dimanche 30 octobre 2005

La Cicatrice intérieure - Philippe Garrel (1971)

Garrel sait faire avec la beauté, la beauté de la peinture classique, il sait faire avec le secret il sait le capturer, il y a caché dans son œuvre quelque un des plus beaux plans de l’histoire du cinéma.



Si en musique au sens étymologique on parle d’inouï ici il faudrait inventer un mot nouveau pour décrire les sensations qui s’emparent du spectateur qui plus qu’il ne le voit perçoit le film, d’ailleurs on parlera plutôt de témoin complice plus que de spectateur car pour ressentir vraiment ce film il faut le laisser vous apprivoiser et de ce fait être quasiment en lui.

La Cicatrice intérieure est un objet étrange, un aérolithe énigmatique que l’on ne peut rattacher à rien, ci se n’est à lui--même, une suite de plans autistes et viscéraux, un long trip marmoréen, ou Garrel plus qu’un monde des origines, crée une sorte d’univers parallèle, un cosmos mental émanent de son intime le plus enfouie cette fameuse cicatrice intérieure.

Le film est une suite d’apparitions poétiques inoubliables : Nico et Garrel marchant dans la blancheur du désert, comme s’ils cherchaient dans leur marche à quitter l’abstraction. Nico ensuite Immobile et en pleurs, abandonnée et déchirée. Nico avec son fils traversant des embrasements à la tombée de la nuit, un enfant couché au bord d’un lac, l’apparition de Pierre Clémenti irradiant le film … Quand la musique de Nico, le fameux harmonium se lève fusionne avec les plans séquences, le film devient chimiquement bouleversant, inaltérable bloc d’émotion sourde.

S’il y a de la solitude chez Garrel c’est aussi une libération, quand il film Nico ou un enfant seul ils sont formellement comme seuls au monde, aux origines, avant la culture, la communication, avant tout ce qui fait la société, et la solitude n’est pas un refuge c’est l’essence même l’intimité et le repli sur soi forme un monde parallèle, un monde qui mélange candeur et sauvagerie, ou l’autisme ne tend plus vers la mort mais vers le salut « l'homme initié, qui a réussi à se libérer lui-même par la solitude et par les rites, peut retrouver le sens de la vie… ».


La Cicatrice intérieure est aussi un film marqué par la drogue, par le psychédélisme, par l’après 68 mortifère, mais c’est une autre histoire, enfin presque…

Accessoirement la BO du film c’est Desertshore l’un des plus beaux albums de Nico.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir. Je viens de voir ce film ce soir a la cinematheque, franchement il m'a beaucoup plu.
Pendant ce film, au debut je me suis demandee: que veut-il s'exprimer, Philippe Garrel? Pas de reponse, evidemment. Au bout de quelques minutes je m'arraitais de me poser des questions mais me laissais de promener avec eux. Accompagnee par la musique de Nico et les paysages maggnfiques, je baignais completement dans le monde cree par Garrel.C'etait vraiment agreable.

Le seul regret est que je ne comprends pas l'allemand...