jeudi 16 mars 2017

Remake / Remodel N°32




Et bien voilà, c'était autrefois, enfin autrefois, il y a 8-9 ans de ça, j'allais… J'allais fréquemment dans un café à la Motte Piquet Grenelle, et j'y restais beaucoup parce que, j'avais pas de téléphone chez moi et j'avais beaucoup de coups de fil à donner donc je quittais fréquemment ma table pour descendre au téléphone qui était au même endroit que les toilettes, alors il y avait les toilettes hommes, les toilettes femmes, lavabos, téléphone… J'avais disons chaque fois, oh… 6 ou 7 coups de fil à donner, ce qui impliquait que je descende deux fois plus, tantôt parce que c'était occupé, tantôt parce qu'il fallait remonter dire à la caissière qu'elle avait oublié de mettre la tonalité… Donc j'y descendais très très fréquemment… Ben c'était un café assez vide, y avait assez peu de monde qui venait avec de brusques afflux enfin j'y faisais pas attention et puis, peu à peu, j'ai cru observer une ironie des garçons quand ils me regardaient, une fois j'ai entendu très nettement : « et pourtant, il est jeune celui là, il est pas comme les autres », alors j'comprenais pas, et puis une autre fois, j'ai entendu très très nettement cette fois : « et tout ça, pour un trou » , alors je me suis dit, mais quel trou, qu'est ce qu'ils racontent ? Et puis j'ai tout de suite pensé : « trou dans les toilettes féminines », alors chu descendu dans les toilettes féminines, j'ai regardé s'il y avait un trou, et, y en avait pas… D'habitude, y en a toujours bouché avec du papier journal à hauteur du siège, mais, euh, enfin je me suis toujours dit que c'était ridicule, parce que pour qu'une femme se laisse regarder comme ça, fallait vraiment qu'elle le veuille, et là, y avait pas de trou… Alors j'en ai parlé à quelqu'un qui habitait avec moi, un garçon qu'était un, un pervers professionnel et qui explorait un petit peu tout ça, qui connaissait un petit peu tous les petits mystères des cafés de Paris… Oh, c'était un pervers magistral , il faisait profession de perversion, comme tous les vrais pervers, il avait un air maître d'école dans sa perversion, et il m'a dit : « mais oui mon cher, mais oui mon cher, il y a un trou, tu ne t'es pas trompé, tu n'as pas mal entendu, il y a un trou, mais ce trou est très mal placé quant à la position qu'il faut prendre pour le voir, et très bien placé quand à ce que tu vois, c'est un trou à ras du sol ». Alors, je dis : « mais comment faire pour voir si c'est à ras du sol, il faut s'allonger ? » Il m'a dit : « non, à ce point là, ce n'est pas nécessaire » et il m'a montré la position qu'il fallait prendre. Alors sur le tapis, près de son lit, il a pris la… Position de la prière musulmane, appuyé sur les avant-bras, le cul en l'air et regardant à ras le sol…

La joue collée au sol ?

Oui, la joue collée au sol, et c'est ça qui m'embêtait parce que c'est une position que j'aime pas du tout, je prends jamais, et je lui dis m'enfin c'est pas faisable dans un lieu public de se tenir comme ça, et il m'a répondu : « et oui mon cher, oui mon cher, pas de plaisir sans peine, vas-y, choisi ». Alors, j'y suis allé et puis au moment où une femme descendait, effectivement je me suis mis dans cette position et alors là, y avait un trou, c'est vrai, enfin c'est à dire que la porte était rabotée en bas, rabotée à l'angle où ça ouvre, et puis ce qui m'a frappé c'était que c'était peint par dessus, c'est à dire, c'était pas un type avec une vrille qui avait fait ça, on avait l'impression que ça faisait partie de la conception de l'architecture même du café… Alors, j'ai regardé et puis l'angle était absolument direct… D'abord, j'ai regardé par curiosité puis une fois, deux fois, trois fois, puis… J'ai commencé à comprendre tout le jeu, y avait peu de monde dans le café avec de brusques afflux au moment où une femme descendait aux toilettes, puis tout d'un coup, j'ai vu, j'ai vu les types qui étaient au comptoir et j'ai compris pourquoi ils avaient dit : « et pourtant, il est jeune celui-là », c'était des types qui, qui étaient, enfin qui faisaient un peu, euh, un peu minables euh, avec une cravate, qui faisaient un peu minables incontestablement, qui avaient la sueur au front et qui trépignaient, et il y avait un brusque afflux au moment où une femme descendait, alors j'ai pris ma place dans cet afflux, y avait un code, ils descendaient l'escalier en tapant très fort des talons, ce qui voulait dire : « c'est mon tour », or je regardais par curiosité, d'abord parce que moi, hé ! J'étais pas comme ils disaient, j'étais mieux, j'ai commencé à y prendre drôlement goût et je faisais plus que ça, que ça… Et je passais plus 2 heures dans l'après-midi dans le café comme j'avais l'habitude de le faire, mais 5 heures…Et j'prenais un peu trop de place, j'voyais des regards rancuniers qui signifiaient : « mon cher, tu exagères ».

J'ai pris l'habitude de voir des femmes que je connaissais pas du tout, du tout, du tout, et souvent même j'avais l'impression que je savais pas comment elles étaient faites parce que c'était soit de la cabine du téléphone, soit des toilettes masculines que j'guettais, et puis, j'voyais une silhouette vaguement et rien de plus, puis parfois l'les voyais puisque j'les avais déjà vues et puis elle descendaient, alors je les regardais par le trou et je les voyais par le sexe… Immédiatement par le sexe… Alors peu à peu, je me suis senti pris, j'commençais à voir qu'il y avait de sacrées différences entre les sexes que j'avais pas remarquées auparavant, par exemple, il m'arrivait de voir des sexes qui m'excitaient drôlement, alors je repérais les souliers, la forme, la couleur, puis à la sortie, j'voulais voir à qui il appartenait ce sexe, puis la femme était horrible, puis d'autres fois c'était tout le contraire enfin, j'ai pris deux cas extrêmes, mais, c'est à peu près ça… Et parfois quand elle sortait, ben je voulais voir à qui il appartenait ce sexe qui m'avait donné de l'horreur, qui m'avait donné envie de vomir, puis tout ceci à genoux en retenant mes cheveux pour pas qu'ils traînent dans la pisse qu'il y avait plus ou moins par terre en attendant le signal des talons qui descendaient, des hommes qui voulaient prendre leur place, puis j'voyais que c'était une très belle femme et que son sexe me déplaisait, et j'voyais tout de suite à quel point je me serais trompé si j'avais essayé de faire connaissance avec cette femme et là, brusquement, toutes les hiérarchies du corps se sont renversées… Ben, c'est à dire, pour reprendre une locution connue, on pourrait dire que le miroir de l'âme c'est le sexe, et puis ma foi bon si une femme a un beau sexe, les yeux, on peut quand même fermer les yeux là-dessus, même les jambes, c'est plus important que les yeux, on pourrait fermer les yeux là-dessus, c'est pas très grave… Et puis ça a continué comme ça, j'pensais plus qu'à ça, qu'à ça, qu'à ça… J'étais exactement comme tous ces types un peu minables qui venaient traîner et j'prenais mon tour et… Et j'pensais plus qu'à ça, qu'à ça, et quand par hasard dans le coin, j'avais l'occasion de connaître une fille que je fréquentais pas disons, ben j'l'emmenais boire un verre, j'essayais de lui faire boire de la bière, du thé, en ayant préparé mon j'ton, pour pouvoir aller la voir directement par le sexe, et ça m'excitait drôlement plus que de passer par les étapes.

En même temps, l'histoire me tourmentait, j'essayais de la raconter à des femmes, mais ça leur plait pas du tout, aucune femme n'a écouté cette histoire, que quand je la racontais à un homme et qu'elle participait à l'écoute de l'homme, sinon, ça marchait pas, elle m'arrêtait tout de suite en me disant : « mais je veux pas en savoir plus, tu m'ennuies », elle me traitait un peu comme un frustré pensant : « tout ce travail pour un sexe alors qu'en principe on a des occasions », ben ça m'intéressait plus ces occasions, et justement, une fille habitait chez moi, chez l'type qui m'avait donné le tuyau en disant : « pas de plaisir sans peine », et je la touchais plus, ça m'intéressait absolument pas…Son sexe était littéralement devenu un sexe… Domestique… Et pourtant, j'aurais pu le voir, longtemps et sans aucun travail, mais je préférais cette visée directe sur le sexe… Et alors, toutes les hiérarchies du corps étaient complètement bouleversées, j'ai réalisé que depuis, fff, chais pas euh, 4000 ans peut-être, on avait été complètement couillonnés, qu'on avait essayé de nous faire croire que le désir d'un homme ça dépendait de la beauté de la femme et je me suis aperçu que c'était complètement faux, que cette beauté c'était quoi, les yeux de gazelle, la bouche de chais pas quoi, la silhouette…Mais que c'était complètement faux, complètement faux, que c'était le sexe et que le reste ne comptait pas.

J'me rappelle qu'une fois, y avait une fille dans ce café, qu'elle était venue s'asseoir, c'était euh, enfin un mannequin ou cover girl, enfin une fille heu, objet de luxe, superbe, le sachant. Elle avait un grand carton à photos et souvent, on était seul pratiquement face à face et j'essayais de capter un p'tit peu son regard enfin, pas de la draguer, mais simplement de capter un p'tit peu son regard et elle me regardait pas, elle me regardait pas avec ostentation, elle aurait pu le faire comme le mec qu'était en face, j'en d'mandais pas plus, elle avait son air hautain et… Je me suis juré de la voir celle-là, de la voir… Enfin, j'veux dire… De la regarder et justement ça tombait bien, parce qu'elle buvait pas mal de bière puis quand elle buvait pas de la bière, elle buvait du thé et un jour elle est descendue alors j'ai foncé et j'ai nettement remarqué que ç'était moi qui passais et pas les autres… Et puis… J'ai regardé… Et comme je l'espérais un peu parce que, elle m'énervait… Ben elle avait un sexe horrible… Un sexe qui me dégoûtait, qui me dégoûtait complètement et elle est restée longtemps aux toilettes, elle était… Elle était constipée et j'assistais à tout ça et c'était honteux, c'était honteux parce que, je savais pas si c'était pour moi où si c'était pour elle, mais vraiment, c'était honteux qu'elle soit constipée comme ça… Entre parenthèses, j'ai eu l'impression à l'époque que beaucoup de femmes étaient constipées, oui oui oui, j'ai découvert comme ça une des petites caractéristiques de la différence des sexes, les femmes sont souvent constipées… Alors, j'ai regardé, j'ai vu, j'ai vu et puis, j'étais dégoûté et je me suis relevé tremblant au moment où elle se levait, elle est sortie et j'ai voulu lui indiquer quelque chose alors chuis resté près d'elle, près des toilettes, elle m'a regardé d'un air un peu dédaigneux du genre : « encore un qui… Avec le succès que j'ai », mais je la regardais fixement, tellement fixement qu'elle m'a quand même regardé d'un air un peu inquiet, alors j'ai regardé le bas de la porte puis elle a compris tout de suite et pourtant, c'était pas facile parce que ce trou… Enfin, c'était pas vraiment un trou, c'était un truc raboté dans le bas de la porte… À ce moment-là, elle est partie, affolée, affolée presque en courant, elle avait compris ce que j'avais fait… Que je l'avait forcée à être regardée, et puis j'l'ai plus jamais revue dans le café, plus jamais, oh moi j'aurais bien pu faire n'importe quoi, tenter de la violer, elle l'aurait mieux pris, c'était parmi les avatars d'être une jolie fille, mais ça, elle a pas supporté.

Alors, j'ai continué comme ça un certain temps, puis j'ai senti que je devenais complètement fou, qu'y avait plus que ça qui m'intéressait, alors j'ai arrêté… J'ai arrêté parce que j'ai l'impression que finalement, tout ne pouvait être vu que par la perspective de ce trou, ce trou bizarre qui n'avait pas été fait par quelqu'un enfin, un pervers quelconque qui avait fait un trou… J'ai l'impression que d'abord, y avait eu l'trou, qu'on a construit le trou d'abord, et la porte au dessus, puis qu'on a construit le café et que dans ce café, y avait une caissière, trois garçons enfin, deux flippers, des clients, des choucroutes, des assiettes froides, toutes les consommations servies habituellement, mais, bon y avait tout ça, mais, que ça ne fonctionnait que pour le trou, que pour le trou, et que tout le reste c'était de la frime, c'était de la frime… Faire semblant de gagner de l'argent, faire semblant de travailler, faire semblant d'en faire dépenser aux autres ou d'ailleurs en faire dépenser pour de bon en gagner, mais que tout ça, c'était pour le trou… Alors, cette perspective des choses m'a semblé tellement inquiétante que, je me suis dit, y a pas d'issue, je vais devenir comme tous les types qui ont la sueur au front, une cravate, qui n'arrivent pas à cacher le fait que… Sont un peu des clochards, enfin des gens qu'on défini comme des ratés d'habitude, alors j'ai quitté tout ça puis je me suis replié vers la normalité. J'y suis retourné quand même quelque temps après et il était entouré de palissades, ça ressemblait à une… C'était comme, comme la mort d'un théâtre porno. J'ai l'impression que… qu’après que je sois passé par là, on avait fermé ce lieu comme étant contraire à la, à la loi, ou à la morale.



vendredi 10 mars 2017

Psychogeographie indoor (74)




« Il me semble que je nais aujourd’hui à l’instant même. Je sais bien que je suis destiné à périr, mais il y a cette minute quand même maintenant où je suis éternel et illimité si je prends la peine d’en prendre conscience. Et rien ne répond à cet instant-là que l’expérience des autres sera la mienne. Je suis peut-être d’une qualité tout à fait différente. Il se peut que l’univers sombre avec moi comme il n’existait pas avant que je fusse né. »

1.


9 novembre 2016.- Crachin frôlant la neige ratée (5°C). Un examen médical au résultat un peu saumâtre, des élections américaines au résultat tout autant saumâtre. Voilà l'essentiel pour une journée que j'aurai bien passée loin des hôpitaux et du brouhaha venu d'outre-Atlantique. Du côté des livres, déception, les deux cents premières pages de l'autobiographie de Mark Twain n'ont rien de vraiment biographique, c'est plutôt un empilement assez bancroche de fonds de tiroir et même s'il y a tout de même quelques trésors on s'y ennuie un peu trop souvent.

11 novembre 2016.- Ciel charbonneux, demi-froideur (8°C). Conditions lectorales moyennes, une perceuse lointaine, mais chafouine, trop peu de lumière.
Parler d'outre-tombe est toujours plus facile, on évite la susceptibilité des vivants, on prend plus de risque on est plus franc, plus honnête. L'autobiographie de Mark Twain, parue à sa demande cent ans après sa mort, sera donc pour lui l'occasion de parler d'outre-tombe, avec honnête et franchise et sans le risque de vouloir froisser ses contemporains. Ce sera aussi une autobiographie pas comme les autres, un gros machin non linéal où l'on saute du coq à l'âne, d'un siècle l'autre de Jeanne D'Arc à Robert Louis Stevenson tout en n'oubliant pas ce Missouri natal et quelques jeunes et heureuses années (pages merveilleuses). Quant à sa méthode, non linéaire, je laisserai parler l'artiste, il a le mérite d'être beaucoup plus clair que moi : « Pour finir, à Florence, en 1904, j'ai mis le doigt sur la bonne façon de faire une autobiographie : la débuter à un moment qui n'a rien de particulier dans sa vie ; se promener librement dans toute sa vie ; se promener librement dans toute sa vie ; ne parler que des choses qui sont intéressantes à l'instant : laisser tomber dès que l’intérêt commence à baisser et diriger la conversation vers la nouvelle chose bien plus intéressante qui s'est introduite entre-temps dans l'esprit. Il faut aussi que le récit mélange Journal et Autobiographie… Ainsi j'ai trouvé le bon plan. Il transforme le labeur en amusement – rien que de l'amusement, du jeu, des distractions, tout cela sans effort. C'est la première fois dans l'histoire du monde que quelqu'un trouve le bon plan ».

13 novembre 2016.- Ciel plombé, crachin (7°C). On commémore les victimes de l'année dernière, Leonard Cohen est mort , je suis bien morne. Nonobstant, toujours plongé dans l'autobiographie de Mark Twain. Je tire de mieux en mieux le fil de ce patchwork. Twain parle du Mississippi, de son frère qui y est mort dans l'explosion d'un bateau à vapeur , il se souvient de la florissante mode du duel, évoque le Tuskegee institute, cette université, réservée aux hommes noirs, que j'avais déjà visité grâce à la plume de Jules Huret et George Duhamel. Il y a de belles pages, des digressions fort heureuses, un début de satisfaction commence à me monter au coin du nez.

15 novembre 2016.- Ciel gris suicide, humidité relative (8°C) Alcune poesie di Jean Follain, nient'altro. Stanco di scrivere questo Journal de lecture, dovrei continuare in lingua ungherese, che sarebbe stato più divertente.

16 novembre 2016.- Labeur. Nuages (11°C). Nem magyar vers Jean Follain, semmi más.

17 novembre 2016.- Belle journée, du soleil, douceur (16°C). Toujours dans les poèmes de Jean Follain que je picore lentement, mais avec une certaine délectation.

Dans une quincaillerie de détail en province
des hommes vont choisir
des vis et des écrous
et leurs cheveux sont gris et leurs cheveux sont roux
ou roidis ou rebelles.
La large boutique s'emplit d'un air bleuté,
dans son odeur de fer
de jeunes femmes laissent fuir
leur parfum corporel.
Il suffit de toucher verrous et croix de grilles
qu'on vend là virginales
pour sentir le poids du monde inéluctable.
Ainsi la quincaillerie vogue vers l'éternel
et vend à satiété
les grands clous qui fulgurent.

18 novembre 2016.- Nuages, pluie légère (13°C). Matinée périlleuse, une visite médicale, des sirènes et gyrophares, deux hélicoptères traquant deux criminels en goguette. Après-midi plus tranquille, ces quelques mots de Jean Follain glanés au fil du hasard : « Les grandes architectures de la nuit tombante : arcs de triomphe que formaient les branches au bout des avenues, labyrinthes des sentiers rafraîchis, stades des champs aux gradins de haies jusqu’à l’horizon, portiques et dolmens de nuages encadraient notre être enfant allant vers son destin…»

19 novembre 2016.- Beau temps (12°C). Quand on parvient vraiment à entrer dedans, quand on réussit à dompter son côté fragmenté et non linéaire, l'autobiographie de Mark Twain se révèle être un bouquin tout à fait remarquable et un vrai un bonheur de lecture. J'aborde vaillamment la page cinq cent et Twain commence tout juste à évoquer sa famille, une épouse et une fille décédées, des amis qui s'effacent, ses morts…

Finalement, mon vrai problème, peut-être mon seul problème, restera ma fainéantise. Pas ma fainéantise face aux choses que l'on peut soulever, non ma fainéantise intellectuelle, ce cocon lymphatique que je crée autour de moi et qui m'enferme dans une fausse quiétude douillette.

20 novembre 2016.- Tempête, pour le moins (15°C). L'autobiographie de Twain est cimentée par la biographie du même Twain écrite par sa propre fille. Tout cela donne des teintes un peu post-modernes au pavé et je me demande si ce n'est pas mieux ainsi.

Par ailleurs, on vote, ici où là, pour une primaire électorale qui donnera à coup certain — tant en face la concurrence semble faible — le nom de « notre » futur président de la République. Vague ennui.

21 novembre 2016.- Bourrasques, queue de tempête, douceur fourbe (16°C). Le vainqueur de la petite consultation d'hier voudrait nous faire travailler plus et plus longtemps. Je pense qu'il se trompe, il faudrait que nous puissions surtout travailler MIEUX et certainement pas plus longtemps.
Encore dans les poèmes de Jean Follain, très loin de la « valeur travail », de tout ce fatras-là.

22 novembre 2016.- Déluge, vigilance orange (16°C). N'ayant plus l'envie de vivre-dire quoi que ce soit je me laisserai emporter là où le vent voudra bien m'emporter. Voilà la seule solution, simple ou pas. Rien lu, ou presque.

24 novembre 2016.- Pluie légère (12 °C). La feuille est blanche, l'envie n'est pas là, l'ennuie oui. Ouvert le Dictionnaire amoureux de l'Italie de Dominique Fernandez. Collection crème centriste, l'ouvrage n'est pas si mauvais que ça. Je n'ai pas grand-chose à en dire de plus. Bref, je suis morose.

25 novembre 2016.- Quelques belles éclaircies (19°C). Rien à dire, empty slot

26 novembre 2016.- Beau temps frais (9°C). Ramassé les feuilles mortes puis poursuivi la lecture de l'autobiographie de Mark Twain. Les pages consacrées à son enfance, à ses camarades de classe, sont merveilleuses. Le reste est assez oscillant, on s’ennuie un peu, on est intrigué par des pans d'histoire que l’on ignorait à peu près – ces massacres perpétrés par les Américains aux Philippines – il y a de longues digressions, un peu de narcolepsie chez le lecteur, il faut bien l'avouer.
Pour le reste, Fidel Castro est mort. Cuba va pouvoir redevenir ce lupanar étasunien qu'il n'aura jamais dû cesser d'être sans un accident de l'Histoire. Par ailleurs, et toujours du côté des trépassés, le photographe chichiteux David Hamilton s'est suicidé. Il faut dire que ces temps-ci on lui reprochait quelques anciens penchants nympholeptes plus vraiment au goût du jour. Les jalons de la morale sont flottants. Voilà encore un petit vieux noyé par la meute.

27 novembre 2016.- Nuages, froideur (6°C). L'écriture de cet approximatif Journal de lecture me prend cinq minutes par jour ; cinq minutes de trop que je pourrai utiliser à ne rien faire (Il est bien possible que l'envie ne soit plus vraiment là).
Mettre toute une vie dans un livre voila une drôle d'idée, une immense gageure et une tâche pour ainsi dire impossible. Voilà peut-être pourquoi Twain tourne autour de sa vie comme s'il tournait autour du pot. Il se perd dans de longues digressions - parfois heureuses, parfois pas - s'oublie dans le mondain pour mieux se retrouver dans l’intime, fait fi de la moindre chronologie pour mieux laisser place à de larges strates temporelles enchâssées. J'ai fini le Tome I de son autobiographie en me demandant si c'était un sommet d'ennui ou un livre génial, la vérité doit être située entre les deux. : « J'ai l'intention de faire de cette autobiographie un modèle pour toutes les autobiographies futures lorsqu'elle sera publiée, après ma mort, et je tiens également à ce qu'elle soit lue et admirée pendant de nombreux siècles en raison de sa forme et de sa méthode – une forme et une méthode grâce auxquelles le passé et le présent sorti en permanence face à face, provoquant des contrastes qui ne cessent e ranimer l’intérêt comme le contact du silex avec l'acier… »



2.

28 novembre 2016.- Labeur. Grande offensive hivernale, nous y voilà ! (3°C). Mon logis étant ce qu'il se trouve être, je n’aurai bientôt plus de place pour y caser le moindre volume. Un déménagement s'impose.
S'agissant des Cahiers de Cioran ont peut laisser faire le hasard, une page ouverte au petit bonheur la chance déçoit rarement. Ainsi aujourd’hui je suis tombé sur cette phrase qui ne ma pas déçu le moins du monde : « Toutes les fois que vous vous trouvez devant un texte bien écrit, sachez que vous n'avez pas affaire à un sage ».
Otherwise, still in L'usage du temps by Jean Follain. Simplicity, emotion, beautiful poetry.

29 novembre 2016.- Beau temps froid (3 °C). Grosse fatigue. État semi-végétatif, incapable de lire plus de trois lignes.

1 décembre 2016.- Journée globalement hivernale (4°C). Morne agrégat du quotidien, l’impression d'avoir cent ans (de trop). Relu la Prose du Transsibérien de l'ami Cendrars, comme à chaque fois, émerveillement.

J’ai passé mon enfance dans les jardins suspendus de Babylone
Et l’école buissonnière, dans les gares devant les trains en partance
Maintenant, j’ai fait courir tous les trains derrière moi
Bâle-Tombouctou
J’ai aussi joué aux courses à Auteuil et à Longchamp
Paris-New York
Maintenant, j’ai fait courir tous les trains tout le long de ma vie
Madrid-Stockholm
Et j’ai perdu tous mes paris
Il n’y a plus que la Patagonie, la Patagonie, qui convienne à mon immense tristesse…

Je suis triste je suis triste
J’irai au Lapin Agile me ressouvenir de ma jeunesse perdue
Et boire des petits verres
Puis je rentrerai seul


2 décembre 2016.- Frimas (2°C).Je picore dans l’Histoire de l'Europe d'Emmanuel Berl. Rien de vraiment scientifique, nous sommes loin des Annales et de la clique à Braudel, mais l’œuvre d'un vrai dilettante qui échafaude sa petite affaire comme d'autres feraient du bricolage tout en sifflotant. Le début est bien vu, l'Europe – ce moignon asiatique noyé dans l’Atlantique – n'est pas une donnée géographique, mais un produit de l'Histoire (avec sa grande hache) : « …l'Afrique, les Indes, la Chine surgissent des cartes avec une évidence majestueuse. L'Europe non. Pour la reconnaître, il faut déjà qu'on la connaisse. Elle évoque l'embryon d'une vie, non pas une réussite effective de la matière. Si on tourne un peu la carte de droite à gauche et qu'on perde ainsi le bénéfice de l'accoutumance, on doute que ce soit un vrai continent… »
Demain j'entamerai Tijuana Straits de Kem Nunn, on me dit du bien de ce polar-surf (sic) posé entre États Unis et Mexique, j’imagine qu'il sera, au moins, d'actualité.

3 décembre 2016.- Brumes matinales laissant place à un ciel gris-bleu sibérien, frimas (-2C°→ 4°C). J’entame Tijuana Straits de Kem Nunn. Pour l'instant c'est un surf-polar posé entre Tijuana et San Diego, dans un no man’s land où se débattent Rangers et patrouilleurs de frontières, Indiens écologistes et trafiquants de tout poil, bandidos et mangeurs de baudets, surfeurs échoués et migrants égarés.
(Ce no man’s land qui est aussi un vrai territoire, je l'ai souvent visité en utilisant l’application google maps – je suis un gros utilisateur de l’application google maps – et je me suis toujours dit qu'il serait idéal pour un roman, que voulez-vous le pacifique d'un côté, le désert de l'autre, le consumérisme effréné en haut, le capharnaüm en bas, cette barrière que l'on voudrait de plus en plus haute au milieu, tout cela est un vrai « appel à la fiction ».)

4 décembre 2016.- Les brumes levées, beau temps frisquet (5°C). Le roman policier américain est toujours intéressant lorsqu'il est inscrit dans un territoire. Ainsi, Tijuana Straits, plus qu'un polar qui vaut ce qu'il vaut, est avant tout un joli portait de deux bouts de territoire (l’extrême sud-ouest des États-Unis, l'extrême nord-ouest du Mexique). Beaux passages sur Tijuana vue comme un siphon suintant de produits chimiques avariés (on y inhale aussi beaucoup de colle), sur Imperial Beach cette Mecque du Surf un peu décatie où, dérèglement climatique oblige, l'on n'attend plus guère de vagues. Le reste est, pour ce que j'en ai lu, moins intéressant, la psychologie des personnages me semble un peu mollement échafaudée à la truelle quant à l'intrigue elle n'est pas vraiment intrigante.

8 décembre 2016.- Beau temps, ou presque (-2°C -> 11°C). Un poème de Jean Follain, les Cahiers de Cioran, toujours : « Dire que chaque instant qui passe est passé à tout jamais ! Cette constatation est banale. Elle cesse pourtant de l’être quand on la fait étendu sur le lit et qu’on pense à cet instant précis, qui vous échappe, qui sombre irrévocablement dans le néant. Alors, on voudrait ne plus jamais se lever et, dans un accès de sagesse, on songe à se laisser mourir de faim ».

9 décembre 2016.- Quelques soleillées (-1°C-> 7°C). Un strip de Charles M. Schulz, un poème de Jean Follain, une page de Charles Albert Cingria… Rien à jeter.

10 décembre 2016.- Les brumes levées du soleil puis très tôt, trop tôt, une nuit loin d'être gironde (-4 °C → 7°C). La température extérieure étant ce qu'elle est une famille d’araignées a trouvé refuge dans la tiédeur douillette de mon petit intérieur. La plus grosse des bestioles, certainement la mère de famille, ayant la taille d'une mygale anémiée par les frimas je ne sais pas s'il faut que je m’inquiète. En attendant, elle est rigolote et me tient bien compagnie.
Par ailleurs retour dans le Tijuana Straits de Kem Nunn. Tueurs méphistophéliques, désastre écologique, surfeurs mélancoliques et lumbriculture. En somme, le train-train.

11 décembre 2016.- Mostly cloudy (6°C). Still in Tijuana Straits. Lire ce roman noir torve et trépidant tout en m'accompagnant de l'application Google Maps est certes une concession aux appogiatures numériques, mais c'est aussi en jeu et un plaisir que je ne me refuse pas. Aujourd'hui en plus de ma lecture je me suis donc promené sur la jetée d'Imperial Beach, j'ai suivi le cours de la Tijuana river jusqu’à ce qu'elle se jette dans le pacifique, j'ai sauté la barrière qui sépare États-Unis et Mexique pour me retrouver un peu coincé entre un phare et d'immenses arènes bien vides. Oh rassurez-vous, rien de périlleux dans tout ça.

12 décembre 2016.- Ciel globalement nuageux, légère baisse de la température extérieure (8°C). Je m'en veux beaucoup de ne pas être l'héritier des sources Saint Yorre, il me faut travailler, je n'aime pas çà. Malgré tout, le labeur derrière moi, mon Earl Grey tiédissant, lu trois poèmes de Jean Follain qui se sont révélés tout à fait à mon goût.

13 décembre 2016.- Du Soleil mais si peu longtemps que ce ne fut même pas la peine (2°C → 7°C). Le labeur derrière moi, et après une courte sieste réparatrice, lu un chapitre de Kem Nunn. Un cheval embourbé, une rivière homicide, des motards sybarites échappés d'un quelconque Mad Max, une fusillade à la cantonade. Tout cela un peu trépidant et assez distrayant.
Plus tranquillement : acquis La vie et moi de Marcel Levy. Seul livre d'un auteur qui fit ses débuts littéraires à l'âge avancé de 93 ans. Au sujet de ce faux cacochyme, certains de mes informateurs les plus diligents parlent de Chamfort, Léautaud ou Cioran. J'aurai peu de peine à avouer qu'il y a de pires références.

15 décembre 2016.- Soleil, si peu (6°C). Je bois une infusion à base d'aloe vera dans l'un de mes mug Keith Haring, dehors il fait déjà nuit, je n'aurais rien lu aujourd'hui.

16 décembre 2016.- Temperature a little softer, less coldness, pas de quoi se plaindre (11°C). Le solstice d'hiver approchant, les journées sont courtes. Si l'on ajoute le labeur dans la marmite le temps consacré à la lecture se réduit telle une peau de chagrin (sans la magie de chez Balzac). Vous me direz que rien ne m’empêche de lire à la lumière d'une loupiote quelconque ; je vous répondrais que je suis surtout, et avant tout, un lecteur diurne. Voilà, c'est dit !
Malgré tout cela j'ai trouvé le temps de lire un chapitre de Kem Nunn que j'ai agrémenté de quelques pensées du toujours formidable Joseph Joubert. Je vous laisse, le couvre-feu tonitrue dans mes rideaux.

17 décembre 2016.- C'est peu de dire que nous frôlons l'hivernal (3°C). Voilà le verbatim de ma journée que je vous livre sans filtre. Lever 8h00, petit déjeuner, thé russe, croissants. Vers 8h50 petit tour dans l'outdoor, descente vers le village. Rues vides, brouillard, frimas. Me suis fait coupé les cheveux - nouvelle coiffeuse, boudinée, mais peu de conversation. Ma petite affaire faite, retour vers 9h40, toujours dans le brouillard. Mes modestes intérieurs rejoints, bu un verre d'eau puis suis retourné dans le Tijuana Straits de Kem Nunn. Voilà un livre qui gagne sur la longueur, qui monte en tension et fini dans une sorte de baroque opératique assez émouvant qui pourrait avoir, en définitive, quelque chose d'un peu mexicain sur les bords (la toute fin est cependant trop pelucheuse). Mon volume posé, ménage - mes fins de samedi matin sont consacrées au ménage -, Serpillière et tutti quanti, arsenal finalement assez distrayant. Mon balai posé, une longue conversation téléphonique dont je tairais la teneur suivie d'un déjeuner presque conséquent : Asperges, rôti de veau et petit pois, une spécialité laitière, bière… Ensuite une sieste qui s'imposait puis un nouveau livre à entamer L'Enfant du bonheur et autres proses pour Berlin de Robert Walser. C'est un spicilège échafaudé à partir des chroniques que Walser donna au Berliner Tageblatt entre 1925 et 1933. Constat : voilà un Walser qui parle du monde plus que de lui-même, mais qui le fait en sautillant puisque c'est sa marque de fabrique que de sautiller. Il est 17h00, j'en suis là, je pense encore lire quelques lignes, faire la vaisselle, puis je boirai une infusion d'aloe vera tout en regardant un match de football à la télévision. Dehors le brouillard vient de se lever, la nuit est déjà là.


3.


18 décembre 2016.- Brouillard et froideur (1°C). Passé cette journée dans une inquiétante gangue de léthargie. Impossible de lire plus d'un paragraphe sans piquer du nez. C'est fort dommage puisque je tentais de lire l'Enfant du bonheur de Walser. Pour le peu que j'ai pu tout de même en lire, je dirai que c'est n'est pas mal. Pour le reste acquis les deux volumes de la biographie d'Hitler par Ian Kershaw, le début est très bien et presque drôle : « Le premier des nombreux coups de chance de Hitler eut lieu treize ans avant sa naissance. En 1876, l’homme qui allait devenir son père changea de nom, abandonnant Aloïs Schicklgrüber pour celui d’Aloïs Hitler. On peut croire Hitler lorsqu’il assure qu’aucune initiative de son père ne devait lui plaire davantage que la décision de laisser tomber ce nom vulgaire et rustique de Schicklgrüber. Pour un héros national, “Heil Schicklgrüber ” eût été assurément une salutation peu vraisemblable ».

19 décembre 2016.- Du froid toujours, la neige est presque là (1°C). Pourquoi gâcher le si peu de temps que nous avons à vivre dans des tâches subalternes et bassement rémunératrices ? Nous voilà moroses et renfrognés. Malgré tout lu un beau poème de Jean Follain (Le Maréchal), c'est déjà ça.

20 décembre 2016.- Pluie glacée (0°C→ 4°C) . Grosse fatigue, rien pour moi. Ces quelques lignes d'Henri Calet auront fait, et résumé, ma journée : «  j'habite parmi les moineaux, les pigeons, les avions de passage, et à la belle saison, parmi les hirondelles et les ramoneurs qui se téléphonent de l'un à l'autre par les cheminées : « Hohé ! ».
Vers dix heures du matin et trois heures de l'après-midi, sauf le dimanche, le jeudi, les jours de fêtes et grandes vacances, j'entends une sorte d'explosion : c'est le moment de la récréation à l'école voisine dont j'aperçois la frondaison de la cour ; j'ai vociféré mêmement. Puis, cela tourne à la mélopée sauvage. Vers midi, vers sept heures, monte une odeur de soupe à l'oignon, ou a l'oseille : on fait partout la cuisine. Et, le soir, les lampes s'éclairent… Encore un jour de passé, un jour creux. Notre existence est faite de jours creux aboutés ; c'est pourquoi elle rend un son si vide ».

22 décembre 2016.- Labeur. Nuages (4°C). Trois pages de Robert Walser, un poème de Jean Follain.

23 décembre 2016.- Nuages, hausse des températures (8°C). Les petits mots de Walser bondissent devant lui. Ce sont des enfants qui jouent avec lui. Oublions le Walser mort dans la neige un jour de Noël, oublions ce chapeau tombé à ses côtés : Walser est SAUTILLANT !

26 décembre 2016.- Nuages (9°C). L'une de mes voisines vient de jeter son sapin de Noël dans l'unique poubelle grise de l'immeuble, Facebook me propose de célébrer l’anniversaire d'un ami décédé. Par ailleurs George Michael est mort, tout va pour le mieux.

27 décembre 2016.- Ciel bleu pâle (-1°C → 8°C). Walser  (une chronique) ; Cioran Cahiers (trois pages) ; Stendhal diary (deux pages ) ; Jean Follain  (un poème).

29 décembre 2016.- Beau temps froid (0°C). Le 11 septembre 1811, l'ami Beyle a une mine terrible, rien ne lui plaît ; mais heureusement, il n'envoie foutre que son laquais et encore pas trop durement. Le 9 mai 1898, Jules Renard dresse sa tête comme les oiseaux le font au bord de leurs nids puis il dit d'une voix douce et gaie : « L'inspiration, ce n'est peut-être que la joie d'écrire : elle ne la précède pas. »  Rien d'autre.

30 décembre 2016.- Brouillard (3°C). Labeur, tracas de voisinage, tâches ménagères, rien de vraiment réjouissant. Nonobstant tout cela léger retour chez Robert Walser : des petits nuages qui ont l'air de floconnets de ouate lui tourne autour, il n'a pas l'air de s'en faire, prenons exemple sur lui…

31 décembre 2016.- Nuages et froideur (1°C). Toujours avec Robert Walser et son Enfant du bonheur. Ces papiers journalistiques ne sont certainement pas ce qu'il aura écrit de plus beau, mais il y a tout de même quelques merveilles à picorer. Celle-ci par exemple : « Dans les époques où ce qu'on appelle la joie de vivre devient une espèce d'obligation, la souffrance, le remords gagnent en attractivité, comme si c'était un plaisir. »
Je me prépare pour les agapes du Nouvel An avec un entrain modéré, il va me falloir être joyeux.


To be continued.