dimanche 8 mars 2015

Solitude de l'audionaute de fond (8)



2 mars 2015. On commencera par un lettriste furieux, François Dufrêne, il faut savoir trouver la musique là où elle se trouve.
Chrome – Inworld (1981) Deux titres, la quintessence de ce qu'il faut aimer chez Chrome, les riffs abrasifs d'Helios Creed, les épiques interventions synthétiques de Damon Edge… un vrai bonheur raide. Pour rester raide et bienheureux, on écoutera, un extrait du dernier album d'Helios Creed en date…
Random Hold – Ramdon Hold (1979) Le premier EP d'un groupe qui ne tiendra pas ses promesses. Roxy Music rattrapé par la patrouille postpunk. Basse roide et synthétiseurs menaçants, tension inflexible, paranoïa sourde et panique un peu partout, bref ce truc est excellent. Essayez-le...

3 mars 2015 George Russell – Vertical Form VI (1977) Enregistré pour le label italien Soul Note avec l'orchestre de Jazz de la radio nationale suédoise cet album est un bel exemple de post-bop tout autant anguleux que funky. On n'abordera pas ici la carrière de George Russell, elle est trop substantielle et le temps et la place nous manquent sacrément.
Autechre – Garbage (1995) Quatre titres et une sorte de tournant pour le duo atomiste de Rochdale (Lancashire). Toujours ces grooves asthéniques montés en épingle dans une atmosphère de laboratoire, ces mélodies palimpsestes, mais déjà plus d'anicroches, de clicks, de cuts et de glitchs dans la machine. Garbagemx36 est un faux dub cauchemardesque qui tourne à la démonstration de patterns en furie, PIOBmx19 est un bidule rythmique grinçant avec une sourde mélodie qui monte en sous-couche, VLetrmx21 est une boucle mélodique inspirée qui vire au majestueux (my favorite Autechre's tune), le tout est un passage obligé avant Tri Repetea, ce grand monolithe autrechien.

4 mars 2015. On oubliera aisément la scie Take Five composée pour Dave Brubeck et son quintette de blancs becs et on se concentrera vraiment sur Paul Desmond. Un grand timide, un grand humoriste aussi et puis tout ce blanc toute cette lactescence : « I have won several prizes as the world’s slowest alto player, as well as a special award in 1961 for quietness. »
Cette version de When Joanna Loved Me (un titre popularisé par Tony Bennett) me semble assez représentative de l'art desmondien, pureté de timbre, décontraction et délicatesse, swing quoiqu'on en dise…
Pere Ubu – Terminal Tower (1985) Cette compilation est un formidable aperçu des débuts de Pere Ubu. On retrouve les titres « séminaux » sortis sur le label Heartan (30 Seconds Over Tokyo, Heart Of Darkness, Final Solution…) et quelques bricoles biscornues parues ailleurs. Inutile de préciser que l’ensemble frôle souvent l'extraordinaire : la voix cornegidouilleuse de David Thomas qui marmonne, se fait candide, monte dans la colère puis s'écroule dans les sanglots, les mélodies angulaires et plus sautillantes qu'un congrès de satrapes en goguette, j'ai connu de pires témoins de Jéhovah.
En complément et pour mieux achever la journée, un titre de Pylon (Dub), extraordinaire il faut bien l'avouer.

5 mars 2015. The Fatima Mansions — Bertie' s Brochures (1991) Le pire et le meilleur de ce bon Cathal Coughlan. Le pire, deux bidouillages electro pour faire le compte… Le meilleur, deux titres splendides en ouverture et pour mieux (en) finir deux reprises sublimes : Long About Now de l’ontologique Scott (Engel) Walker et surtout The Great Valerio du barbu définitif Richard Thompson. Écoutez cette voix qui s’élève au-dessus des fagots, cette voix qui monte vers les nuées qui tourne autour des stratus, écoutez cette cover dans les nuages ! Cathal Coughlan est grand Cathal Coughlan est immense !
Ah! Oui j’oubliais le pire en mieux et pour faire le compte, une version sarcastique et pas piquée des hannetons de la scie  remiste : Shiny Happy People et un prêche furibard anti Mario Vargas Llosa qu’on se demande bien pourquoi.

6 mars 2015. Trois albums de Chet Baker. Un album semi-précoce : Chet is Back (1962), belle rencontre avec deux grands instrumentistes belges, le saxophoniste Bobby Jaspar et le guitariste René Thomas. Un hommage à Charlie Parker (Barbados) et l'une des plus belles interprétations d'Over the Raimbow sur le marché. Deux albums semi-tardifs : This is Always (1979) Chet est accompagné par le guitariste Doug Raney et le contrebassiste Niels-Henning Orsted Pedersen, une sorte de Smooth trio… Menu agréable : How Deep is the Ocean, House Of Jade de Wayne Shorter et This Is Always d'Ear Coleman (best version ever). Ballads For Two (1979) Un format inhabituel, un simple duo avec le vibraphoniste Wolfgang Lackerschmid, le résultat peut se discuter, mais il est en tous les cas étonnant (une musique d’ascenseur qui vire à l'éthéré…)

7 mars 2015. Dans le genre conglomérat de croquignolets notoires Hawkwind se posait quand même là. Entre le bipolaire Robert Calvert, le cyclothymique Nik Turner et le moustachu graisseux Lemmy on ne sait plus vraiment où donner de la tête... Histoire d'être tourneboulé, et quasi étête, on écoutera un vieux classique hawkwindien (Silver Machine), une chose plus tardive présentée par Marc Bolan (Quark Strangeness and Charm) un bidule solo et décalé de l'ami Calvert (The Luminous Green…) et un machin space postpunk de l'entité changeante Nick Turner (Inner City Unit - Watching The Grass Grow)

Pour finir une semaine qui en dehors des choses musicales fut essentiellement saumâtre une petite chose qui sautille par une faille spatio-temporelle depuis Austin (Texas) (Vertigo par les Standing Waves, on remarquera le décolleté avantageux de la keyboardiste, certainement l'influence tex-mex). 


Aucun commentaire: