samedi 24 août 2013

dimanche 11 août 2013

Talking Heads – Fear of Music. (1979)

 
« Never listen to electric guitar… Someone controls electric guitar. »  
 
Je me souviens avoir volé ce disque en avril 1981 dans une boutique de Carnaby street. Une belle journée au ciel bleu saturé — presque un IKB de chez Yves Klein — une bonne tiédeur, aucune humidité. Le disque de vinyle plus lourd qu’à l’ordinaire aurait pu être un frein, il n’en fut rien, je commis mon acte délictueux avec un contentement penaud et toute l’insouciance relative à mon âge de l’époque. Une fois dans la rue, l’échoppe dépiautée derrière moi, j’allumais une Pall Mall sans filtre puis je regardais d’un peu plus près la pochette nouvellement chapardée. Gaufrée, elle représentait un truc noir stylisé en relief. J’ignorais que c’était en fait la photographie d’une plaque d’égout new-yorkaise. Le disque que j’écoutais un peu plus tard - tout en ingurgitant d’horribles gros « petits pois » sucrés arrosés d’un thé tenant plus de l’eau chaude que du Darjeeling des hauts plateaux de l’Himalaya - était très bon, ce fut comme un petit choc. Le déplumé en chef Brian Eno déjà là David Byrne ne se prenait pourtant pas encore pour un intellectuel de haut vol. Il se contentait d’avoir des idées comme peut en avoir un artisan plâtrier. Les grandes idées lui viendraient plus tard avec Remain in Light et son tropisme africaniste inversé, son côté « machin plein de groove » destiné aux proto hiptsers que l’on appelait à l’époque « branchés ». Bon I’ m Zimbra le premier titre avait bien quelques propensions à vouloir sautiller au-dessus de la vulgate pop. Byrne y chantait un poème dada d’Hugo Ball, mais sans donner l’impression de vouloir trop faire le malin.  Pour le reste du disque  il se contentait d’un anglais  chaud-froid un brin distant qui tenait plus de la psychose que de l’actor-studio. La section rythmique qui l’entourait était à l’avenant. Elle passait du languide au frénétique avec une parfaite coalescence conjugale qui avait tout pour faire friser le bonheur de l’auditeur. Mine de rien Fear of Music était un disque formidable avec plein de vrais chansons et pas uniquement un machin bancal avec des bidules rythmiques (même s’il y avait plein de bidules rythmiques dedans). Bref, j’avais bien eu raison de le dérober sans vergogne.






vendredi 9 août 2013