dimanche 24 novembre 2019

Psychogeographie indoor (95)



« Aussitôt l’enfant né, on le lavera avec soin, puis après lui avoir donné le temps de se remettre de ses premières impressions, on le fustigera vigoureusement en lui répétant : “N’écris pas ! N’écris pas ! Ne sois pas écrivain !” Si, en dépit d’une pareille correction, le dit enfant manifeste une inclination pour la littérature, on essaiera alors la douceur. Et si la douceur ne donne pas non plus de résultat, abandonnez donc l’enfant à sa destinée et inscrivez “fichu”. Le prurit littéraire est incurable. » (Anton Tchekhov, Règles du jeu à l'usage des écrivains novices)


1.

10 août 2019.- Ciel plutôt nuageux (24°C). Je m'ennuie, la musique m'ennuie, le labeur m'ennuie, mes contemporains m'ennuient, ce vague journal de lecture m'ennuie, la phrase que vous êtes en train de lire m'ennuie, je ne trouve pas de mot pour dire à quel point les mots eux-mêmes m'ennuient. Il me reste seulement un semblant d’intérêt un peu enfantin pour les plantes, les animaux et les « choses » sportives… c'est à peu près tout. Ce matin tout de même commencé la lecture d’ un nouveau livre Mes arches de Noé de Michel Déon. Pour l'instant il n'est pas si ennuyeux que ça, c'est une suite de souvenirs qui se permet de pirouetter au-dessus d'une multitude d’îles (Madère, Skyros, Spetsai, Corse, Irlande…) de cabrioler autour d'une belle pelleter d'écrivain tous plus à droite qu'à gauche, mais toujours supposément excellents (Chardonne, Maurras… ce genre-là). C'est assez bien écrit, jamais vraiment amidonné et pour tout dire finalement assez intéressant. Les idées sur le monde de Déon ont beau être d'un autre temps, elles ne m'ont pas fait sursauter plus que ça et je me suis même surpris à les adouber plus d'une fois. Sa défense de Maurras est par exemple très intéressante, elle est certes un soupçon enamourée - Déon fut tout de même secrétaire de l'Action Française et de Maurras entre 1942 et 1944) -, mais pleine de nuances et toujours lucide.

11 août 2019.- Orages (23°C). Déon. Émouvant portrait de Kléber Haedens, ogre sympathique des lettres françaises (tout le monde ne pense pas la même chose) : « À Oléron, il s’épanouissait. L’île calme, posée comme un banc de sable à la surface de l’Atlantique, lui ressemblait. Aux charmes de la Saintonge, elle ajoutait un parfum de pinède et d’océan mêlés. On y aurait cherché en vain une colline, un cap dangereux. La douceur de vivre y était encore protégée des invasions touristiques par un bac qui se faisait attendre des heures. Les rares voitures favorisaient l’expansion de la bicyclette et Kléber nous persuada que les jeunes filles qui pédalaient sur les routes, jupes généreusement relevées découvrant leurs jambes nues, faisaient exprès de défiler plusieurs fois par jour devant lui pour le provoquer. Sa conception de l’amour était d’ailleurs très personnelle. »

12 août 2019.- Chute vertigineuse de la température extérieure (21°C). Le labeur derrière moi, mon Fenwick ™ en « charge », et après une courte sieste hautement réparatrice je retourne chez Paul Valéry, un type qui ne devait pas forcement fréquenter les chariots élévateurs, mais qui connaissait indubitablement les « choses de l'esprit » et notamment la littérature : « La poésie n’est que la littérature réduite à l’essentiel de son principe actif. On l’a purgée des idoles de toute espèce et des illusions réalistes ; de l’équivoque possible entre le langage de la “vérité” et le langage de la"création", etc. Et ce rôle quasi créateur, fictif du langage — (lui, d’origine pratique et véridique) est rendu le plus évident possible par la fragilité ou par l’arbitraire du sujet. ». Sinon le livre de Déon est bien émouvant, après le beau portrait de Kléber Haedens lu hier, aujourd'hui il était question de Christine Tzingos, cette théâtreuse un peu bohème, qui après avoir dirigé La Gaîté Montparnasse trépassera un petit matin, chez Déon, sur son île où elle était invitée.

15 août 2019.- Ciel changeant (28°C). Jour férié, famille, restaurant. Au menu, cervelle de canut, andouillette et tarte aux pralines. Impossible de faire plus local. Plus tard, visité le Musée de l'imprimerie. Un peu obsolète, mais très bien.

16 août 2019.- Soleil bas et raisonnable (25°C). Retournant à Spetsai après avoir enterré sa mère Michel Déon grimpe dans les hauteurs et revoit le cimetière qu'il avait visité lors de son premier séjour sur l'île. Son intérêt pour les cimetières est assez relatif, mais ce cimetière-là n'est pas commun, tout s'y écroule et au milieu des croix orthodoxes renversées par les racines d'aloès et de figuier; on pourrait presque voir les morts se dégager de leurs tombes et se redresser pour mieux contempler le paysage qu'ils dominent. Voilà donc un cimetière marin comme on en rencontre peu : « L’idée de pourrir dans une boîte me semble moins déplaisante quand on s’imagine reposant dans un cimetière pareil auquel je ne connais de comparable que celui de Sète chanté par Valéry et celui de Varengeville où repose Braque. Je dirais même que ces cimetières heureux transfigurés par la lumière et la présence de la mer sont une invite à mourir sereinement, presque dans la joie… ». Aux cimetières évoqués par Déon j'ajouterai celui de Menton, splendide.
Hier soir revu une antédiluvienne émission d'Apostrophes où étaient invités Milan Kundera, Simon Leys et Maurice Nadeau. La discussion est plaisante, on tournicote tout autour des totalitarismes, on bavarde sur Orwell et Kafka. Leys est épatant en faux candide (on a envie de lui tirer sur la barbe), Nadeau est hyper factuel, quant à Kundera il à ses moments (notamment entre la huitième minute et la neuvième minute où il parle très bien des snobs et du snobisme).

17 août 2019.- Beau temps chaud (33°C). Le tragique rôde autour de moi, je n'en dis pas plus, je suis seulement triste et terrifié. Malgré tout cela fini le livre de Michel Déon entamé la semaine dernière. Je n'irai pas par quatre chemins, ces souvenirs consignés sont formidables. Les portraits de Cocteau, Morand ou Chanel sont épatants. Le jeune Déon baguenaudant autour du Cap-Ferrat, de Beaulieu ou de Villefranche-sur-Mer est un diable d'élégance. Il découvre l'amour, joue au tennis avec des anglais un peu invertis et ne semble pas trop s'en faire. Je n'ai que du bien à dire sur les pages consacrées à la Grèce, elles sont d'une lumière admirable. Même la politique est légère… Je recommande la lecture de ce livre.

18 août 2019.- Tendance orageuse (31°C). Not in the mood. Retour dans la correspondance de Tchekhov (il se marie, ses lettres à Olga Knipper sont pleines de tendresse).

20 août 2019.- Averses diluviennes et chutes de la température extérieure (16°C). Always in tragic times. Short return in Perros papers : « Travailler ! Travailler ! Comme si j'avais le temps.». Nothing else.

23 août 2019.- Soleil (27°C). Les deuils ne nous consolent de rien, mais ils sont nécessaires. Le silence parfois aussi.

24 août 2019.- Beau temps chaud (31°C). Emporté par un inséchable flot de chagrin il faudrait pourtant que m'en extirpe, qui je vois ailleurs. Aujourd'hui j'ai donc décidé d'ouvrir et d’entamer l'ouvrage au plus fort potentiel sautillant de ma pile de livres en attente.En l'occurrence il s'agit d'Un Ténébreux, court roman du zébulon normand Jean Louis Ezine (le type du Masque et la Plume et du Nouvel L'obs). Bien m'en a pris puisqu'au bout d'une cinquantaine de pages j'ai dû sourire au moins quatre fois. Il faut dire que c'est un livre doit être plus drôle que sinistre, en tous las cas pour un lecteur non enchagriné. Ezine donne à l'obsolescence un goût de jamais vu. Dans son roman il y a un baron spleenétique victime du « mal de René », une baronne évanescente, un cycliste aux mollets saillants et des vaches en veux tu en voilà. On se souvient d'Octave Lapize de sa victoire au Tour de France 1910, de ses moustaches et de son trépas bimotorisé au dessus de la Meurthe-et-Moselle… Avant tout cela , en guise de préambule, Ezine a écrit un court texte tout autant autobiographique qu'hagiographique autour de la « chose vélocipédique ». Inutile de préciser que la Normandie y est aussi présente un peu partout.

25 août 2019.- Soleil et tiédeur (31°C). Un papillon me tourne autour, une abeille butine mes fleurs, ma chaise de jardin est confortable, si mon voisin du dessus n'avait pas pris l'idée un peu bruyante de laisser sangloter sa guitare électrique tout serait pour le mieux. En attendant, j'ai fini le le ténébreux d'Ezine. Il ne m'a pas vraiment déçu, j'y ai retrouvé tout ce que j’attendais en l’entamant (du sautillant, du désuet et du vélocipédique), il est seulement plus mélancolique que je ne le pensais de prime abord. Voilà, j'en suis là.



2.

26 août 2019.- Chaud, chaud, il fait chaud… trop chaud (33°C). Perros, Papiers, parfait : « Vivre ne fait pas toujours grossir, ou maigrir. Moi, ce qui m'a donné un peu plus de poids, c'est la routine sexuelle. Question de glandes. Quand j'ai eu fait l'amour régulièrement – c'est assez lointain – je me suis aperçu que je grossissais. Non. Que je gonflais. Bien connu. Alors qu'avant, les rares gestes amoureux que je manifestais avec ces dames me faisaient plutôt:maigrir. Mai vrai, depuis que je suis, comme on dit, marié, j'ai;pris un peu de ventre, des joues, de la poitrine. Même les poils se sont multipliés. Ce sont des choses qu'on remarque, qu'on accepte. On s'aperçoit. Curieuse expression. Les gens qu'on rencontre ne sont pas les derniers à s'apercevoir. On vous préférerait maigre. Exsangue. Je crois tout de même que le fait de vivre empâte, gonfle. Pourrit. Quand j'ai bu un peu trop, je me sens gonflé, plein de liquide. On me dit que j'ai bonne mine. L'air de la mer. Parle toujours. J'ai trop bu, c'est tout. On a une idée très nette de sa santé. De sa poire. Je sais quand je vais bien. Quand je vais un peu plus vite vers la mort, qui s’éloigne. Il est amusant de constater que c'est quand on est lent – sans tête, sans vigueur – que la mort, somme toute, est le plus près. Les hommes parlent rarement des choses quotidiennes. Je me demande souvent pourquoi. Qui veulent-ils tromper ? Parler de sexe, c'est facile. C'est du luxe. Mais Freud n'aurait jamais existé si les hommes n'avaient sottement éprouvé le besoin d'inventer ce qui les dépasse, mais est leur peau même. Ce qui leur nuit. Ce qui est leur nuit. Auprès de laquelle celle qui me tombe sur le dos paresseuse. »

29 août 2019.- Vague tiédeur (28°C). Morose et sans envie, miné par le labeur. S'agissant de mon rapport un peu problématique avec ce dernier les deux premières lignes de L’Institut Benjamenta me semblent tout résumer d'une façon admirable (et implacable) : « Nous apprenons très peu ici, on manque de personnel enseignant, et nous autres, garçons de l’Institut Benjamenta, nous n’arriverons à rien, c’est-à-dire que nous serons plus tard des gens très humbles et subalternes. »

30 août 2019.- Tiédeur (30°C). Hier j'évoquais les premières lignes de L'Institut Benjamenta, aujourd'hui il sera question des dernières lignes de Félix, cette imparable oeuvre de jeunesse : « Nous sommes en effet capables de devenir affreux quand notre situation nous paraît affreuse. Quand nous nous effrayons nous-mêmes, d’autres aussi reculent devant nous avec effroi. J’espère que chacun d’entre vous en a déjà fait l’expérience réelle. Je vous prie de vous en souvenir. Une très fine, très légère capacité, je veux dire juste un souffle d’aptitude à tuer, hein ? Ne gît-elle pas en chacun de nous ? Je veux dire, un tout petit reste d’une disposition qui remonte à des siècles ? Je me le demande. Demandez-le-vous aussi. Personne d’entre nous ne peut savoir s’il n’est pas pire. Vous n’avez pas besoin de savoir ce que je veux dire exactement. Il suffit qu’en vous aussi, une opinion naisse. Des actes mauvais absolument incompréhensibles, cela n’existe pas. Nous pouvons déchiffrer n’importe quel égarement. Pourquoi faisons-nous un tel tintamarre, souvent, autour de fautes si bénignes ? C’est parce que ce qui est insatisfaisant chez autrui nous satisfait. Ô nous autres - ».
Pour le reste, je ne sautille pas

31 août 2019.- Journée tiède et ensoleillée virant au nuageux (34°C). Conditions lectorales altérées, grand retour du voisinage, des portes calquées et des conversations téléphoniques impudiques. Nonobstant entamé Chronique d'une station-service d’Alexandre Labruffe. Un quidam raconte ses journées passées derrière le comptoir d'une station-service. L'odeur de l'essence, les néons qui grillent, le coca zéro, les crocodiles Haribo, les clients et clientes, de tenues, mais réelles possibilités d'aventures sexuelles. C'est parfois drôle, un peu post-houellebecquien, pas vraiment mauvais sans être vraiment très bon : « Parfois, je regrette l’époque dorée du super et je me dis que le sans-plomb est à l’essence ce que le préservatif est au sexe, l’aspartame au sucre : un pis-aller, le symbole de nos sociétés castrées, d’un avenir sans microbes ».

2 septembre 2019.- Temps toujours ensoleillé, mais plus frais (23°C). Grosse fatigue, incapable de bouger, de faire le moindre pas sans qu'une masse de stimulus nociceptifs ne me monte au cortex cérébral. Certainement les effets bénéfiques du labeur et du post libéralisme avancé. Dans ces conditions, rien lu de plus que trois lignes de Georges Perros.

3 septembre 2019.- Soleil un peu penaud (22°C). Finalement le livre de l'incertain Alexandre Labruffe évoqué il y a deux jours est loin d'être vraiment sautillant. L'idée de base, l'autopsie du « quotidien » d'une station-service, est intéressante, mais le romanesque, ce fichu romanesque, pointe trop vite le bout de son nez fictionnel et tout se délite dans une vague intrigue écrite à la va-comme-je-te-pousse. Disons que c'est un livre qui n'est pas assez travaillé, pas assez relu et pas assez « édité ». D'ailleurs : que font les éditeurs ?

5 septembre 2019.- Journée plutôt ensoleillée dans un genre estival déclinant (21°C). Je n'écoute plus de musique, je ne regarde plus de films, l'actualité ne m’intéresse pas, mes contemporains encore moins. Restent les arbres et plantes, les animaux non rampants, quelques livres aussi. Pour combien de temps ?
« … la vie est un choix. La vie est un songe. La vie est un non-sens. La vie est un pari. La vie est un kaléidoscope. La vie est une gageure. La vie est une évidence. La vie est un voyage. La vie est une salle d'attente. La vie est une défécation. La vie est une eau qui s'écoule. La vie est un jeu. La vie est une habitude. La vie est une vallée de larmes. La vie est une longue suite de délices. La vie est un tire-bouchon, une bobine, un calendrier, une route, une marée, un sablier… On en sortait pas. La vie, la vie, la vie… Trente-trois, trente-trois, trente-trois, toussez, toussez plus fort, encore plus fort. C'était la chanson du train. Trente-trois, trente-trois, trente-trois,.. Pourquoi se laisser enfermer dans un moule, un moule, un moule ?.. Ce serait bon, maintenant ; de sombrer dans le néant, que tout se défasse dans le cerveau, plus de nœuds, de carrefours, comme si de l'eau vous entrait dedans… entrait dedans, entrait dedans, entrait dedans… oui… les genoux de la femme du coin… se laver les mains… si on déraillait… déraillait… déraillait… ce serait bon de dérailler… la vie était un déraillement… la vie était un gouffre… un gouffre… un gouffre… s'enfoncer… s'enfoncer… comme si le corps était piqueté par mille épingles… délicieusement, délicatement… comme si on était submergé par sa propre enveloppe… dans sa propre épaisseur… » (Guérin, L'Apprenti).

6 septembre 2019.- Temps maussade, baisse sensible de la température extérieure (20°C). Spleenétique et ennuyé. Demain, je compte ouvrir la nouvelle plaquette de Jean Philippe Toussaint, mais sans réel élan, rassurez-vous.


3.

8 septembre 2019.- Averses et grande fraîcheur. L'été semble derrière nous. Espérons une demi-saison présentable (15°C). Hier soir, vie sociale, bu un peu. Réveil cotonneux. Lu une bonne moitié de La Clé USB, nouvel opus de Jean Philippe Toussaint. Bitcoins et fermes informatiques, technologie et air du temps, espionnage et paranoïa… C'est assez bien, mais on s'ennuie un peu comme on s’ennuierait un peu en lisant un roman de Toussaint qui manquerait de chair et serait contaminé par Jean Echenoz, cet autre lactescent de chez Minuit.

9 septembre 2019.- Météo morne et fraîche, une météo de pull-over (19°C). Lever 5h00. Labeur. Longue sieste. Toujours un peu las j'ai laissé le Toussaint de côté. Je compte le finir plus tard en espérant qu'ainsi délaissé il prendra un peu de corps. En attendant, picoré dans le Connaissance de l'Est du toqué Claudel, c’est toujours merveilleux.

10 septembre 2019.- Goût automnal (20°C).

Je suis enrhumé,
le nez me pique.
Je suis aussi en colère,
contre l'univers tout entier.
Et puis surtout,
je n'ai plus de goût pour rien.
Tout cela n'est pas très réjouissant.

12 septembre 2019.- Ruade estivale (27°C). Hier mort de Daniel Johnston, avant-hier mort de Robert Frank. Quant à moi je ne me sens pas très bien.

13 septembre 2019.- Journée estivale (28°C). Malade. Regardé deux trois choses sportives sur mon téléviseur. La défaite un peu piteuse de notre équipe nationale de basket-ball, une belle victoire au Tour D'Espagne (qui vaut bien notre Tour à nous). Rien lu.

14 septembre 2019.- Soleil se couvrant, tiédeur (30°C). Still sick. La semaine dernière par délayé ennui et sobre découragement j'avais laissé de côté la Clé USB de Jean Philippe Toussaint en espérant qu'ainsi délaissée elle prendrait un peu de corps et d'âme. Bien m'en a pris puisque la fin de ce court roman veut incontestablement mieux que son début. De la froide intrigue high-tech autour des bitcoins et autres blackchains nous passons au désarroi d'un type qui apprend la mort prochaine de son père. Nous voilà donc dans l’intime, dans l'émotion et j’imagine dans l’autobiographie. Comme rien n'est jamais simple cette fin est belle parce qu'elle ne serait vraiment exister sans ce début que je n'avais de cesse de trouver morne et sans chair la semaine passée. Ce serait donc ce basculement, ce renversement abrupt et en même temps presque imperceptible qui ferait tout le prix de ce roman (et surtout pas le didactisme autour des nouvelles pratiques monétaires dématérialisées). En somme, et pour finir, il va falloir que je mange mon chapeau… d'ailleurs, je le fais, il a un petit goût de cendres.

16 septembre 2019.- Soleil trop bas, soleil gâché (33°C). Le labeur et sa somme d'activités sudoripares derrière moi j'ai pris l'initiative de picorer un peu dans les Papiers Collés de Perros. Résultat me voilà cafardeux aux portes de la déprime, l'ami Perros nous en veut parfois un peu. Mort du jour : Ric Ocasek grand échalas foutrement doué pour la ritournelle. Mort avant-hier : Phillippe Pascal, chanteur expressionniste rennais jadis très adoubé par mon moi adolescent. Tout cela est bien triste.

17 septembre 2019.- Beau temps de type « été indien »(29°C). Mon voisin du dessus, guitariste électrique à ses heures, tente de reproduire tant bien que mal le riff de Money for Nothing depuis pas loin de trois semaines. Je dois dire que le bougre n'est pas trop doué et que mes oreilles souffrent beaucoup. Précédemment il s'était attaqué aux riffs de Cocaine et de Smoke on the water sans plus de réussite. Comme en ce bas monde il faut savoir lutter contre les nuisances léonines tout comme il faut savoir trouver par soi-même des solutions en tout, je compte toquer énergiquement à sa porte et lui proposer d'essayer tranquillement la partie de guitare de Richard Lloyd sur Marquee Moon. Ma sournoise proposition faite j'imagine qu'un peu ébranlé par les diverses difficultés rencontrées les bruyantes velléités musicales de mon voisin s'envoleront assez vite. En tous les cas, tel est mon plan. Pour le reste, rien lu.

19 septembre 2019.- Beau temps plus fris (22°C). Mal au coude droit, impossible de tendre le bras. Même si je n'ai aucune velléité fascisante voilà encore un problème. Malgré cela retour dans les Cahiers du fildefériste roumain Cioran qui parle assez bien de l'ami Tchékhov, de son désespoir latent : « Relu quelques nouvelles de Tchékhov, qui fut mon dieu pendant les années de guerre. Déçu. Il explique trop ses personnages, il fait trop de commentaires sur eux. Ce qui le sauve, c’est son désespoir. Il n’y a peut-être pas d’écrivain qui ait atteint à un si haut degré de désolation. »


To be continued.

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