dimanche 23 septembre 2007

From Papeete to Teshupo (2001)

Un drôle de type vient me voir, il vient me voir tous les Dimanches, les autres jours il n’est pas là, il travaille. Comme il ne vient pas souvent ma barbe pousse. Elle ne pousse que sous mon menton. Le type qui vient me voir le dimanche, a les yeux cernés, il est bizarre. Il travaille dans un hôtel la nuit. La nuit il entend les gens faire des choses avec leurs corps, et il a des bonheurs coupables Il est tenaillé et glauque on l appelle Monsieur Hermès. Le jour il écrit des choses, mais très peu c’est une parure.. Un clandestin dans l’endroit où il écrit tous ces signes que les gens décodent et que moi je ne comprends pas. Ma barbe me gratte et j’ai perdu ma bicyclette, heureusement il n’est pas minuit et il ne pleut pas

Monsieur Hermes n'aime ni la pluie ni le verglas, par contre, il voit sans déplaisir les feuilles tomber, il aime patauger dans la boue liquide une fois l'averse passée, il aime respirer l'odeur de chien mouillé des passants, l'odeur acre, presque une odeur d'urine,des feuilles amassées en tas sur le bord des trottoirs. Le dimanche quand il vient me voir Monsieur Hermes sent tout ça, le chien mouillé une vague et tenace odeur d'urée …C'est pourquoi parfois je le reçois avec mon manteau enroulé autour de ma tête. Je l'écoute et des fenêtres s'ouvrent dans ma tête.

Il y a des jours ou je tourne franchement en rond ou je me donne l'impression de vivre autant de choses qu'un poisson rouge.

Dimanche dernier Monsieur Hermès n'est pas passé, quand il ne passe pas je m'imagine que je suis lui, toutes ces voix, toutes ces pensées ne sont pas les miennes, je suis monsieur Hermès, je ne suis plus rien, je ne sais rien, cette voix n'est pas la mienne, je ne le dirais pas car je ne le saurais pas, peut-être que finalement, je suis Monsieur Hermès ?

J'ai écouté, j'ai tendu l'oreille, la vie continue, chaque jour la désagrégation des fibres émets un clapotis en moi, clapotis que j'ai de plus en plus de mal à percevoir. Je reste dans mes gonds, je n'en sortirai plus

Monsieur Hermès est venu. Ca allait, je m'étais oublié. Ce n'est pas vrai, ça allait, j'étais ailleurs dans une immobilité de pierre. Alors il est venu, … Il m'a montré son tibia couvert d'écorchures … la vieille voisine écoutait derrière la porte, j'ai ouvert la porte. Je l'ai assommée avec un pot de fleur. Monsieur Hermès ennuyé est parti en clopinant de son tibia couvert de bleus et de cicatrices, la petite vieille au sol ressemblait à un lardon. Au commissariat je me suis endormi sur la chaise, la chaise aux pieds métallique vert comme avant, à l'école. Homicide volontaire, le policier portait des chaussures jaunes. Je me suis gratté le nombril, de la poussière dedans...

Je suis en éveille et j’ai peur de Monsieur Hermès. Le type du commissariat avec les grosses chaussures jaunes m’a posé des questions sur Monsieur Hermès, sur l’hôtel où il travaille, je ne sais rien, je n’ai pas de comptes à rendre …

Je suis libre à présent, relâché, le pot de fleurs est oublié. Je me suis jeté sur mon lit. J’entends le bruit de mon cœur sous mes os, le battement des veines sur mes tempes. J’ai soif, il fait chaud, je sens la sueur couler sur ma joue. J’ai peur et je suis calme. Monsieur hermès rode en moi. Je veux me souvenir du visage de Monsieur Hermès de l’expression trouble de son visage mais je n’ai plus de souvenir, je n’ai qu’un souvenir erroné du visage de Monsieur Hermès, ce souvenir vague m’accable.

Alors finalement je ne suis plus rien, l’autre renonce à être moi, et cette musique tahitienne qui s’élève. Au-dessus de mon lit sur l’un des quatre murs de ma chambre jaune, il y a accroché ce
tableau de Van Gogh , et la lumière dans la fenêtre là dans le tableau n’est plus celle d’Arles, mais celle de Tahiti . Gauguin est un autre Monsieur Hermès, et moi, car finalement je suis moi, je passe par la fenêtre…

2 commentaires:

pepito a dit…

as tu jamais pensé au "dillettante" ?

Philippe L a dit…

Je pense, je bouge, je vie… en dilettante, c’est d’ailleurs mon problème