lundi 10 septembre 2018

Autechre – Lp5 (1998)



À l'intérieur de cet intrigant monolithe au plastique noir un peu rêche se cache un disque compact vierge de toute indication. L'auditeur écervelé, gaffeur ou peu attentif, pourra donc l' introduire à l'envers dans un lecteur musical quelconque. Il constatera alors qu’aucune musique, qu'aucun son ne s’élève dans l'air. Après une longue réflexion digne d'un bonobo très malin, l'auditeur écervelé comprendra qu'il faut retourner le disque compact dans l'autre sens pour accéder aux données qu’une bonne âme aura cru bon de graver dessus. Il entendra alors des choses pour ainsi dire musicales, des vagues « texturales », des blips brinquebalants, des impulsions électroniques comme s'il en pleuvait, un tissu sonore qui ne cesse de se plier, de se tendre et se détendre, une fausse akinésie binaire toujours animée d'un mouvement secret qui bascule sans crier gare et quoi qu’on en dise dans des amorces de mélodies pures et simples. Assez estomaqué, l'auditeur, clairvoyant et de moins en moins écervelé, constatera que les responsables de tout ce toutim - deux chercheurs atomistes localisés dans le district métropolitain de Rochdale et connus sous le nom d'Autechre – sont en fait deux grands mélodistes embryonnaires en catimini, il constatera aussi que leur « musique » est le plus souvent saisie par une très grande mélancolie et que décidément nous ne sommes jamais à l'abri d'être émus par des choses insoupçonnées.


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