vendredi 24 mai 2013

Cocteau Twins - Peel Session # 7




1. Hearsay Please (0:07)
2. Dear Heart (4:32)
3. Blind Dumb Deaf (8:11)
4. Hazel (11:52)

dimanche 19 mai 2013

Psychogeographie indoor (39)



« Et c’est précisément parce que nous sommes au fond des hommes lourds et sérieux, et plutôt encore des poids que des hommes, que rien ne nous fait autant de bien que la marotte : nous en avons besoin devant nous-mêmes — nous avons besoin de tout art pétulant, flottant, dansant, moqueur, enfantin et bienheureux pour ne pas perdre cette liberté qui nous place au-dessus des choses et que notre idéal exige de nous. »

 

1.

 
31 juillet.- Quasi canicule. Not in The mood… Le problème des hauteurs c’est que l’on n’y rencontre guère d’ombre.

1 aout.- Quasi canicule (35 °C). Trop chaud. Guère lu. Quelques papiers de Daney.
Jeux olympiques. Le tir à l’arc est très bien, très reposant (la compétition est diffusée sur Internet sans commentaires et donc sans effusion patriotique). Les archets portent des bobs, ils sont quasiment tous rondouillards avec quelque chose de doux et sympathique.

3 aout.- Temps d’aout, chaud, lourd, gras. Peu d’entrain, ma vie n’est plus dans le mouvement, elle est aboulique et comme envasée dans l’immobilisme des habitudes. Je ressemble de plus en plus à une fleur qui se noie dans son pot. Guère lu. Le « pavé » Daney, déjà un peu vieillot. Besson P, du talent, un peu drôle, mais trop « grande presse » et « marigot » pour être vraiment honnête. Relire De la connerie petit livre spirituel de Georges Picard (Chez Corti).

4 aout.- Orages. JO de Londres. Patriotisme indécent des Anglais que l’on entend vociférer par-delà la Tamise. Et puis certaines de leurs « victoires » ont quelque chose de suspect.
Joubert (Pensées), Daney (Pavé exhaustif à tendance cinéphile), Besson (chroniques germanopratines). Lire Camille Bourniquel et Frederic Prokosch.

5 aout.- Orages. Incapable d’aligner plus de trois phrases. Sans pratique quotidienne de l’écriture mes mots s’éloignent, quand ils auront dépassé l’horizon vous n’aurez plus rien à lire de moi et cela sera certainement très bien pour vous. Bref retour dans le Journal de Stendhal. Sans beaucoup d’entrain. Encore des histoires de cœur, une main que l’on sert de manière trop marquée, une main qui n’est pas la main de Madame de Rênal, Stendhal n’est pas encore romancier, pour l’instant il n’est que le scribe de lui-même.

12 aout.- Beau temps chaud. Elias Canetti fut tout à la fois juif sépharade, Espagnol, Bulgare et Turc tout étant un peu Roumain sur les bords. Il fut également un peu Anglais et Suisse, Autrichien et Français par sa fratrie et ses cousins. Son prix Nobel lui tomba sur la tête comme par mégarde, c’était un grand écrivain européen qui sautillait de Mitteleuropa en Angleterre sans plus de lourdeur nationaliste que ça. J’entame son Témoin auriculaire, c’est un petit bouquin svelte et drôle comme pourraient l’être les Caractères de La Bruyère si on prenait l’idée de les lire de guingois en gardant la paume de la main sous le menton.

13 aout.- Lancinante tiédeur aoutienne. Ce semblant de journal n’était rien, une peccadille, il est devenu trop important. Il faudrait que je l’abandonne comme on abandonne un nourrisson malgracieux au fond d’une impasse sordide. Redécouvert la marche et avec elle une lenteur qui me convient tout à fait. Lu quelques « caractères » d’Elias Canetti : le lèches-noms, le soumetteur et l’autobienfaitrice. Fini l’après-midi dans les pensées de Joubert : « je reprends ma joie et mes ailes, et je vole à d’autres clartés ».

14 aout.- Canicule naissante. Épuisé. Sieste prolongée. État flottant. Joubert, pensées. Quelque chose d’ontologique, avec la légèreté du roseau pensant. Ce n’est pas rien, c’est presque tout.

17 aout.- Canicule (37 °C) Calfeutré dans mes intérieurs, bougeant le moins possible. Quelques pages du Témoin auriculaire (Canetti globalement obsolète), quelques pensées de Joseph Joubert (globalement assez fraiches). Le début d’un polar de Lawrence Block (Le diable t’attend, Scudder n’est plus alcoolique, mais New York est toujours là). Réécrire sur la musique, trouver des contraintes capables d’ouvrir les écoutilles de mon inspiration

18 aout.- La canicule est plantée là, suintante, gluante comme un animal tropical qui s’épanouit dans la touffeur. (38 °C). Block, le Diable t’attend. Alcooliques anonymes et cancer du pancréas, globalement polareux, mais toujours attachant.

19 aout.- Chaleur un peu excessive, 39 °C ce n’est pas rien, je suis resté le plus immobile possible.
Toujours dans le New York de Lawrence Block, il y fait bien frais et les alcooliques repentis y tournent autour des morts. Encore dans les pensées de Joubert : « Les esprits délicats sont tous des esprits nés sublimes, mais qui n’ont pas pu prendre l’essor, parce que ou des organes trop faibles, ou une santé trop variée, ou de trop molles habitudes ont retenu leurs élans. »

21 aout.- (38 °C). En ces temps de canicule il vous faudra savoir rechercher l’immobilité la plus aboulique qui soit, une fois cette immobilité trouvée vous attendrez que le temps passe. Pour vous occuper l’esprit vous regarderez fixement le plafond tout en espérant qu’une vénielle masse d’air frais ose vous câliner la nuque. Vous n’aurez rien d’autre à faire que de rester stoïque telle une statue molle qui songe. La fraicheur tombera bien un jour, la fraicheur tombe toujours.

22 aout.- Moiteur mekongaise. Mon âge avance, la bêtise du « plus jeune que moi » avance avec. Trop de moiteur malvenue, Joubert encore « Celui qui a de l’imagination sans érudition a des ailes et n’a pas de pieds. »

 24 aout.- Orages lointains. Actualité chargée. Un présentateur de télé mort trop tôt (JLD), un cycliste déchu (LA, dopé, comme les autres ?), encore quelques morts en Syrie (plus de morts que de gazoducs). Passé une échographie abdominale (pas d’anomalie pouvant expliquer la symptomatologie douloureuse du patient). Toujours dans Le Diable t’attend polar « ordinaire » de Lawrence Block (il faut parfois savoir se contenter d’un polar ordinaire). Ecouté le nouveau disque de Bill Fay (le second en quarante ans), très beau (boy scout, mais très beau). Rien d’autre (ou si peu).

26 aout.- Queue d’orage et larges soleillées. Long weekend end alcoolisé. Me voilà émergeant et dubitatif, ne parvenant pas à me concentrer sur quoi que ce soit. Allumé mon poste de télévision que j’ai regardé comme on regarde un poisson rouge dans son bocal.

27 aout.- Retour de tiédeur (32 °C). Lavabo bouché. Quelques pensées de Joubert, une histoire d’Alphonse Allais (bien drôle), rien d’autre.

28 aout.- Beau temps. Débouché mon lavabo. Mal au genou gauche. Rien d’autre.

31 aout.- Vent, fraicheur déplacée (18 °C). J’emploie au quotidien l’étoffe qui m’a été donnée par la douleur. Genou droit douloureux, impossible de plier la jambe, impossible de marcher plus de trente mètres sans ressembler à un diable boiteux qui sautille de douleur. Poche de glace, antalgiques… Encore dans les pensées de Joubert, toujours dans ce polar de Lawrence Block que je finirai bien un jour.

1 septembre.- Fraicheur qui confine à la froideur, pas plus de 14 ° c’est très peu pour la saison, il faut bien en convenir (il « faisait » 38 ° il y dix jours).
Toujours mal au genou gauche. Un cadavre en décomposition a été découvert dans une voiture soigneusement garée sur le petit parking situé à vingt mètres de chez moi. Bizarrement je n’avais senti aucune odeur suspecte il faut dire que je n’ai pas le permis de conduire et que par conséquent je ne fréquente pas le petit parking tragique évoqué plus haut. Ce n’est pas le cas de mes voisins qui sont tous de fervents automobilistes, je vais donc me permettre de les regarder de biais en espérant qu’ils aient simplement eu le nez bouché passagèrement. Quant au cadavre ce serait un suicidé, on a retrouvé des barbituriques et les pompiers n’avaient pas l’air trop dubitatif.

Retour dans les Littératures de Nabokov. Emma Bovary et son existence d’oiseau qui s’achève dans la tragédie. Loin de ce fumet naturaliste que seuls les philistins sentent, le monde de Flaubert n’est qu’un monde imaginaire de plus, avec sa propre logique, ses propres conventions, ses propres coïncidences… C’est un monde plein de curieuses impossibilités, d’harmonieuses dissonances ; toute fiction est fiction…

2 septembre.- Fraicheur relative, quelques trop rares soleillées.

Serge Daney et les festivals, Berlin, Cannes, Venise, Rotterdam, Ouagadougou… On s’attache plus aux lieux qu’aux films. Inauguration d’une école « internationale » de cinéma à Cuba. Fidel Castro est là, Gabriel Garcia Márquez aussi. La Havane est un triple musée – de l’architecture européenne, de la voiture américaine et de la queue socialiste. Malgré sa décrépitude elle reste une belle ville, une belle ville où le journaliste en vadrouille ne peut trouver que l’Humanité à lire.

« le nombrilisme n’est plus un handicap lorsque le nombril est beau » (Sur Moretti)

Lire Will Cuppy, rigolo dépressif et suicidé, accessoirement compagnon de Robert Benchley au New Yorker. Lire Le Dernier stade de la soif de Frederick Exley.

 
 
2.
 

 4 septembre.- Nuages. Rien, néant, bagatelle, broutille, vétille, nul, zéro, babiole, insignifiance, non-sens, absurdité… Ne vivez pas !

« Si l’apathie est, comme on le dit, de l’égoïsme en repos, l’activité, qu’on vante tant, pourrait bien être de l’égoïsme en mouvement. Ce serait donc l’égoïsme en action qui se plaindrait de l’égoïsme en repos. » (Joseph Joubert)

7 septembre.- Beau temps chaud (30 °C). Poignet droit (tendinite), genou droit (ménisque), genou gauche (cicatrices, reste d’entorse), cheville gauche (cicatrice), cheville droite (reste d’entorse) coude gauche (cicatrice), avant-bras gauche (coupure), mollets gauche et droit (urticaire, chaussettes chinoises), estomac (hernie hiatale), hypocondre gauche (douleur tenace inexpliquée et persistante), cervicales (craquent).
Wil Cuppy s’enfermait dans son appartement de Greenwich Village, il y écrivait sans se soucier des des lourds aléas de l’outdoor, on lui livrait de quoi se nourrir (hamburgers, petit pois, café) et tout était pour le mieux. Son appartement était envahi par les livres, il y en avait de partout : dans la chambre, sur la table de nuit comme chez tout le monde, mais aussi sous le lit et sur la commode ce qui est moins fréquent, dans le salon du sol au plafond, et sous le canapé, dans la cuisine, sur et sous le réfrigérateur, mais aussi à l’intérieur, certainement par étourderie. Cuppy avant d’écrire la moindre amorce de ligne lisait tout ce qu’il pouvait lire sur le sujet qui le préoccupait. Bien imbibé et comme soulé par toute cette documentation ingurgitée, il prenait des notes sur des petites fiches cartonnées de sept centimètres sur douze (ce qui n’est pas si petit que ça). En somme, ces fiches étaient comme une source, une source exhaustive, une source inépuisable et diablement bristolée. En dehors de lire et d’écrire des choses et des bouquins Cuppy était aussi un poil misanthrope, il ne supportait pas les hurlements des nouveaux nés, les piaillements des enfants. Il haïssait encore plus les adultes, c’était pourtant un bon gars, un ours drolatique tout juste un poil bourru. Menacé d’être expulsé de son appartement, il se suicidera en 1949, ce qui il faut bien le dire est assez triste. J’entame son Grandeur et décadence d’un peu tout le monde, c’est pour l’instant un livre plein de vraie rigueur scientifique azimutée par le non-sens. On se croirait chez un Benchley historien et le tout est traduit par le très grand Chris Marker (ce qui n’est pas rien).

8 septembre.- Beau temps avec une chaleur qui en septembre semble tomber pour rien. Encore plongé dans le bouquin de Wil Cuppy, avec ses Grecs à l’ancienne, mais en pire : Alexandre le Grand qui ne pouvait s’empêcher de tuer (il tuait des Mèdes, des Perses, des Pisidiens, des Cappadociens, des Paphlagoniens et des Mésopotamiens variés). Néron qui, comme son père, avait pour plaisir favori la chasse au petit enfant, monté sur son char. Hannibal qui trouvait malin de faire traverser les Alpes à une armée d’éléphants, ce qui il faut bien le dire n’est pas si drôle que ça (les éléphants sont particulièrement doués pour ne pas traverser les alpes)…
Tous ces Grecs en pire se révèlent être des croquignolets de la plus belle espèce, si on ajoute les notes en bas de page et une misogynie pour ainsi dire salutaire, il y a de quoi bien rire (la suite demain.. ) « Les Égyptiens prédynastiques battaient leurs femmes avec des massues et de grossiers gourdins. Les maris de la première dynastie utilisaient des haches de porphyre ouvragées de manière exquise, capables de casser un bras d’un seul coup. »

9 septembre.- Beau temps, pour rien. L’un de mes saumâtres et indéfinis voisins ayant cru bon de faire la « fête » j’ai dû subir les constants vrombissements d’une musique technoïde tenant plus des Baléares que de Detroit ou Chicago durant toute la nuit et pendant une grande partie de la journée. Cette dite « musique » était accompagnée de terribles hurlements tout autant passagers que surprenants puisqu’ils sont survenus pour l’essentiel aux alentours de 4 heures du matin. Au milieu du vacarme j’ai cru discerner certaines stridences d’une nature toute féminine et je me demande comment une femme censée représenter la douceur et la quiétude en ce bas monde a bien pu soutenir ce constant vrombissement festif de plus près que moi encore. Bref, voilà les pires thèses de Philipe Muray étayées par de sinistres loustics… Pour supporter cette torture continuelle (pas moins de 18 heures sans interruption), il a fallu que je garnisse mes oreilles de deux boules Quies de gabarit raisonnable, les tremblements étaient encore un peu là, mais la vie sans vraie nuisance sonore poussée à l’extrême devenant presque supportable, j’ai même pu lire, ce qui n’est pas rien et presque tout.
Grandeur et décadence d’un peu tout le monde est bien le drolatique antimanuel d’histoire annoncé. Tenez pour exemple il faut que vous sachiez que les activités favorites de Louis XIV étaient, entre autres : les femmes, envahir les Pays-Bas, annexer l’Alsace et la Lorraine, rendre l’Alsace et la Lorraine, révoquer l’édit de Nantes, etc. Pierre Le Grand, lui, se contentait de casser les dents des gens avec une pioche, ou plus étincelant encore de leur faire sauter la tête avec un feu d’artifice. Quant à la Révolution française, convenons-en, c’était un truc conçu par quelques philosophes qui en voulant rendre un monde plus agréable essayèrent d’en arriver là en décapitant autant qu’il était possible.

 

3.

 
10 septembre.- Belle matinée, progressive dégradation par la suite avec de gros cumulus tièdes qui semblaient nous tomber sur la tête. Après le weekend technoïde et vrombissant de l’un de mes voisins indéfinis, j’ai dû subir aujourd’hui les assauts répétés d’un marteau piqueur ! En effet, mon voisin, très défini celui-là puisque c’est mon voisin de droite, a pris la drôle d’idée de vouloir faire construire une « porte-fenêtre » donnant accès aux 5 m de terrain qui font face à son minuscule appartement (nous sommes tous les deux au rez-de-chaussée). L’idée me semble bien curieuse et en tous les cas c’est une idée bruyante. Je préfère les idées qui font moins de bruit ou alors pas d’idée du tout ce qui est toujours plus simple. Imaginez un monde sans bruit et sans idées, ce serait presque le paradis !
Je n’aime pas trop les paraboles et les parabolistes, j’aime par contre beaucoup Joseph Roth. Or son Poids de la grâce que je viens d’entamer n’est qu’une parabole embobinée autour du livre de Job, me voilà donc perplexe et globalement très peu sautillant. Une famille juive russe émigre en Amérique, vous me direz : rien de plus normal pour une famille juive russe que d’émigrer en Amérique ? vous aurez raison. Le seul problème est que cette famille juive russe émigrante oublie le plus jeune de ses fils sur le seuil de la maison, là-bas en Ukraine (le gamin est épileptique et ne sait dire que Ma-ma, ce n’est pas une raison). La vengeance divine sera terrible : le fils cadet est tué à la guerre, un autre fils disparait tout simplement, la mère meurt de chagrin et la sœur devient folle. J’attends la suite avec un brin d’inquiétude (parabole, parabole). Pour le reste, chez Joseph Joubert la pudeur a inventé les ornements. Ah ! J’oubliais, l’un de mes lointains cousins est mort, une crise cardiaque, comme ça sous la douche. 50 ans c’est trop tôt pour mourir.

11 septembre.- Moiteur altérée, orages, vraie nonchalance.   Mes réserves parabolophobes d’hier étaient peut-être un brin infondées puisqu’en définitive Le Poids de la grâce ressemble plutôt à un bon livre. En tous les cas, comme souvent avec Roth, la fin est merveilleuse. On referme le livre avec un drôle de pincement à l’estomac et il n’y a que ça pour compter vraiment. (Ici il est question d’un miracle, un miracle désarmant). Enchainé avec un polar-vasa de l’ami Mankell (Les chiens de Riga). La Scanie est toujours bien laide en hiver. Boue grise, arbres gris, ciel gris et âmes grises. Quand on retrouve deux toxicomanes russes torturés et assassinés — en costume et cravate, dans un canot de sauvetage yougoslave – tout devient encore plus gris… et mystérieux.

12 septembre.- Imparable enchainement : humidité, pluie, fraicheur corrélative (17 °C). Dans le bouquin de Mankell (Les Chiens de Riga), Wallender est téléporté dans une Riga qui doit plus à l’Iron Curtain du père Alfred qu’aux débordements démocratiques de tous genres. La ville est encore embarrassée par des blocs massifs de communisme latent. Les halls d’hôtel sont forcément gigantesques et déserts avec ces petites bourrasques de vent glacial qui semblent être l’une des plus sournoises caractéristiques climatiques des pays collectivistes déclinants. Sorti de l’hôtel ce n’est pas mieux. Les rues sont tellement grises qu’elles virent à l’anthracite. Comme dans tout « pays satellite », on croise de pauvres hères indistincts qui font la « queue » devant des magasins aux vitrines vides. Il y a des traces de balles sur les façades, la suspicion rode et le balte de base est bien morne.
La Riga que j’ai visitée il y a bientôt deux mois était plus pimpante, avec quelque chose de presque agréable et de bien restauré. Des rues animées avec des magasins bien achalandés, de jolies Lettones un peu partout (certainement les ravages du capitalisme). Bon de Riga je n’ai pas tout vu, loin de là. Je n’ai guère vu les abords, les banlieues ou les « quartiers populaires » qui m’ont paru à vue de nez plus douteux. Mais raisonnablement douteux, sans ces regards lourds et assommés par l’alcool que l’on croise dans les environs de Saint-Pétersbourg (et je ne vous parle pas des meutes de chiens errants).
Sinon le polar wasa de Mankell se laisse lire, il est parfaitement concordant avec la petite pluie qui frappe à mes carreaux.

13 septembre.- Nuages, fraicheur. Quelques tardives soleillées. Fini le bouquin de Mankell. Pas mal, ce côté rideau de fer qui vous tombe sur le pied. Cette brume Guépéou et ces ondées Stasi. Cependant, le dénouement est assez bâclé, c’est dommage. D’ailleurs à ce sujet j’ai bien l’impression le dénouement bâclé est souvent l’apanage du polar, qu’il soit polar wasa ou pas. Il faut certainement chercher moins de facilité terminale chez un auteur comme Chandler (qui est plus bourbon que wasa). Bon Chandler est, aussi un grand écrivain, ce qui complique les choses (il est aussi très embrouillé, ce qui est très bien).

 

 To be continued...

 

samedi 18 mai 2013

Chambre verte - Ian Curtis



« Je passe mon temps à conseiller le suicide par écrit et à le déconseiller par la parole. C'est que dans le premier cas il s'agit d'une issue philosophique ; dans le second, d'un être, d'une voix, d'une plainte... » (EMC)

18 mai. Il pleut encore. Il pleut depuis environ deux cents jours. Ian Curtis s’est pendu un autre 18 mai, le 18 mai 1980, il y a 33 ans (12053 jours christiques). Une journée pluvieuse ? Peut-être pas, Manchester est certainement moins humide au printemps. En tous les cas, le 18 mai 1980 tombait un dimanche comme s’il ne pouvait pas tomber un autre jour. Le 18 mai 1980 Ian Curtis s’est pendu, le Mont St-Helens s’est réveillé et Charles Trenet à fêté son 67e anniversaire (J'imagine que pour l’occasion il a du boire une coupe de champagne tout en rosissant légèrement). Les années 80 arrivaient et tout allait changer. Ian Curtis n'était plus là mais Joy Division ne serait plus ce groupe sinistre écouté par trois pelés et un tondu. Le « mythe », idiot, pouvait commencer. Il perdure.

mardi 14 mai 2013

Jeff Lynne - Armchair theatre (1990)



Drôle de printemps islandais. Lyon ressemble de plus en plus à Reykjavik. Manque seulement une petite armée de fumerolles au-dessus de la Saône pour faire bonne mesure. On conviendra sans peine que dans une telle atmosphère le quidam ordinaire éprouve le besoin d’écouter les primesautiers Sigur Rós avant de se pendre au premier réverbère qui passe. Bienheureusement je n'ai rien du quidam ordinaire, les courtes félicités apportées par le  trépas inopiné ne m'attirent guère et Sigur Rós, cette sinistre clique qui psalmodie dans un abominable esperanto nordique, ne m'inspire rien de plus qu'un vague ennui goguenard. En lieu et place de tout ça, je me suis donc mis à la recherche d’une musique capable d’atténuer la sourde neurasthénie qui m’accapare depuis bien trop longtemps déjà. Bon ma discothèque ne regorge pas tant que ça en disque joyeux (Pour un Bobby Lapointe, un Screaming Lord Sutch combien de Peter Ham et de Peter Hammill). Finalement, je me suis rabattu sur un disque semi-primesautier, le premier album solo de Jeff Lynne, sorti en 1990 et réédité récemment. Même s’il est de temps à autre alourdi par des arrangements bougrement fin eighties (cette fausse Linndrum), il se révèle être possiblement plaisant et en tous les cas capable de distiller un léger halo ensoleillé dans mes rideaux. Lynne n’est pas le premier venu, il n’est pas souvent morose et en tous les cas depuis ses débuts avec les Iddle Race jusqu’à ELO tout en passant par Move (très bien Move, Roy Wood est très rigolo) il sait concocter du simili Beatles au kilomètre.

Dans ce « fauteuil de théâtre », il y a une belle cohorte de pop beatlesque pleine de guipures chatoyantes, d’autres choses vaillamment situées entre les garçons de la plage et le mur du son construit par le cyclothymique en chef Spector ; des choses agréables et globalement joyeuses. Restent deux standards repris à la mode soyeuse de Willie Nelson (September Song et Stormy Weather) deux tristounets bouts de nostalgie. Et voilà que nous y revenons ! Le tristounet est décidément partout, il trottine dans les frimas, il vous saisit à la gorge, vous pince entre le cœur et l’estomac, c’est est un loup dépressif qui ne demande qu’à vous croquer ! Finalement, je crois que je vais réécouter Nick Drake en regardant tomber la pluie.



dimanche 5 mai 2013

Scritti Politti - Early (2004)


 
 « La répétition est le moyen didactique le plus efficace pour agir sur la mentalité populaire »
 
J’aime beaucoup Scritti Politti, tout Scritti Politti. Le Scritti Politti « commercial » celui où Green Gartside semble découvrir Arif Mardin, les disques Atlantic, Michael Jackson, mais aussi le Scritti Politti des débuts, le Scritti Politti tâtonnent, avant-gardiste par défaut plus que par volonté (l’incompétence technique aide souvent aux velléités avant-gardistes), raide comme une trique avec cette grosse basse qui monte et qui descend. A cette époque Green Gartside ne veux pas encore faire semblant d’être une pop star, il ne jure que par Gramsci, cite plus souvent Derrida que la Tamla-Motown et pour tout dire son engagement est bien plus extrémiste que celui de mon genou gauche. Il faut écouter ces débuts-là, un parangon de DIY (Do It yourself) rassemblé dans la compilation Early, c’est du tout bon pour qui aime les choses raides, accidentées et un brin aléatoires.
 
P.-S. Les deux derniers titres enregistrés un peu plus tard avec Robert Wyatt (autre fameux gauchiste) sont déjà bien autre chose. Moins de raideur, plus de souplesse Lions After Slumber est une promesse de chanson soul aux yeux bleus quant à The Sweetest Girl c’est la plus belle chanson de Green Gartside un faux reggae famélique avec l’orgue de Wyatt dans le fond, une chanson extraordinaire.

vendredi 3 mai 2013

The Diagram Brothers - Peel Session # 6



1. Postal Bargains (0:07)
2. Those Men In White Coats (2:03)
3. I Didn't Get Where I Am Today By Being A Right Git (5:15)
4. My Bad Chest Feels Much Better Now (8:26)