À ses débuts Artery ressemblait à un genre de Joy Division amoindri. Pour certains c’était la réponse de Sheffield à Manchester. Il y avait certainement de ça. Sur une vidéo qui traine sur Internet, on peut voir Mark Gouldthorpe, le chanteur, imiter la petite danse épileptique de Ian Curtis. Il porte son pantalon très haut et ses cheveux sont coupés à la mode bien raide du pendu mancunien. La vidéo est très bien, la chanson est très bien mais cela ne vaut pas Joy Division. Artery quittera assez vide ses oripeaux blêmes forcés, son tropisme postpunk, pour se recentrer vers quelque chose de plus intrigant. One Afternoon in hot air ballon leur deuxième album est un bel exemple de music-hall brinquebalant avec piano de chez bastringue, guitare espagnole et xylophone thuriféraire. Comme on ne se refait jamais vraiment, le tout est globalement sombre, mais sans en faire trop, avec un petit gout John Cale, Peter Hammil et une curieuse accointance avec ce qu’aurait pu être un Jacques Brel plus crispé et moins belge. On concédera qu'au moment même où de petites hordes de garçons coiffeurs synthétiques envahissaient le Royaume-Uni tout cela put paraitre un brin bizarre. Le moins bizarre dans toute cette affaire-là n’étant pas Mark Gouldthorpe et les psalmodies azimutées qu’il faisait monter au-dessus du toutim. Ce type était visiblement tombé dans un seau de psychotropes divers et variés et il tenait à le faire savoir au monde entier. Sourd le monde ne l’entendit pas et Artery resta comme un épiphénomène sympathique un genre de Pulp avant l’heure légale, mais en mieux voyez-vous.
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