8 février 2015. Kristin Hersh – Hips and masers (1994) J’ai un don assez peu sautillant pour attirer les filles à problèmes, les lunatiques, les dépressives, les brisées de l’intérieur et même parfois les brisées de l’extérieur, les Kristin Hersh en somme. Qui se ressemble s’assemble allez savoir? En tous les cas, j'ai toujours écouté ce disque comme s'il m'était destiné, alors qu'il n'était évidemment destiné qu'à Kristin Hersh elle-même. C'était sa façon de faire le point après avoir laissé les Throwing Muses de côté, divorcé et perdu la garde de son fils, il y a de moindres traumatismes… Un « exorcisme » d’apparence assez calme, mais bien plus trompeur qu'il n'y paraît. Je ne referais pas l'histoire, vous qui êtes ici savez évidemment déjà tout : la patte discrète de Lenny Kaye, une guitare acoustique, un violoncelle quelques notes de piano au service de chansons plus poignantes les unes que les autres. Parmi ces chansons la plus connue est certainement Your Ghost chanté avec Michael Stipe, un classique sur l'os, mais il y a bien d'autres choses, par exemple cette lettre jamais envoyée, mais chantée (The Letter), je l'écoute à chaque fois avec un pincement au cœur, un peu comme si elle m'était personnellement destinée.
Pour faire bonne mesure d'autres filles écoutées au creux de la nuit : Lois et Rose Melberg.
9 février 2015. Je dois avouer avoir laissé tombé Frank Black après son troisième album sans les Pixies (The Cult of Ray). Ses deux premiers albums étaient formidables celui-ci ne l'était qu'à moitié alors pourquoi vouloir insister plus que ça? Pourquoi risquer d'être déçu par une suite de carrière que je pouvais imaginer par avance un tantinet redondante? Ces deux trois disques me suffisaient et me suffisent toujours amplement, je les écoutes de temps à autre, une ou deux fois par an, avec toujours le même air satisfait (Freedoom Rock ou Los Angeles sont encore des machins formidables avec tout ce qu'il faut là où il faut.) Frank Black a peut-être fait mieux par la suite, je ne sais pas, j'ai des doutes. J'ai l'impression que ses motifs sont un peut trop ténus pour que je m'ennuie pas en les découvrant attaqués sous d'autres angles. J'écouterais ses « nouveaux » disques lorsqu'il seront l’œuvre d'un vieux exténué.
10 février 2015. David Blue with Jackson Browne – Radio Sessions (1972/73) Cette merveille est certainement ce que David Blue aura enregistré de plus beau Ce n'est pourtant qu'un bootleg monté à partir de deux séances radios avec Jackson Browne Les deux dissertent plaisamment et de temps à autre saisissent leurs guitares et se mettent à chanter avec le relâchement de ceux qui savent. Le résultat est magnifique, les chansons de David Blue débarrassées des oripeaux de l’arrangement semblent léviter avec une toute nouvelle légèreté et tout est vraiment pour le mieux. (ce bootleg est téléchargeable à cette adresse là, ne me remerciez pas et écoutez surtout les deux derniers titres, deux vraies merveilles)
11 février 2015 Roaring Lion – Sacred 78' s (1994) Ah ! Voilà le soleil ! Nous allons peut-être enfin retrouver un peu d'entrain, un peu de ferveur sautillante ! Nous allons peut-être pouvoir réécouter des disques pleins de cyan, de magenta, autant de gouaches iridescentes et de couleurs éclatantes, loin de gris et du ton sur ton, d'ailleurs là voyez-vous, je sautille!
Prenons ce disque de Roaring Lion (le plus grand chanteur de calypso sur le marché), c'est un spicilège de 25 titres choisis dans la multitude de ceux qu'il aura enregistrés entre les années 30 et le début des années 60 (du siècle dernier). Des splendeurs, tantôt sautillantes, tantôt romantiques, tantôt concernées par la marche du temps (il y a une chanson consacrée à Mussolini) et toujours chantées avec un entrain trépidant; un entrain trépidant communicatif, forcement communicatif.
12 février 2015. Je saute du coq à l’âne des Caraïbes à Detroit, retour de froideur, mais de l'âme dans les machines. Passant du « séminal » Juan Atkins, de Cybotron et de Model 500 aux productions d'Underground resistance, de Suburban Knight à Drexciya, de feu James Marcel Stinson à Dj Rolando et son sublime, forcement sublime Jaguar, un bidule technologique comme on en rencontre peu.
Décès de Steve Strange, figure historique du Londres early eighties, quasi inventeur de la mode néo-romantique à lui tout seul. À l'époque je trouvais tout cela aussi assommant qu"un congrès de garçons coiffeurs en goguette, j’ai du changer d'avis puisqu'aujourd’hui je trouve Fade to grey formidable
13 février 2015. Smog – Burning Kingdom (1994) Un EP, quatre vignettes de tristesse concentrée. L'habituel désespoir froid de Bill Callahan et une chanson chantée pas sa compagne de l'époque Cynthia Dall (Renée Died 1:45). Voix frêle et guitare fragile pour une histoire terrible. La chanson idéale pour un vendredi 13 saumâtre.
14 février 2015. Any Trouble - Where Are All the Nice Girls? (1980) Sur les rares photos qui traînent ici et là le chanteur d’Any Trouble, Clive Gregson, ressemble à un croisement impoli entre Elvis Costello et Joe Jackson, grosses lunettes moches et calvitie malencontreuse. La musique d’Any Trouble est comme ça aussi, on dira 70 % de Costello pur sucre avec l’orgue des Attractions en moins (si vous voyez la chose), 25 % Jackson ramassé Power pop. Le reste est également quantifiable : la clique pub-rock raide de chez Stiff records et bien évidemment Brinsley Schwarz, presque l'inventeur fortement oublié du genre Brinsley Schwarz (avec Nick Lowe dans le fond), notez bien ce nom-là Brinsley Schwarz, Nervous on the Road l’album de 1972 un chef-d'œuvre, mais très modeste. Le disque d'Any Trouble lui n’est pas un chef-d'œuvre, mais une chose agréable, incontestable dans sa fraîcheur pub rock de serie B; une chose assez ironique qui parvient à rester pensive et intelligente sans jamais dégringoler dans la prétention (Costello’s Touch).
Pour le reste, on dira que la production est sèche et les lignes de basses hyperactives; une musique pleine d'intuitions promptes, absolument pas révolutionnaire, complètement classique, dominée par elle-même en somme… écoutez Girls Are Always Right pour vous faire une idée.
Pour en revenir à cette période les premiers disques de Costello sont indispensables jusqu’à Trust avec Get Happy ! en point d’orgue… Les deux premiers Joe Jackson sont merveilleux — c’était avant sa reconversion ennuyante en chanteur de Jazz jonaszien — et Nick Lowe et Dave Edmunds sont très bons aussi et d'ailleurs Ian Dury est le plus grand super héros polio du monde et même Wreckless Eric n’est pas si mauvais que ça.. Qui se souvient de Wreckless Eric hein?
1 commentaire:
Merci...je me surprend à attendre votre chronique audionaute chaque semaine
Enregistrer un commentaire