lundi 12 juillet 2010

The Field Mice - Snowball (1989)



Le dessus de ma bibliothèque est une sorte de débarras à plafond ouvert où je range ce qui ne peut être rangé ailleurs. On y trouve quelques vieux disques, des livres honteux qu'il faut cacher, des boites pleines de secrets… Je fréquente rarement ce dessus, je me contente parfois de le regarder avec indifférence et pour tout dire je le néglige. Pourtant aujourd'hui je suis « monté » à sa hauteur, car il me fallait retrouver quelque chose. Je ne vous expliquerai ce qu'était ce quelque chose, il y a des secrets qu'il faut savoir garder pour soi, sachez seulement que ce n'était pas plus un disque qu'un livre, que ce quelque chose je ne l'ai pas retrouvé et que par contre, à sa place, j'ai retrouvé un vinyle du groupe Field Mice, un 25cm (7" pour les Anglo-saxons) un disque complètement relégué dans le goulag de ma mémoire. Oh ! pas de quoi me voir choir de la chaise rouge si peu dessinée Stark qui me servait d'escabeau de substitution, mais un petit vertige tout de même, et puis des souvenirs qui remontait au moment même où je soufflais sur l'abondante couche de poussière recouvrant cette bizarre pochette lilas; une drôle de poudre pour ouvrir la mémoire.
Bientôt revenu à l'altitude plus raisonnable et en tous les cas moins périlleuse de mon parquet, je me dirigeais d'un pas décidé vers mon teppaz avec l'idée pas si sotte de réécouter ce disque, pour voir... Canicule oblige mes volets adroitement entrouverts « en persienne » laissant passer un mince filet de fraîcheur, mon teppaz derrière moi, je m'étendais sur mon canapé écru en position latérale d'insécurité et j'écoutais.

Et bien voyez-vous que la grâce et la légèreté sont toujours là ! Cette guitare et cette basse en ronde bosse tournent et vous pince encore la poitrine. Bobby Wratten le chuchoteur des Field Nice reste cet adolescent cotonneux qui chante comme s'il venait tout juste de s'éveiller. Je l'ai retrouvé, lui et son alter ego Michael Hiscock tels qu'ils étaient il y a vingt ans avec leur finesse de touche, ce tempérament monochrome qui vire au pointillisme, ce savoir faire tendre... En fait, je n'avais pas complètement oublié tout ça, Bristol, l'écurie Sarah records, la fragilité de cette pop de lycéens sensibles… Je n'avais pas non plus complètement oublié ce disque alors il s'est imposé de lui-même, comme en terrain conquis. Let's Kiss and Make-up est toujours cette belle entrée somnambulique et End Of The Affair cette « chanson de rupture » qui en remontrerait beaucoup à certains. J'avais seulement oublié le dernier titre Letting Go, qui ressemble à la forêt de Robert Smith, mais une forêt plus rose, plus timide, une forêt où Bobby Wratten et Michael Hiscock regarderaient vraiment leurs chaussures… Pour le reste, vous savez tout, vous savez qu'il faut aimer Felt et certaines chansons, oui CHANSONS, de Durutti Column. Vous savez également qu'il faut aimer ce disque des Field Mice, car il faut chérir la fraîcheur par temps chaud.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

En effet, voici un joli disque au tempérament souple qui avec légèreté s'installe à demeure entre les oreilles.
On dirait parfois de la noisy délicate, non ?