faut vraiment aimer ses tentatives tardives et en tous les cas ses trois deniers albums : trois aérolithes barloquants et funambulesques qui ont tout pour inquiéter l'auditeur.
« Faut- il aimer le Scott Walker tardif ?» Grande question non ? La réponse n’est pas si simple que ça. Comment aimer ce comble de plombé plombant sans être considéré par le commun des mortels comme un « paraphile » un peu louche ayant pour principal loisir l’écoute répétée et prolongée de musiques sinistres à l’horizon assez peu dégagé ? Prenons l’album Tilt, c'était le premier de Walker après plus de dix ans d'un silence que l'on pourrait qualifier de monacal (pour ne pas dire cénobite). Force est de constater que nous avons affaire à une chose qui ne laisse jamais vraiment son mélomane en paix. De Farmer in the city à The Cockfighter ce ne sont que douleurs et souffrances, tensions et écroulements, décombres et gravats... Le tout formant un continuum attristé, un tædium vitæ désolé, qui passant dans nos esgourdes atterrit on se demande bien où ? Assurément dans ses endroits pour le moins spleenétiques et assez peu ragoûtants que nous avons tendance à cacher au plus profond de notre moi le plus enfoui. Je conclurai doctement en constatant que si le Scott Walker terminal est si effrayant c'est certainement pour la bonne et simple raison qu’il nous ramène sans cesse à nous-mêmes. Savoir s’il faut l'aimer ou non me semble donc une trop vaste question. Autant nous interroger sur les raisons de nos déprimes. Vaste programme !
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