Belle pochette monolithique, beau disque presque homogène. On oubliera les titres trop rapides, leur côté tout venant wock, pour se concentrer sur les titres plus lents, parfois plus mid-tempo, parfois plus semi mid-tempo, en tous les cas, moins véloces, plus ronds et recentrés... C'est ce qu'il faut préférer chez ces « chèvres de montagnes », cette fausse lenteur qui n'en est pas vraiment une, cette rondeur d'inspiration et ce savoir-faire qui ne se fait sentir qu'en bien (quatorze albums tout de même !). Outre toutes ces choses il faut aussi préférer et aimer les histoires racontées par John Darnielle (le chef des chèvres de montagnes), autant d’histoires où il rencontre tour à tour un vampire, un fantôme, une vieille chanteuse morte qu’il autopsie aimablement (Judy Garland), une autre, sa fille, pas tout à fait encore morte et qui persiste devant le scalpel (Liza Minelli forever). Si les chansons de Darnielle sont bourrées de métaphores cinématographiques et de second degré cultureux, elles sont parfois plus elliptiques, énigmatiques avec des personnages un peu décalés, angoissés et frappés par la crainte, mais toujours chantés avec cette souplesse qui fait la différence… Il faut aussi dire que pour le reste l’humeur globale n’est pas affligée, que si dans presque toutes les chansons qui composent ce disque la déception rôde elle n’est jamais emmenée vers l’affliction, mais plutôt vers l’apaisement et la décontraction. Les « chèvres de montagnes » ne sont pas là pour la scarification, mais pour la satisfaction du client, c’est une chose importante à savoir.
Pour finir il faudrait peut-être aussi parler de la qualité de finition, de ce piano, de ces deux trois beaux arrangements de cordes. Bref on pourrait à peu près dire de ce disque de « folk rock boisé rempli de bonnes histoires» qu’il est idéal pour accompagner un printemps naissant, en tous les cas il n’est pas là pour nous faire du mal.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire