samedi 28 juillet 2018

Pillows & Prayers - Cherry Red Records (1982-1983)



Il ne faut pas se fier au titre de ce spicilège paru en 1982, il n'est pas vraiment consacré aux oreillers et aux prières, mais plutôt à quelques extraits bien choisis du catalogue de l'impeccable label indépendant Cherry Red Records. Dix sept titres « d'underground tranquille » où l'on peut retrouver une petite synarchie blême début eighties. Ben Watt tout seul, Tracey Thorn toute seule, Ben Watt et Tracey Thorn, soit Everything but the Girl dans sa plus entière globalité,Tracey Thorn encore mais cette fois-ci avec les délicieuses Marine Girls (Lazy Ways merveille paresseuse et bancale), les indispensables Monochrome Set avec leur vrai Prince hindou et une ode raide à F. W. Murnau, l'encore bien jeune Lawrence Hayward qui s'écroule dans la beauté antiseptique, les très peu primesautiers Eyeless in Gaza qui psalmodient sur fond de guitares passées au papier de verre et de synthés rouillés, le one hit wonder man Joe Crow et son extraordinaire Compulsion, le vétéran siphonné Kevin Coyne dans une forme paralympique, The Passage ce grand petit groupe oublié (j'insiste) et son faux tube tonitruant Xoyo, Five Or Six cet autre grand petit groupe oublié, tellement oublié que je dois être seul à le connaître dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le recto de la pochette est très bien, il y a plein de petites photographies où les protagonistes évoqués plus haut sont selon leur humeur tristes ou rigolards mais toujours dépeignés. À titre d’information, je vous indique l'adresse de Cherry Red : CHERRY RED RECORDS LTD.BISHOPS PARK HOUSE, 25-29 FULHAM HIGH STREET, LONDON SW635H.


lundi 9 juillet 2018

Iggy Pop - The Idiot (1977)



Après quelques écarts assez liés à une toxicomanie pour le moins galopante et un séjour auto-imposé dans une clinique psychiatrique, le dénommé James Osterberg est un peu plus vif, mais toujours aussi dubitatif et sur son quant-à-soi. Il faut dire que sa carrière de chanteur pour clique « bruitiste » périclite un tantinet et que la perspective de sa future vie de jogger n'est pas plus sautillante qu'un concours de majorettes paralytiques. C'est pourtant au cœur de ce marasme là que, contre toute attente, David Jones l'un de ses camarades platoniques lui remet le pied droit dans l'étrier du succès. Sur les conseils avisés de celui qui sera bientôt l'amant d'Yves Mourousi, les deux amis partent bras dessus bras dessous à Berlin pour y trouver l'inspiration. Là dans cette cité qui jadis vu fleurir plus de mille lumignons de païens à flambeau, ils composent une kyrielle de chansons que l'on retrouvera disséminées sur deux futurs spicilèges musicaux à la réputation bien vite faramineuse.
The Idiot le premier de ces deux spicilèges parait en mars 1977. Osterberg chante avec une voix de baryton plus enfoncé que défoncé, les guitares sont fragmentées et tenues par un Portoricain sybarite tandis que les lignes de basses louvoient sur les claviers dissonants d'un David Jones qui s'occupe également des chœurs. Il faut bien dire que tout cela est du plus bel effet et dénote d'un certain goût pour la dissonance et la déréliction et appel plus qu'à son tour aux joies de la décadence. Pour simplifier et tirer à la ligne je dirai que quarante ans plus tard vous pouvez écouter tout cela sans réel achoppement, c'est certainement moins bon que le heavy metal électro hip-hop des formidables Shaka Ponk, mais ce n'est tout de même pas vraiment mauvais.


mardi 3 juillet 2018

Dennis Wilson - Pacific Ocean Blue (1977)



Il faudrait écrire une histoire des noyés : Dennis Wilson, Natalie Wood, Albert Ayler, Louis II de Bavière, Shelley, Virginia Woolf, Randy California... Comme je n'ai pas trop de temps devant moins je vais m'abstenir d'écrire cette histoire-là et me contenter d'évoquer assez faiblement le seul album solo du premier noyé nommé. Paru en 1977, mais plus ou moins fomenté pendant plus de sept ans, c'est un parangon de musique californienne où le seul authentique surfeur de la fratrie Wilson offre une sorte de court journal intime musical. 37 minutes globalement ambitieuses qui racontent tout autant la vie intérieure de Dennis que ses préoccupations écologistes naissantes, 37 minutes où sa voix plus souvent dépiautée que nimbée vacille entre ballades amoureuses à rebrousse barbe et boogies non frelatés, 37 minutes de professionnalisme musical au service de ce qu'il y a de mieux, 37 minutes de cuivres à foison, de basses et de guitares bien accordées et super bien jouées par des types très aguerris, 37 minutes de claviers très peu tempérés joués par Dennis himself, 37 minutes de spleen océanique éraillé et en somme, et pour faire court, 37 minutes de bonheur.