Des disques étaient empilés, là, vraisemblablement négligés pour leur air commun, déprimé, ou simplement débonnaire. Un peu désœuvré, désoccupé de la moindre occupation vitale, j‘avais saisi, au hasard, l’un de ces surannés enregistrements sous forme de 33 tours. Sans aucun risque, sur le haut de la pile, le moins défraîchi, le moins susceptible de me décevoir, moi qui suis si souvent sujet à la plus anodine alacrité envers les choses chantantes et musicales. Non sans un frêle émoi, aussitôt passé le contact bien réel avec le diamant, la galette de celluloïd bientôt en pleine rotation, le charme avait agi. Oh rassurez-vous ! Aucune grande force et encore moins de décisif, d’important ou de crucial, mais un charme simple voyez-vous ! Le genre de disque qui après quelques printemps d’oubli coupable, resurgissait là, sur le haut de la pile comme par bonheur . Une fois la poussière soufflée, un vieux canapé écru trouvé, il suffisait donc de renverser la tête, à défaut de ciel, vers le plafond et sans ne plus rien désirer si ce n’est un vague abandon, s’imaginer des spectres tourbillonnants. Le disque imperturbable et impassible devant cette inventée sarabande d’esprits frappeurs et bondissants, tournait sans crainte et avec un tact indéfectible, une sagesse sincère. du soleil sur les rideaux, un coma de juste mesure…
Ah ! oui puisqu’il y a cette manie, cette sottise à vouloir vraiment parler des disques, sachez que le disque sur le sommet de la pile était un disque de Stuart Moxham. : Signal Path. Inutile de refaire l’histoire, vous savez déjà tout sur ce doux quidam là : Stuart Moxham avec et derrière, Alison Statton chez les jeunes géants de marbre… Stuart Moxham et The Gist ce merveilleux faux groupe lunaire qui venait après le triomphe accidentel des Young Marble Giants … Stuart Moxham en piéton léger chez le gracile lépidoptère David Thomas… ensuite plus rien, dix ans de silence monacal… …
Après tant mutisme, le disque qui devrait nous importer Signal Path n’était pourtant pas ce que nous attendions de lui. Nulle contrariété, aucun ressentiment, pas le chef-d’œuvre éclos d’un génie incompris, tout simplement un disque agréable, reposé et plein de cœur. Des chansons, pudiques et suggestives ; oui des chansons ! Avec les moyens du bord, une petite méthode assimilée jusqu’à ses bords les plus intimes ; l’épuisette folk-rock sur le dos, un orgue ingénu, une boite à rythme sensible et des ritournelles atmosphériques dans le tube à essai.
Il y avait un titre où Alison Statton fredonnait comme en attendant le bus, le meilleur de Brian Eno et de ses chansons pastel, Buddy Holly en peinture à l'eau et sans aéroplane fatal, Robert Wyatt sans le gris et les dégradés déchus vers le blanc. Voilà c’était un disque loin de la technique, de la brutalité et de la subversion des âmes et des consciences, loin de toutes ces choses qui nous accaparent bien souvent... un disque pareil à une caresse, précaire et sensible comme le quidam incertain prêt à tomber d’un possible canapé écru. Je reposais le disque, de la poussière sur le suivant… au suivant !
2 commentaires:
Salut,
Je suis entièrement d'accord : c'est tout sauf un disque essentiel, mais il est des plus agréables, et surtout il était inespéré tant d'années après The Gist.
Pour pinailler : le Moxham qui était piéton chez David Thomas c'est Philip, pas Stuart...
Bon sang mais où avais-je la tête ? Mélanger Suart et Phil aussi facilement, je ramollis ! En tous les cas merci de pinailler cher Pol Dodu…
D’ailleurs question piétons :)
http://novland.blogspot.com/2007/12/david-thomas-and-pedestrians-sound-of.html
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