dimanche 21 septembre 2008

Dave Bixby - Ode to Quetzalcoatl (1969)



Pour la part la moins attentive de l’assistance, et pour condenser succinctement, sachez que ce disque est une pure merveille, un bloc de mélancolie xian folk à l’ombre des piliers. Les autres pourront me suivre dans la morosité et la boursouflure d’une prose absolument gongoriste et au milieu d’un disque qui pourrait être comme ça un summum de plombé-plombant.

Je ne suis plus une personne, je ne peux pas même plus ressentir.

Ah oui ! Toutes ces choses acoustiques et soucieuses, un étrange mélange de lentes complaintes à la dérive ; cette voix attaquée par les sédatifs : une tache floue, surnageant sur une nébuleuse éthérée de guitare en bois. Un disque lourd, le disque d’un homme seul au monde… d’un homme seul en face de Dieu. Un disque sinistre, avec des piliers et de la rédemption. ! L'histoire de Dave Bixby est racontée de l’autre côté de la pochette, comment il a noyé sa vie dans l'abus de psychotropes divers et avariés (Drug Song ), comment il a découvert un Dieu hypothétique (I Have Seen Him) et comment il n’est pas totalement mort. Toutes les chansons de notre ami Bixby parlent avec des mots naïfs de cette conversion-libération là, mais étrangement (heureusement ?) aucune petite lumière chrétienne, l'atmosphère reste uniformément désespérée et suicidaire ; d’une quiétude qui ne s’amortit pas, ou tout du moins qui n’a plus la force de s’amortir. Reste une vibration endommagée par le solde d’acide, une vibration qui monte vers les nuages et laisse l’auditeur dans un état vaguement cotonneux ; entre la narcolepsie et la paralysie du sommeil, une expérience inaccoutumée, presque organique et purement intime.

Je l'ai vu, je l’ai écouté

Ce disque de hippie déprimé-refroqué est très beau, mais c’est un trésor difficilement trouvable… toutefois en creusant bien sachez que… en tous les cas si vous parvenez à le déterrer , vous découvrirez l’un des plus magnifiques symptômes persistants d’un genre plus enfoui que révolu : le xian folk. Vous classerez alors Dave Bixby non loin de Charlie Lochner et de son Winter in my life, du beau rien que de beau, bien loin du folk à bougie des temps qui nous encerclent. Si vous êtes dépressifs abstenez-vous de déterrer quoi que ce soit, évitez précautionneusement l’altitude et les réverbères, formez un cercle avec vous-même et écoutez Devendra Banhart, le risque est bien moindre à rencontrer ainsi du factice en plastique.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Album d'île déserte, "Ode To Quetzalcoatl" est en effet une pure merveille.

Dave Bixby a également sévi au sein du groupe "Harbinger". Son unique album "Second Helping" est fortement recommandé.