« From ruining gardens, from reluctant woods »
La phase critique de ma crise se déroula dans une espèce de dancing où échoué je commis l’imprudence de me saouler publiquement. Absent, oubliant et m’oubliant, noyé dans une indifférente amnésie plus que par la bonté amniotique du chagrin, je me retrouvais bientôt, sans savoir vraiment comment et pourquoi, sous la clarté lunaire des bois environnants. Là, errant d’arbre en arbre, je parcourus un décor n’appartenant à personne, une spirale de nuit et d’étoiles, de la paix et du silence sur un fond de papier découpé (comme ces papiers que nous découpions vers l’enfance) et bientôt ce sentiment que la vacuité à se sentir vivre atteint l’épaisseur de quelque chose de positif ; cette certitude que la vie, qui n’est rien, conduit paradoxalement vers le tout de l’infini.
Alors.
Oubliant de m’oublier, laissant les clairières derrière moi je retournai vers la musique et les disques, vers le « Langley Schools Music Project », ce miracle si sombre, cette « chorale » si triste sans le savoir, comme ces gamins qui chantent chez Léo Mc Carey. Un récital juvénile fredonné vers Dieu, un paradoxe fantomal plein de joliesse précaire avec toujours ce goût de cendre et de mort, cette amertume qui reste là, logée, pas loin de tout. Oh ! pas seulement ce plaisir mêlé de regrets que nous éprouvons à ranimer des souvenirs d’enfance qui avec le temps nous reviennent toujours pleins de couleurs chamarrées, non plutôt une anthracite nostalgie et l'âcre expérience qui nous saisit… le fossé infranchissable que nous avons creusé entre nous et notre jeunesse et la certitude que nous ne serons plus jamais les maîtres puérils d’un monde qui nous accable.
6 commentaires:
Joli texte Philippe.
+1
On dirait un peu du Walser.
(J'espère que la comparaison ne te déplait pas.)
Merci pour tes commentaires.
La comparaison ne me déplait pas mais je ne mérite vraiment pas d’être comparé à l’incomparable Walser que je place bien plus haut que tout.
Plus haut que Kafka ?
A côté, mais sous la neige
hmmm... à côté du plus beau titre a cappella des beach boys de brian wilson en hommage aux 4 freshmen ou aux hi lo's ... c'est un peu mièvre, non?
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