C’est un secret, je tourne autour depuis bien longtemps, une curieuse appréhension, un atermoiement coupable au creux de l’estomac ; les secrets les moins partagés sont les mieux préservés.
Du reste à force de tourner autour de cet aérolithe incongru mes circonvolutions se sont transformées en une suite de lentes cabrioles. Aurez-vous la souplesse, et l’obligeance, de bien vouloir pirouetter mollement en mon encombrante compagnie ? Les aérolithes licencieux, vous effraient-ils ? Etes vous suffisamment souples et mous ? Grandes questions ! Me voilà avec de la crainte au coin des oreilles. Pour vous convaincre, vous apporter sur un plat argenté d’éventuelles réponses, Il va encore falloir que j’argumente, que je prouve et démontre savamment, alors que je suis si fatigué et si las de tout, toujours un peu souple, mais las, très…
Cependant Allons-y, Alonzo !
Notre aérolithe incongru du jour est un private press hawaïen enregistré un jour de 1973. On imagine un jour de soleil, il y a plus de soleil à Hawaï. A son écoute on s’invente pour soi-même des diamants psychédéliques, des vagues pacific ocean blue, un paradis tropical, le mystère de la jungle luisante dans la rosée du matin.
C’est, en fait, un bidule folk et bizarre avec un air décontracté, proto post acid-folk et anti-folk avant l’heure pour tout dire. Musique populaire hawaïenne, flûtiaux et guitares en bois... dulcimer, tabla, sitar et ukulélé avec des petites sautes électroniques en suture… Voilà pour l’orchestre. Pour le reste nous sommes devant de l'irréel, oui principalement de l’irréel ! Du flottant avec des voix aériennes de petites filles éthérées… Vous voyez bien ces adolescentes pâles sous le soleil ; ce quelque chose qui tourne autour d’elles, s’élève et les traverse ; cette lumière qui s’anime et les envahit . De l’allégresse et un grand calme. Une quiétude profonde et durable, du charme tissé d'or....Nous voilà inaltérables, domptés et en même temps indomptables.
S' il y a dans ce disque une chanson en espagnol avec un garçon de passage bien palpable El Rey Pascador, le roi des pêcheurs… c'est surtout un disque de jeunes filles vaporeuses ... Alors oubliez Cocorosie et sa demi-Billie Holiday, oubliez la petite Bjork sur sa banquise comme Jacques Tourneur oublie Louis Jourdan sur un récif à la fin de la Flibustiere des Antilles, oubliez Stina Nordstam, je suis son Barbe Noire. N’oubliez pas Allison Staton, elle est inoubliable…. Voilà écoutez This Trails ! Vashti Bunyan dans la jungle, Claudine Longet sans le smart dry martini et les pistes de ski, Françoise Hardy… Bref n’oubliez pas d’écouter ce disque il est trouvable dans de semi-légales officines virtuelles, et n’oubliez pas de tourner autour comme l’austronésien tourne autour de l’aérolithe incongru.
PS : Nous poursuivrons bientôt les débats par un doct : Importance du Ukulélé dans la musique populaire américaine. En attendant et pour patienter procurez-vous la compilation From Papeete to Teshupo.
3 commentaires:
à la lecture de ta chronique, cher ami, j'ai l'impression d'un objet qui fondrait en un même élan païen Skip Spence, Alain Péters, Exuma et des Beach Boys encore insouciants... Et souvenons-nous du panégyrique de Hawaii par Jack London, qui donne envie de s'y exiler toutes affaires cessantes. Bref, voilà qui promet.
Merci mille fois. Depuis le temps que je voulais faire une petite soeur à l'Eden's Island d'EDEN ABEHZ de 1970. Certes la toute dernière a trois ans de moins (1973), mais je pense qu'ils vont bien s'entendre. Je les entends déjà jouer avec Linda Perhacs dans le jardin ...
Excellent papier pour un excellent disque, redécouvert cette année via sa réédition chez Drag City je crois.
Perso, c'est cette nouvelle version qui me l'a fait découvrir.
Un album acid folk/psychédélique teinté d'ethno folk comme une version féminine de Six Organs Of Admittance.
D'ailleurs, on pourrait l'imaginer comme la bande son d'une messe païenne ou d'un rituelle chamanique, le croisement entre SOOA et CocoRosie version lo-fi ethno !!!
A +
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