mercredi 21 décembre 2016

Psychogeographie indoor (72)



« Sur un vaisseau qui fait naufrage, la panique vient de ce que tous les gens, et surtout les marins, ne parlent obstinément que la langue des navigations ; et nul ne parle la langue des naufrages.» (Armel Guerne )


1.

27 juillet 2016.- Suburb of Glasgow. Crachin, vent léger, mais aigrelet (16°C). En regardant par la fenêtre de ma chambre d’hôtel, je vois un pont flottant au dessus des nuages, il n'est pourtant pas si haut, les nuages doivent être bien bas. Glasgow est un peu plus loin, dans un au-delà que je ne peux percevoir.

28 juillet 2016.- Isle of Skye. De Glasgow je n'aurais presque rien vu, une cité grise sous les embruns, des bâtiments rarement primesautiers et le petit cachet des cités saisies par la désindustrialisation massive. La ville derrière moi, la campagne est bien vite là. Le « célèbre Loch Lomond », la vallée de Glencoe, autant d'entités bucoliques au charme pour le moins aqueux. Peu après Fort William, qui vaut le coup d’œil, et laissant le Ben Nevis derrière moi, pris le ferry en direction de l’île de Skye. Traversée sans anicroche sous un quasi soleil.

29 juillet 2016.- Inverness. Malgré les micro-insectes qui y pullulent l'île de Skye est très bien. C'est un endroit où l'on resterait bien échoué en solitaire, je ne le ferai pas, car mon programme est bien trop ficelé pour que je puisse me délier de lui. Après avoir fait un court détour par Portree, village pittoresque où l'on peut croiser quelques touristes égarés, j'ai quitté l'île en empruntant un pont certes fort pratique, mais qui n'a rien de vraiment sautillant. La route qui suit longe le Loch Ness en direction d'Inverness, je n'y ai croisé que moutons, châteaux et joueurs de cornemuse en kilt, pas le moindre monstre sur l'horizon. Pour le reste, il faut savoir qu’ Inverness est une petite citée pleine de charme avec quelque chose de scandinave qui flotte dans l'air.

30 juillet 2016.- Aberdeen. Whisky et Guinness. D'Aberdeen je ne dirai pas grand-chose, elle est grise et il faut peut-être boire un peu pour l'oublier.

31 juillet 2016.- Environs de Perth, égaré au bord d'un Loch qui ne me demandait rien. Un château, de bien beaux jardins, une météo estivale pour l'Écossais commun (soit deux belles éclaircies), du Whisky quelques pintes de Guiness, que demander de plus ?

1 août 2016.- Environs de Perth, toujours égaré au bord de mon Loch. Météo magnifique, belles solleilées, beaux nuages, ciel flandrien. Je ne suis pas plus golfeur que joueur de Jokari, mais je dois dire que St Andrews m'a beaucoup plu. Ses belles ruines, ses links impeccables et ses plages flegmatiques m'ont ravi tout en réveillant le snob aristocratique qui sommeille en moi.

2 août 2016.- Suburb of Glasgow. Visité Édimbourg dans la précipitation. Trop de flux touristique, cependant et pour la première fois depuis le début de mon séjour une vraie météo indigène, brume, « douche écossaise» et quelque chose du bonheur.

4 août 2016.- Congés. Orages (32°C→ 22°C). Retour d’Écosse un peu morose, guère d'envie. Heureusement, Churchill et ses Mémoires de guerre sont là.

5 août 2016.- Congés. Ciel de traîne assez changeant, beaux cumulus (21°C). Still with Winston. Débâcle française, poche de Dunkerque, Mussolini sur son balcon, Churchill raconte tout très bien, sans trop de modestie et alors ?

8 août 2016 → 10 août 2016 : empty slot.

11 août 2016.- Matinée un peu fraîche, plus de tiédeur par la suite (10°C→ 22°C). Les chatouillements ne sont jamais un manquement aux règles de la bienséance. Pour ce qui me concerne je dirai même qu'ils sont les des rares agréments de l'existence. Rien d'autre (et rien lu).

12 août 2016.- Ciel IKB, température idéale, que demander de plus ? (26°C). Je flotte par ondes impétueuses dans une direction que le commun des mortels n’atteint que très rarement.
Toujours rien lu aujourd'hui, est-ce un problème ?

13 août 2016.- Journée ensoleillée (28°C). De la destruction de W.G. Sebald. Guerre et littérature. Bombardements, corps et cendres (une corbeille à linge pourrait contenir une famille au complet). Grande avancée de la modernité qui voit une mère folle de chagrin transporter le cadavre de son enfant réduit à la taille d'une momie lilliputienne. Sebald n'oubliera jamais ces cendres-là, elles seront le terreau de son œuvre.
Pour le reste, je me délite dans une apathie un peu grise où le sautillant n'a pas vraiment sa place.

14 août 2016.- Tiédeur (33°C). Sebald, destruction, sieste prolongée, sport télévisé. Nothing else. Lire Automme allemand de Stig Dagerman.

16 août 2016.- Chaleur un peu fourbe (33°C). Vie sociale et long weekend alcoolisé. Ma petite chose diaristique est bien loin derrière moi, plus je creuse mon horizon, plus elle s’éloigne.

21 août 2016.- Ciel changeant, température idéale (23°C). Un peu d'horticulture matinale, taillé quelques branches et boutures avec l'application non feinte du botaniste averti. Déjeuner léger suivi d'une bienheureuse sieste sur l'une de mes chaises d'extérieur. Dans la foulée, et dans un halo un brin narcoleptique, fini le livre de W.G.Sebald (De la destruction). Dézingage en règle d'Alfred Andersch, écrivain dont j'ignorais tout et qui en prend pour son grade (Sebald lui reproche de travestir sa biographie en utilisant le chemin broussailleux de la littérature…). J'ai l'impression que Sebald est meilleur en « archiviste de la mémoire », je peux me tromper, je n'ai pas la science infuse, je suis plus jardinier qu'autre chose. Puisqu'il faut toujours finir un ouvrage que l'on a eu la bonne opportunité d'entamer outre le Sebald j'ai achevé mon volume des Greguerias de Ramon Gomez de la Serna. Je m'étais un peu lassé de lui et il attendait que je le finisse avec ce petit air plaintif que prennent les livres lorsqu'on oublie des les finir. J'avais tort de me lasser de lui puisque bien que souvent obsolète il recèle d'indéniables merveilles : « La chemise repassée nous attend bras croisés ». Sebald et De la Serna derrière moi poursuivi par le Journal de Stendhal que je suis loin d'avoir fini, encore près de quatre cents pages et du bonheur à saisir : «  Je sens par tous les pores que ce pays est la patrie des arts. Ils tiennent, je crois, dans le cœur de ce peuple la place que la vanité occupe dans celui des Français. » (l'Italie !).

22 août 2016.- Soleil (26°C). Back in Stendhal diary. Nous sommes à Milan le 10 septembre 1811, l'ami Beyle se rend jusque chez un « traiteur » qui lui fait part d'une méthode secrète lui permettant de « bander » plus que de raison. La méthode qui est aussi une recette est très simple, il suffit d'avoir une tarentule à portée de main, de l'occire puis de la réduire en charbon et de la mélanger avec de l'huile d'olive. Le « patient » frotte ensuite la pâte résultant du mélange au pouce de son pied droit et le tour est joué, voilà une belle érection qui commence à poindre. Nothing else.
Rien (ou presque) : Tout ce qu'il y a de bon à gagner d'un sot, c'est son affection.

23 août 2016.- Hausse de la température extérieure. Pour demain la météorologie nationale prévoit du caniculaire, c'est inquiétant (30°C). Encore dans le Journal de Stendhal, l'Italie, toujours l'Italie, il faut bien dire que l'Italie a beaucoup pour elle. Otherwise nothning else, ou presque (je suis morose).

25 août 2016.- Tiédeur mafflue (38°C). Ayant su préserver mon petit intérieur de la grande chaleur extérieure je m'y suis réfugié avec le contentement de l'ours brun aux abords de l'hibernation. J'en suis là, et ce là me convient tout à fait. Pour le reste, rien lu, on annonce une rentrée littéraire pleine d'éxofiction, je suis moyennement inquiet.

26 août 2016.- Canicule ou presque (35°C). Légumineux et entiédi, rien pour moi. Petit tour dans les Cahiers de Cioran, salutairement moroses : « Il faut être ivre ou fou, ajouterais-je de mon côté, pour oser encore se servir de mots, de n'importe quel mot ».
Rien (ou presque) : Y t-il un atoll Burkini !?

27 août 2016.- Inconvenante tiédeur (35°C). « La voix de la cigale couvre les champs, mais son corps tient dans la main. » Réfugié in my small indoor, à l'abri de la chaleur et à l'ombre des démons. Retour dans les Œuvres complètes de Jean Paulhan, l'art du contre-pied et cette façon diablement capricante de bien vouloir tourner autour des mots. Pour Paulhan les mots ne sont pas des signes faisant sens par nature, il faut les aider, leur faire un peu confiance pour que par retour ils investissent le domaine de la pensée. Tout cela pourrait être un brin compliqué, cela ne l'est pas tant que ça.

28 août 2016.- Nuages, trois gouttes tièdes (32°C). J'étais avec Paulhan et ses mots, les conditions lectorales semblaient épatantes, pas de bruit parasite, une chaise de jardin et un petit air frais matinal, et voilà que je me suis endormi, sans ostentation, discrètement avec la quiétude du vieillard qui part déjà un peu. Je me suis réveillé bien plus tard, j'ai déjeuné un peu, puis après une nouvelle sieste qui s'imposait d'elle-même j'ai laissé choir Paulhan et suis retourné dans les Journal de Maurice Garçon. Débarquement en Silice, démission du pantin Benito, on croise Paulhan deux trois fois, je ne me suis pas rendormi.


2.

29 août 2016.- Ciel globalement nuageux et petit air frais, pas de quoi se plaindre vraiment (25°C). Barbouillé et légumineux, rien de bien réjouissant. Lu quelques peccadilles dans le seul quotidien national sportif. Pour le reste saviez-vous que j'ai « roulé » ma première pelle pas loin de La Baule, à Pornichet ? C'était en 1977, j'avais onze ans, Elvis Presley est mort le lendemain…

30 août 2016.- Encore un peu de tiédeur latente (29°C). Cioran n'aimait pas Victor Hugo, que voulez-vous cette œuvre replète, cette vie trop remplie, rien de vraiment intéressant. Quant aux écrivains en règle générale : « L'idée de rencontrer des écrivains me rend positivement malade. Retrouver ses propres défauts en pire est intolérable. Et puis on ne peut supporter de plus vaniteux que soi. »

2 septembre 2016.- Tiédeur (35°C). La chaleur étant ce quelle se trouve être une petite troupe d'araignées a investi mon indoor le trouvant certainement plus frais que l'outdoor. Pour le reste, je ne sais plus écrire et suis plus proche du légume vexé que de toute autre chose. Rentrée littéraire, lire California Girls de Simon Liberati.

3 septembre 2016.- Ciel gris jaune, quasi souffreteux (32°C). Largement entamé California Girls de Simon Liberati. Manson et sa famille de hippies en goguette, le massacre de la Villa Polanski, l'horreur qui monte, qui est là, qui ne retombe jamais vraiment. Liberati est si diablement informé qu'il restitue tout cette saumâtre histoire avec la précision maniaque du type qui en sait beaucoup trop. Malgré cela il n'est jamais vraiment dans la délectation voyeuriste et si le meurtre et l'agonie de Sharon Tate sont racontés avec moult détails émétiques, il y a plutôt une étonnante émotion qui rôde plus que tout autre chose.

4 septembre 2016.- Nuages (28 °C). Au loin un volatile indéfini gazouille mollement, un reste de tiédeur flotte, je m'ennuie solidement. Manson étant un personnage trop intéressant pour être vraiment intéressant, Liberati se concentre donc sur les filles qui elles présentent l'avantage de pouvoir êtres un peu modelées dans le sens du romanesque : « … les filles sont plus intéressantes et émouvantes, car, elles se sont vraiment données, corps et âmes, amoureusement, au mal. Elles valent plus que Manson qui, pervers manipulateur, n’avait qu’un souhait : retourner en prison en entraînant le plus d’âmes possible dans sa chute » (In Le Monde). Otherwise 1969 année du désenchantement, année d’Altamont et des affaires Tate-Polanski-La-Bianca, celle du grand retour du mal et de ses mythologies

5 septembre 2016.- Averses, baisse sensible de la température extérieure (22°C). « Orange sunshine », Methedrine et petits canifs Buck. Chez Liberati on saigne les « cochons ». Il faut toujours se méfier des hippies en goguette. Nothing else.

6 septembre 2016.- Ciel nettoyé, du vent (27°C). Le labeur derrière moi, sieste et jardinage, deux chapitres du Liberati que j'ai lus en pensant qu'ils étaient convenablement distrayants (ce qui s'agissant de ce livre, est une pensée assez horrible).

9 septembre 2016.- Beau temps chaud, un peu d'air (31°C). Le « groove cosmique et brinquebalant » de Sun Ra me berce. Je somnole nébuleusement. Les mots m'abandonnent. Rien ne peut plus m'atteindre.

10 septembre 2016.- Tiédeur tardive, indian summer ? (29°C). La dernière partie de California Girls oublie le factuel morbide et vadrouille dans la « transfiguration littéraire ». il y a plus d'air, les fenêtres de la fiction sont entrebâillées et même si l'odeur des cadavres persiste à vouloir encore flotter un peu on respire mieux aux abords du Topanga Canyon.
J’enchaîne avec Cinq sorties de Paris, un recueil de textes où Henri Calet s'aventure hors des arrondissements parisiens. L’Algérie, le Gévaudan, la Loire et la Garonne, autant de contrées périlleuses.

11 septembre 2016.- Soleil voilé, grande chaleur (33°C). Je ne sais plus écrire, j’ânonne. N’ayant aucun lecteur, ce n'est pas un problème en soi.
Fini Cinq sorties de Paris qui s'est avéré être un formidable petit livre. Calet descend la Loire, ce fleuve qui est aussi un boulevard de rois, de reines et de poètes (on peut y coudoyer Max Jacob, Charles d'Orléans, Villon, Ronsard ou La Fontaine), ce fleuve bordé de châteaux qui sont autant de paradis accueillants où l'on passe des nuits reposantes (Chambord est un régal, un dessert somptueux et une « pièce montée fantasmatique qui serait l’œuvre d'un facteur Cheval aux moyens illimités »). Plus loin le fleuve disparaît dans l’atlantique : «  Mais un fleuve ne meurt point vraiment. Ce mouvement qui ne finit pas, c’est celui d’une artère qui porte le sang à son cœur. Et il se trouve que le cœur de la Loire, c’est l’Océan. Une histoire qui n’aura probablement pas de fin ».
Après avoir descendu la Loire Calet remonte la Garonne, du Médoc, de Malagar et du tombeau de Toulouse-Lautrec jusqu'en Espagne et ses portraits du Gaudillo accrochés un peu partout on se demande bien pourquoi. Merveilleuse remontée, est-il utile de le préciser ?

12 septembre 2016.- Chaleur inutile, ciel bleu gâché (33°C). Malade et sans entrain. Aujourd'hui ce fut Jaccottet sur Cingria, un Suisse conséquent sur un autre Suisse conséquent. À vrai dire deux beaux loustics à la plume gracile : « Je rappellerai seulement un souvenir ; au coin de cette même rue Bonaparte et de la rue du Vieux-Colombier, il y a un café-tabac ; nous nous étions attablés dans ce café pour attendre un ami avec qui nous devions passer la soirée. L'ami ne venait pas ; son retard devenait presque insolent ; Cingria, qui était fort susceptible, s'en affectait, tandis qu'un orage s'était abattu assez brusquement sur Paris, avec une grande violence. Cingria, inquiet, m'avait vivement incité à nous garer dans le fond de la salle : " il y a comme ça des éclairs, vous savez, hein ! des éclairs en boule qui se précipitent tout à coup dans les cafés, comme des consommateurs… "»
Rien (ou presque) : L'air suisse se boit.

13 septembre 2016.- Toujours cette chaleur vraiment trop hors de saison pour espérer être honnête (35°C). Labeur ultra matinal, sieste prolongée, arrosé plantes et fleurs. Par ailleurs ces quelques lignes de Cioran qui auront fait ma journée (avec l'arrosage et la sieste) : « L'artiste qui cherche l'extraordinaire à tout prix et d'une manière constante lasse vite, car rien n'est plus insupportable que la monotonie de l'insolite. Il n'y a pas d'art véritable sans un minimum, que dis-je ? sans une bonne dose de banalité. »

15 septembre 2016.- Vent, baisse de la température (23°C). Les jours de labeur me laissent avec le cogito en berne , je me repli généralement sur du fragmenté. Ainsi aujourd'hui je me suis contenté de quelques éclats chez Jaccottet, Cioran et Joubert. Jaccottet parlait très bien de Giorgio Bassani, Cioran était maussade en bien, quant à Joubert il persistait à vouloir être impeccable : « Naturellement, l'esprit s'abstient de juger ce qu'il ne connaît pas. C'est la vanité qui le force à prononcer, quand il voudrait se taire.»


3.

17 septembre 2016.- Ciel couvert, chute vertigineuse des températures, quasi-froideur (16°C). Pour l'Européen de base l'Indonésie semble être une contrée appartenant à une autre planète, pire c'est parfois une contrée qui n'existe pas du tout ! Que voulez-vous la distance ne fait rien pour cet aréopage de grosses îles cabotant entre Asie et Océanie. Jakarta a beau être la seconde agglomération la plus peuplée au Monde, l'Indonésie a beau être remplie de plus de 250 millions d'âmes, cela ne compte pas vraiment dans la « grande marche » de notre monde à nous. Dans l’Anthropologie n'est pas un sport dangereux c'est pourtant cette contrée que l’impeccable Nigel Barley visite. En bon scientifique anglais, il le fait en sautillant et n'oubliant pas tous les humains souriants qu'il peut croiser sur son passage. Voilà un livre fort drôle – enfin, les cent pages que j'ai lues aujourd'hui étaient fort drôles – et qui bien malgré sa drôlerie nous apprend une foultitude de choses : sur les us et coutumes des Indonésiens, leurs multiples langues et leur façon de traverser les rues à Jakarta.

18 septembre 2016.- Pluie continuelle, fraîcheur (14°C). Nigel Barley n'est pas un anthropologue comme les autres, il mène sa petite entreprise scientifique par petits bonds capricants, il croise des autochtones plus souriants les uns que les autres, évite quelques sangsues et utilise des transports pour le moins aléatoires. À Célèbes (ou Sulawesi) il se perd un peu, retrouve son chemin facilement, car il n'a pas vraiment de chemin à suivre. Le voilà dans les montagnes au milieu des torajas, tout est pour le mieux .

19 septembre 2016.- Soleil, fond de l'air encore frais, tout cela très moyen. Lombalgie, dorsalgie, gonalgie. Rien lu.

20 septembre 2016.- Labeur. Ciel globalement nuageux (20°C). Je n'y suis plus. Jeux ni suie plus. Jeune y suit plus

22 septembre 2016.- Ciel bleu-blanc, douceur (23°C). Deux strips de Charles Monroe Schulz. L'ami Charlie est toujours des miens. Dernières acquisitions : quatre volumes d'Henri Thomas (La relique, La nuit de Londres, Un détour par la vie, Une saison volée), un volume de Valery Larbaud (Aux couleurs de Rome).

23 septembre 2016.- Belle journée, mais soleil trop bas, un soleil d'automne (23°C). Lever 6 heures. Labeur. Courte sieste. Retour en Indonésie avec Nigel Barley. Conditions lectorales déplorables — deux voisines caquetant telles deux poules étêtées – mais toujours beaucoup de plaisir à prendre. On fume des cigarettes aux clous de girofle, on ne s'en fait pas trop. Fini l’ après-midi loin de l'Indonésie avec un Joseph Joubert pirouettant autour de Platon :  « Platon se perd dans le vide ; mais on voit ses ailes : on en entend le bruit. »

24 septembre 2016.- Belle journée dans le genre estival tardif (23°C). Les fins d'étés et les débuts d'automnes ne favorisent pas la lecture en extérieur. Le soleil est bas et les ombres portées trop là pour vraiment réjouir le lecteur. Ainsi, j'ai passé mon après-midi à chercher le soleil tout en tentant de lire anthropologie sautillante de Nigel Barley. Le tout fut assez problématique : mon petit extérieur est entouré de beaucoup trop d'arbres pour la saison et j'ai dû déplacer ma chaise de lecture pas loin de quatre fois ! Imaginez mon embarras et le côté périlleux de l'opération. Pour en revenir vraiment à Nigel Barley et à ses lointaines pérégrinations, il faut savoir que l'Indonésie est une contrée où l’autochtone trouve Margaret Thatcher fort belle, et où les carrefours des routes sont les centres des activités nocturnes. Les gens viennent s’asseoir, le regard vide, enroulés dans leurs capes et contemplant les rues désertes. Je ne parlerai pas des enterrements qui sont immanquablement croquignolets et joyeux. Il faut dire que l'on enterre le décédé quatre ans après son trépas. Le cadavre n'est plus qu'un sac d'os qui fait des bruits rigolos. Je ne parlerai pas non plus des chrétiens torajas qui appellent Dieu Allah, de la façon, d'égorger les buffles ou d'écraser les chiots, et je finirai par cette jolie citation : « Même les bêtes impures sont l’œuvre de Dieu et l'homme qui les tue est un idiot. »

25 septembre 2016.- Soleil de plus en plus voilé au fil de la journée. Sur le tard une armée de nuages noirâtres un peu patibulaires. L'été serait-il derrière nous ? (26°C). Dans la dernière partie de l’Anthropologie n'est pas un sport dangereux Nigel Barley retourne à Londres avec une petite clique d’ indonésiens dans ses bagages. Ces indonésiens là artisans et sculpteurs sur bois de leur état auront pour but la construction d'un grenier à riz dans l'une des nombreuses salles du British Muséeum. Tout en accomplissant leur tâche, ils découvriront Londres et la vie occidentale ce qui ne manquera pas de provoquer quelques quiproquos savoureux. Que voulez vous l'indonésien téléporté n'engendre pas la mélancolie et il sautille plus qu'à son tour dans le cocasse : « Les premiers jours, deux choses les troublèrent par-dessus tout : le silence sinistre dans lequel vivaient les Anglais et le papier toilette. Où étaient les bruits des lecteurs de cassettes, les coups de klaxon, les appels des vendeurs de rue, les cris d’enfants ? Ils n’arrivaient pas à dormir la nuit. On n’entendait que les chouettes, toujours terrifiantes, associées à la sorcellerie. Pour les Torajas, la marque d’une bonne maison et d’une famille heureuse, c’est l’agitation, les enfants et un flot perpétuel de visiteurs qui rendraient fou un Occidental. Ils finirent par faire hurler de la pop music pour s’endormir ».


To be continued.


Aucun commentaire: