« On a pu croire un instant que ta machine à faire les bulles de savon, depuis si longtemps souhaitée, allait enfin voir le jour. Les bagues montées sur tiges, que vendent les camelots de nos boulevards, sont, en effet, capables de produire, d'un seul souffle, quelque trente à quarante bulles. Il semble qu'elles doivent cette propriété à leurs bords striés et rugueux, que l'on dirait en papier de verre. Malheureusement, la découverte, en s'industrialisant, perd une part de sa qualité. Les nouvelles bagues, que l'on trouve dans le commerce, sont élastiques, de forme ovoïde, moins grandes que les anciennes, et ne donnent guère plus de cinq à dix bulles d'un coup. De sorte que nombre d'amateurs ont pris le parti de revenir à la pipe, au cornet de papier ou à la paille de leur enfance. Nous ne saurions les en blâmer. Il faut avouer d'ailleurs que la bibliographie du sujet ne s'est guère enrichie depuis l'excellent traité de Benjamin Fiolle (1767) et les travaux de Plateau. On lira néanmoins avec plaisir, malgré le ton légèrement enfantin, le Livre des bulles de savon, de Catherine Gay (Albin Michel, 1951). Ce petit essai contient d'excellents conseils touchant les porte-bulles, les figures de savon et la multiplication des bulles folles. On savait déjà qu'il suffit de mêler à l'eau savonneuse quelques gouttes de glycérine pour obtenir des bulles élastiques et durables. Mais Mme Gay paraît ignorer qu'un peu d'huile permet de les faire plus grandes. Il m'a semblé d'autre part qu'elle exagérait, avec une sensibilité toute féminine, la répulsion qu'éprouvent les bulles à l'égard de l'ammoniaque. Enfin, Mme Gay ne tient compte ni des savons liquides, ni de la machine à faire les bulles, dont il a été question plus haut. » (Jean Paulhan, NRF 1er décembre 1953)
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