mercredi 6 février 2013

Gene Clark - Two Sides to Every Story (1977)



C’est un fait acquis, une quasi-certitude, les gens qui savent vous l’affirmeront sans aucune crainte : Gene Clark après le terrifiant No Other n’est plus rien ou tout comme. Il y a bien quelques disques après, quelques courts cahots essoufflés, mais l’essentiel n’est plus là, l’essentiel est abandonné et dit dans No Other disque étrange et grand manifeste mid-seventies en forme de gueule de bois carabinée.
Eh bien figurez-vous que les gens qui savent se noient peut-être dans l’erreur ! Allez savoir et regardez par exemple ce qu'il y a dans le vrai cœur d’un disque plus tranquille et sans risques comme Two Sides to Every Story : beaucoup, encore.

Cherchons… voyons voir, écoutons... vraiment...

On dira cinq titres un peu quelconques country middle of the road avec le souvenir des yodelers dans la gorge, du bluegrass avec ce qu’il faut de banjos et de violons (on tape des pieds) un boogie sympathique Kansas City Southern… Voilà pour les titres les plus faibles, rien de bien transcendant.
Je sais bien que le commun des mortels n’aspire pas à être transporté vers le divin à tout bout de champ, mais néanmoins venons en au transcendant, et vite ! Oui dans le vrai cœur de Two Sides to Every Story il y a du transcendant et de l’élevé … Ces cinq ballades restantes, toutes aussi belles les unes que les autres aussi belles que les plus belles chansons de Mickey Newbury… Sister Moon , avec ce piano électrique doux et cet air décontracté même dans les montées en neiges sentimentales, Silent Crusade le ressac... la voix de Gene Clark n’est pas extraordinaire en elle-même, comme toujours c’est plus un ton et une inflexion singulière qu’une voix, un accent par où le chagrin est passé plus qu’un symptôme de chagrin redondant… Give My Love To Marie une chanson de gueule noire, un mineur qui espère pouvoir aimer avant de mourir les poumons embrumés , du Springsteen puissance mille…
Hear The Wind  merveille mid tempo panthéiste, mettez votre tête sur mes épaules séchez les larmes de vos yeux, regardez le soleil qui se couche, entendez comme le vent pleure.
Gene Clark était un type étrange, un entiché du chagrin comme dirait l’autre. Un flétrissement inflétrissable, un tourment épanoui, immortel, une timidité de rose et des plaintes. On ne sait quasiment plus rien de lui mais sa renommée trouble les nuages… Le ciel n’attend pas...