Siniac est mort oublié, et même oublié au sens farci du terme, on a découvert son corps en voie de putréfaction avancée, ses voisins auront été alertés par l’odeur du cadavre plus que par ce singulier bonhomme d’ont ils ignoraient tout … grande avancée de l’inhumanité, de l’égoïsme, pas certain ? Assurément les romans de Siniac ne parlent que de l’inverse comment les rapports humains à la fin, sont principalement terrifiants, et n’entraînent que jalousies et merdoiements divers, trop humains, décidément trop humains sommes nous, comme le marmonnait la raz du coup plombée-plombante Marguerite.
Le tourbillon respecte ce programme à la lettre, la vie n’est que chiennerie et vilenies sur laquelle flottent au gré du temps quelques momentanés instants de bonheur, avec cette certitude première, l’homme par nature est mauvais, moins on en voit, mieux on se porte, mais pas en voir au bout d’un moment cela décalcifie un poil le ciboulot, et on finit généralement assez mal, foldingue en sortant de la caverne ou cadavre tout sec et tout seul, merde alors !!
Le tourbillon est un roman noir multivers, un puzzle, un coup de dés sournois à travers le temps et l’espace où avec les personnages, on passe par le milieu parisien des années 30 (Leo Malet et Louis Ferdinand) par la patibulaire rue Lauriston et la Gestapo (la Gestapo française Monsieur !! ) Pour finir dans un point de fusion cathartique, un accident d’automobile en 1975 sur une route de bourgogne où toutes les pièces du puzzle se rejoignent dans l’explosion d’un camion-citerne… force du destin, un coup de dés n’abolit pas le hasard aussi facilement.
Comme chez Clouzot et avec le Vigan, le bien, le mal ça balance pas mal, de vrai faux collabos, des maîtres chanteurs sordides, un fils de famille dégénéré albinos, des personnages féminins pas gâtés par le destin (presque des saintes toujours bafouées), mine de rien une grande connaissance des milieux de toutes sortes, une grande exactitude dans la description d’une France provinciale … Quimper, la Bresse, Belfort, Auxerre … et surtout des personnages qui existent presque tous, chevaleresques ou ignobles, parfois touchants … pour faire court on qualifiera le style de post-célinien. le roman est assurément too much, presque délirant dans ses multiples concordances et jointures scénaristiques. Ce trop plein, ce coté pantagruélique, obèse presque, fait comme toujours la force et la singularité de Siniac. Rabelais devait être un type sympathique, lui aussi … enfin selon ses voisins on ne sait pas, ils n’ont rien écrit sur lui eux ! Pauvres cloches !
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