« L’expérience est une des formes de la paralysie »
Je ne voudrai pas échafauder une théorie fumeuse, mais j'ai bien l'impression que l'on tombe en ratatisme comme l'on tombe en amour. Oh ! je ne parle pas de cet amour chimérique qui consiste à aimer chez l'autre le reflet de ses propres sentiments, non je parle d'un amour sincère, hypothétiquement partagé et partageable - un amour de première fois - cet amour qui à ma connaissance aurait bien abandonné une bonne partie des quidams non ratatiens. On sait que pour l'essentiel ceux-ci ont perdu la plus élémentaire aptitude à éprouver la moindre « émotion profonde » , leurs cœurs ont la consistance rêche d'une pierre et pour les retrouver émus il leur faudrait à nouveau des premières fois. Donnez-leur des premières fois et ils seront émus à nouveau, en voie de ratatisation, espiègles et friables d'âme comme aux premiers jours de leur moment juvénile.
Les disques de Ratatat sont comme ça, identiques et semblables entre eux-mêmes, ils ont cette infinie capacité à bruisser comme un amour de « première fois », ils sont continûment vierges, frémissants comme un début, magiques dans le sens où ils ratatisent les non ratatiens, surnaturels dans le sens où tout en ne bougeant pas d'un iota ils renouvellent sans cesse leur capacité d'émerveillement.
Celui là, le quatrième, est encore rempli de cette candeur, plein de cette simplicité ingénieuse et de cette grâce enfantine qui fait toute la singularité ratatienne. Il y a toujours ces euphonies guitaristiques qui montent en flèche, ces textures 8 bits ensoleillées, ces airs construits avec des éclats de cristal et des bouts de métal - une drôle de marqueterie -. Sur tout cet artisanat sautillant Mike Stroud et Evan Mast (les deux ratatiens en chef) on ajouté un brin de « nouveauté », oh pas grand-chose : une talbox, une section de corde, deux trois vrais instruments, une guitare... Rien d'inquiétant, la musique de Ratatat est encore mobile et animée d'un mouvement secret; elle ne s'écoute pas, elle se boit toujours.
Voilà, je suis ratatien, nous sommes ratatiens et pour un peu le monde a bien tort de ne pas être plus ratatien que ça. End of story.
1 commentaire:
Sympa la chronique !
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