lundi 15 mars 2010

Terence Boylan - Terence Boylan (1977)



En me réveillant ce matin après une nuit de rêve agitée, je me suis retrouvé, dans mon lit, métamorphosé en une chose incongrue. J'étais sur le dos, un dos aussi souple que mon édredon, et, en baissant un peu la tête, j'ai vu, bombé, soutenu par des abdominaux fermes et admirablement dessinés, mon torse bronzé sur le haut duquel ma couverture, prête à glisser tout à fait, ne tenait plus qu'à peine. Mes bras, biceps et triceps, musclés, dansaient harmonieusement sous mes yeux bleus javellisés.
« Que m'était-il arrivé ? » Ce n'était pas un rêve. Ma chambre, une vraie chambre humaine, juste un peu trop petite pour un corps si épanoui, était là tranquille entre ces quatre murs que je connais si bien. Au-dessus de la table où était déballé un assortiment de vins fins - je suis courtier en vin - on voyait accrochée la pochette d'un 33 tours du groupe jazz-rock Steely Dan. Sur cette pochette il y avait une femme asiatique qui semblait disparaître dans le noir.
Mon regard s’est ensuite tourné vers la fenêtre, et le temps presque printanier ; une musique montait... Ma chambre semblait modelée par cette musique qui montait ; je ne me suis donc pas rendormi laissant le charme latent de cette musique montante m'envelopper.

Ah ! oui cette musique montante, ce charme latent, « diapré et peaufiné », il provenait de ce disque de Terence Boylan qui tourne encore, là (on se demande bien comment et pourquoi...) Je vous mentirai en vous disant que c'est un disque plein d'aspérité et d'accident, il est plus lisse que mon nouveau torse épilé, plus glabre et lustré que mon admirable coude gauche ; je ne vous mentirai pas non plus en vous disant que c'est un disque antipunk au possible (c'est même un disque antonymement punk pour un disque sorti en 1977) ; on y retrouve toute la crème des habiles techniciens west-coast (Donald Fagen , Don Henley, toute la clique javellisée...), dedans il y a des harmonies comme chez les Eagles, de la perversité matoise comme chez Steely Dan, des mots adult-rock, des amours perdus, de la « réflexion » et de la maturité comme chez Jackson Brown ou Joni Mitchell... Bref tout ce qui devrait accabler un vieux punk accablé, tout ce qu'un récemment « métamorphosé » fan de musique décontractée est censé adorer.

P.-S. Une moustache me pousse, j'ai des UV à rattraper...



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