jeudi 29 mai 2014

The Lost Jockey - The Lost Jockey (1982)



Ce Lost Jockey est un peu comme le jockey perdu de René Magritte un bidouillage, que l’on observe avec un brin de condescendance en se disant qu’il n’y a parfois pas plus vieillot que la vieille avant-garde.
Belles influences, Glass, Reich, Eno mais résultat aux petits pieds. On sauvera un titre, le troisième (Matters Of Theory), le reste fluctue dans un indécis ennuie itératif. Andrew Poppy (l’homme qui se cache derrière tout ça) fera mieux par la suite. On lui doit notamment quelques beaux accommodements de cordes chez Coil, Psychic TV ou les Strawberry Switchblade (joli triumvirat sybarite). Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà ça.




lundi 26 mai 2014

Trees - Sleep Convention (1982)


J’ignore tout de Dane Conover (aka Trees) mais j’imagine qu’au début des années 80 il devait être un drôle de croquignolet. Il suffit de le voir gigoter sur quelques vidéos très amateurs qui trainent sur Internet (réalisées par Kim Fowley !) pour s’en convaincre. Son seul et unique album est vraiment très bien. Produit par Earle Mankey (20/20, Runaways,  The Long Ryders, The Three O'Clock …) il regorge « d’idées musicales futées » et a tout pour réjouir l’auditeur. Imaginez des petits bidules west-coast enrobés de sucre et chantés par un Gary Numan décongelé et vous ne serait pas loin du compte. Mélodies ramenardes, paroles rigolotes en bien et utilisation astucieuse de l’électronique, que du bon ou presque.




mercredi 21 mai 2014

Todd Rundgren – Faithful (1976)


Cette petite chose de Todd Rundgren date de 1976, une époque où il y avait encore des disques avec deux faces. Nous parlerons donc en face comme on parle en anciens francs. La première face, la face A, est assez croquignolette. Todd rend hommage à ceux qui l’on inspiré en les reprenant à la note prés, allant jusqu’à utiliser les mêmes instruments et amplificateurs que lors des enregistrements originaux. L’exercice frôle la mode du rétro avant l’heure légale, mais le résultat est assez bluffant. On commence par une cover des Yardbirds qui tient relativement bien la route, manque seulement un peu de patine dans le son un peu de gravier dans les voix et deux trois chichis incandescents typiques de la bande à Beck. On poursuit avec un Good Vibrations si fidèle à l’original que pour un peu on ne ferait pas la différence. Ondes Martenot en mode Rank Xerox, orgue tout juste un poil moins vibrionnant et voix (Rundgren overdubé ?) cristallines comme il faut. Les deux titres qui suivent, une version de Rain des Beatles avec batterie proéminente et une cover de Dylan (Most Likely You Go Your Way And I'll Go Mine) qui vire au numéro d’imitateur palmipediste sont un peu moins convaincants et donnent l’impression d'avoir été enregistrés par un genre d’ado attardé jouant avec un grand Mecano musical. Restent deux quasis réussites : If 6 Was 9 (Hendrix) où l’ami Todd peut faire monter en neige ses envies de guitar héro et un Strawberry Fields Forever arrangé et chanté un peu différemment de l’original.
Voilà pour la face A, dispensable, mais assez amusante. La seconde face, la face B l'est un peu moins. Pour la première fois depuis Something /Anything Rundgren écrit et enregistre de simples chansons pop et s’éloigne des fatigants  bidules expérimentaux échafaudés avec Utopia (farcissez-vous Todd Rundgren' s Utopia et Another Live l’un à la suite de l’autre et on en reparlera). Rien d’extraordinaire, des chansons aux arrangements parfois glutineux, mais un sens de la mélodie que l'on sent là pas très loin, prêt à caresser l'auditeur dans le sens du poil.

 


mardi 20 mai 2014

Brian and Dennis Wilson - The cocaine Sessions (1981)


Ces démos au son chiffonné  auraient été enregistrées en 1981 après que les deux frangins balnéaires eurent, selon la « légende », sniffé une montagne de cocaïne plus raide que le Kilimandjaro. Évidemment en les écoutant  nous frôlons l’impudeur, la crudité la plus absolue et l’oreille par le trou de la serrure. L'accompagnement musical à base d’orgue épuisé et de piano piqué de la tarentule tiens plus du grand chambard crissant que de la symphonie adolescente adressée à dieu. Les voix sont presque pires en mieux, rugueuses, parfois pithiatiques, toujours problématiques. Brian est totalement stoned, tandis que Dennis est déjà ailleurs, déjà noyé.
Au milieu de ce fatras parfois assez difficile à supporter je vous recommande  Oh lord un gospel terrifiant dans lequel vous pouriez bien ressentir la grande douleur qui chamboulait les deux freres  au début des années 80. Ecouter aussi le reste, mais écoutez surtout  Oh lord  c'est un conseil d'ami



dimanche 18 mai 2014

Chambre verte - Ian Curtis



« Heart and soul, one will burn. »

La journée était si belle, un ciel céruléen, une température estivale et des senteurs grasses et musquées qui montaient un peu partout. C’est bien simple sautillant dans mon propre contentement j’ai failli oublier que Ian Curtis était mort un 18 mai, il y a 34 ans déjà. J’imagine que ce 18 mai là, son 18 mai à lui devait être moins lumineux. La veille au soir sa femme Deborah l’avait quitté, le laissant seul avec ses démons et après une dernière crise d’épilepsie, au petit matin, au petit gris, il s’était pendu dans sa cuisine. Vous pensez bien que moi qui viens 34 ans trop tard j’ai l’air malin avec mon petit halo printanier. Pour ma peine je vais réécouter Closer et Heart and Soul, l’âme et le cœur d’un quasi gamin que l’on aurait dû soigner et aimer vivant avant de le vénérer mort.

vendredi 16 mai 2014

John Cale - Honi soit (1981)


C’est le septième album de John Cale et son premier album studio depuis Helen of Troy en 1975. La pochette est « réalisée » par Andy Warhol et il a été enregistré dans les studios CBS à New York. Le premier titre Dead or Alive ressemble à une chute punk de Paris 1919 son fameux album de 1973 (je parle aussi pour les béotiens). Le second titre Strange Times in Casablanca barbotte dans le marigot new wave de l’époque, mais sans grand charme il faut bien le dire, Cale est tout juste un poil excité et il tient à le faire savoir. Le troisième titre Fighter Pilot est un bel exemple de paranoïa para militaire avec des effets flanger un peu partout et une petite armée de filles qui chantonnent dans le fond (les Mo-Dettes) . Le quatrième titre Wilson Joliet est la vraie merveille du disque, un début gentiment raide, clavier rêche, tambour martial, guitare carillonnante et trame répétitive. Il faut attendre le milieu du toutim pour entendre le fou qui sommeille en Cale gigoter vraiment. La fin toute pleine d'exhortations diverses et variées est terrifiante et ne peut être que l’œuvre d’un agité du bocal sérieusement atteint. Après ce climax un poil névropathique, le reste du disque semble presque un peu trop sage. Il y a une belle version du classique country Streets of Laredo qui vire à l’épique, une ballade un brin glutineuse (Riverbank), et deux titres globalement englués dans ce que l’ami Cale peut parfois produire de plus dispensable : la pénible chanson titre, Honi Soit, chantée en français et Russian Roulette un « rock » assez pataud. 
 



mercredi 14 mai 2014

Crawling Chaos - The Gas Chair (1982)


C’est un disque Factory Benelux, c'est vous dire s'il est pointu tout en étant rond à l'instar du fameux Atomium de Bruxelles. Ajoutons qu’il n’est guère primesautier d’atmosphère, sonne comme la rencontre incongrue entre Status quo et Orchestral Manoeuvres in the Dark et pourrait être la douteuse bande-son d’une équivoque trépanation de marmottes. Les amateurs de dissonances diverses et variées seront ravis par un admirable déploiement de guitares gribouillées quant aux férus d’art lyrique ils seront certainement amusés par un chanteur qui semble avoir été recruté dans la rue cinq minutes avant l’enregistrement.



samedi 10 mai 2014

Mu – Mu (1971)


En 1963 Merrell Fankhauser fricote avec Jeff Cotton et John French deux futurs musiciens chez Captain Beefheart (l’un guitariste anguleux, l’autre cubiste tambourineur de peaux). Les trois sont encore jeunes et on peut les voir gigoter comme des satrapes ubuesques en plein milieu du désert de Mojave. En 1966 Merrell Fankhauser joue avec Fapardokly un groupe folk rock qui lorgne du côté des Byrds et du toutim psychédélique naissant. En 1968 il forme H.M.S Bounty un joli bidule acidulé rempli de mélodies aériennes et de petits bouts indiens dans le sens de Ravi Shankar. En 1969 il crée Mu, son troisième groupe en trois ans, ce qui est beaucoup. Un premier album sort en 1971 et dans le genre hippie toqué il est bien possible que ce soit un must. L’esprit est aventureux, mais léger et à bonne distance de la bourbeuse queue de comète de l’ère psychédélique. Il y a un saxophone en pleine progression modale, une clarinette fureteuse (Jeff Cotton) une slide guitare habilement glissante et des tambours plus tribaux que ceux du Bronx. Fankhauser chante comme un Captain Beefheart qui aurait avalé un pot de miel tout entier et il n’y a pas lieu de s’en offusquer.
Après ce premier opus, Merrell et sa nouvelle troupe partent vivre en communauté sur l’île hawaïenne de Maui. Ils y deviennent végétariens, produisant bananes et papayes tout en discutant soucoupes volantes au clair de lune. Il y aura d’autres disques et Fankhauser deviendra « culte », mais toujours souriant. Voilà toute cette histoire mériterait un peu plus que cette faible notule vaporeuse, mais comme je suis un fieffé fainéant je ne m’étendrais pas plus que ça. Écoutez Mu il est meilleur que moi.



jeudi 8 mai 2014

Manishevitz - City Life (2003)


Les Manishevitz n’avaient presque rien pour eux, le nom d’un vin casher et deux albums d’ indie-pop gentiment remplis de choses vaguement agréables et aimablement jolies.
Avec City Life c’est autre histoire, c’est un disque qui vous donne l’impression d’écouter le jeune Mark E Smith, Bryan Ferry, Captain Beefheart et Red Krayola tout à la fois. Ce n’est pas rien, c’est presque un tour de force. La voix du chanteur Adam Busch, jusqu’alors un peu mièvre, fanfaronne du côté du sarcastique et les chansons sautillent à présent comme si elles étaient saisies de spasmes divers et variés. En somme, on passe de la joliesse pelucheuse à la raideur bienvenue, de l’introspection pour rien à l’heureuse extraversion. On écoute ce disque en gardant au coin du bec le beau rictus de satisfaction qu’affiche immanquablement un amateur averti admirant une collection de beaux angles coupants. Dans le genre le premier titre Berreta est une excellente entrée en matière : riffs en carillon, solos extorqués, angularité et puis de bien beaux battements de mains.




mardi 6 mai 2014

Nico – Camera Obscura (1985)


C’est le dernier album de notre star warholienne préférée. Il est produit par un John Cale toujours pygmalion mais un brin boiteux. L’accompagnement musical est distillé par une bande de jeunes rescapés post-punk faisant dans le déstructuré et les rythmiques brinquebalantes. Nico semble déjà un peu ailleurs, chantant dans  une atonalité frôlant le manque de conviction, donnant l’impression d’être une rescapée lasse recueillie par une bande d’expérimentateurs sournois. Restent deux merveilles pour sauver l’ensemble, une ballade morose à l’harmonium qui rappelle ses meilleurs moments (Konig) et une version glaçante forcement glaçante de My Funny Valentine qui devrait mordiller la poitrine des âmes les plus sensibles. Un chant magnifique par un drôle de cygne.





vendredi 2 mai 2014

Robert Forster - I had a New York girlfriend (1995)


Un album de reprises par l’un de nos Australiens préférés. Le menu est assez hétéroclite, mais globalement alléchant. Randy California, Guy Clark, Dylan, Matha and The Muffins, Grant Hart, Neil Diamond, Mickey Newbury. Que du bon ou presque…
Forster est accompagné par une clique de vieux kangourous aguerris (dont Mick Harvey échappé des Bad Seeds) et tout est pour le mieux avec des moments un peu étonnants. La pop middle of the road de Heart prend des airs recueillis (Alone), la traditional country de Bill Anderson résonne comme un beau bidule outlaw (3 A.M.) quant à la version d'Echo Beach, ce parfait one shot New Wave de Matha and The Muffins, elle est vraiment épatante, avec son violon qui griche et la voix de Forster un peu à la diable, un peu à côté.