lundi 7 juillet 2008

The Dentists - Some People Are On The Pitch They Think It's All Over It Is Now (1985)



On me trouve, à raison, embrouillé et pour tout dire compliqué ; c’est pourquoi aujourd’hui tout en espérant ne pas me noyer dans quelques embouchures ou delta mal à propos, je me contenterais de frôler les rivages du factuel. Voilà donc du factuel, des questions et des affirmations péremptoires.

Le meilleur guitar-album des années 80 ? La plus belle reconstitution historique depuis l’invention de la machine à remonter le temps ? Des Byrds punks carillonnant avec une substance indéterminée dans le nez ? Monochrome Set produit par Joe Meek ? Television Personalities avec des vertèbres ? Johnny Marr jammant tour à tour avec les Kinks les Byrds et même, voyez-vous, les allochtones Go-Betweens. ?

Une multitude de questions, il y a des réponses elles sont dans le disque, il suffit de l’écouter.

Voilà le disque tourne et vous qui êtes futés, tout autant que sensibles, voyez bien qu’au-delà de la simple reconstitution historique, il y a quelque chose de plus qui flotte dans l’air. Peut-être cette mélancolie sourde et bizarrement primesautière qui s’immisce dans les interstices laissés entre la guitare et la mélodie ? Peut-être ça, peut-être autre chose ? En tous les cas, cette guitare, la guitare de Bob Collins, est un fil vivant, une douce chimie, puis tout d’un coup, un dripping sauvage qui expulse un sang plus que noir vers une destination inconnue de l’auditeur, une belle guitare pop-pollockienne en somme. Puisqu’il faut tout dire, il faut également parler de ce qui est, comme autour de l'os, autour de la guitare : de ce groupe qui joue avec le feu, de cette ferveur non feinte au coin du nez ; de cette rythmique trépidante, resserrée et tentée par la tachycardie comme d’autres, les pauvres, sont tentées par la léthargie. Parlons également du chanteur : Michael Murphy, un peu à l’ouest de Morrissey et toujours un peu à l’est des mélodies, dans un décalage nécessaire à toute voix voulant se trouver au centre de l’œil du cyclone, peut-être que là est le secret, dans ce mince décalage, les interstices disais-je plus haut.
Il y a dans ce disque une somme de diamants à ramasser, il suffit de se baisser : « I Had An Excellent Dream » et son arpège souple comme l’injustice, « Strawberries are Growing in My Garden » lysergique et imparable, « Everything in the Garden » prodige mid-tempo confusément hypnotique, il y a d’autres prodiges…
Après cet album qui semblait parti pour être le seul et unique de ses auteurs, les Dentits réapparaîtront au début des nineties pour deux trois choses plus dispensables, c’était le début de la vague brit-pop (blurasis, psoriasis) vous voyez ces types qui ramasseront le magot sans n’avoir jamais rien misé, des gagnants vulgaires ? Libre à vous de préférer les Dentits, beautiful losers noyés au fond de la première embouchure qui vient.

P.-S. Ceux qui craignent de se retrouver téléportés en 1966 n’auront qu’à mettre un chandail ou passer leur chemin, les autres pourront voyager torse nu, le sourire aux lèvres.

1 commentaire:

Infrason a dit…

Oui, oui , oui et cent fois oui.
Je ne connais que "Strawberries are groing in my garden" mais c'est suffisant pour me permettre d'approuver tes dires.

Bel artcicle en tout cas.

Et je crois que des fraises sont en train de pousser dans mon jardin.