dimanche 18 janvier 2009

Gordons - Gordons (1981)



Allez savoir pourquoi j’ai toujours beaucoup aimé cet album, un petit tas sous les fagots, sorte de tumulus amoindri au milieu de l’humus, un peu caché derrière du plus conséquent mais néanmoins néo-zélandais : Bats, Clean, Verlaines, Chills tout le tremblement, la clique des nones volantes, si vous-voyez…
Quand j’aurais un plus de temps, et moins de flemme latente, il faudra que je vous parle un peu plus de ces nones là, du « rock néo-zélandais » de cette belle incongruité qu’est le « rock néo-zélandais »: un pays lointain, l’imagination qui tremble sur les mers du sud, qui se nourrit de cette distance ; la Nouvelle-Zélande c’est un peu une autre planète et les disques qui nous arrivent de cette planète là ont toujours quelque chose de singulier, de curieux, de curieusement curieux … parce que simple, terriblement simple…
Le disque des Gordons est donc comme ça, simple et curieux, simple puisque post-punk mais sans le pire, sans la hype raide et ses faux camusiens ontologiques et attenants... curieux car d’un autre hémisphère, presque d’une autre planète, avec de l’imagination, l’imagination imposée par la distance et l’idée de ce que pourrait être le post-punk sans les oripeaux de la rigidité malvenue, on dira pour simplifier, de la sincérité, de la fraîcheur et de la rigidité bienvenue…
Prenons « Spink an Spank » cette belle entrée en matière qui déboutonne parfaitement l'ensemble , du early Go betweens plombé qui soutiendrait une sorte de Mark E. Smith rescapé d’une bien équivoque chute ; même sarcasme dans la voix, même mélancolie explosive, même guitare en ruine, anti-funk au possible, même non-mélodie qui tourne au vinaigre… la mélodie du malheur ?
Prenons le reste… « Coalminers Song » du Sonic Youth sans alibi arty, les petits-fils du Velvet avec le fictif des mers du sud au fond de la bouteille… « I just can't stop » raide et au cordeau comme du punk californien (Flipper, Sleepers)…« Laughing now » un drole de blague qui tue, du Père Ubu sans les nuages de méthane surplombant Cleveland, les embruns océaniques ne sont apparemment pas meilleurs pour l’humeur…
Vous apprécieriez ou non ce disque, d’aucuns semblent le toiser d’une condescendance pour le moins chafouine, sachez seulement que pour ma part, n’en déplaise aux chafouins, je l'estime modestement à une hauteur qui me semble juste : L’altitude d'un « joli » tumulus amoindri au milieu de l’humus, c'est la bonne mesure.

PS : Le premier non-maori à entre apercevoir les côtes de Nouvelle Zélande fut Abel Tasman un hollandais flottant, nous aborderons peut-être un jour le post-punk batave, Mecano, The Thought, Ensemble Pittoresque et tout le tremblement poldérisé.

3 commentaires:

Julien Lafond-Laumond a dit…

Blog excellentissime (je suis tombé dessus en fouillant le net à propos de This Heat). Je suis frustré pour toi qu'il soit aussi peu lu.

Tiens, je te mets en lien sur notre blog : des-chibres-et-des-lettres.blogspot.com

Bonne continuation !

Philippe L a dit…

Merci beaucoup pour le lien. Quant à être lu, vaste programme...

Anonyme a dit…

The Gordons : je connaissais pas, je vais essayer de trouver ce disque... à Christchurch ou Dunedin, dans quelques jours! Vivement ton article sur le "kiwi rock", mec.
P.S. : que vaut "Bird dog" des Verlaines ?