samedi 24 mars 2012

Still stuff stiff - N°5



Rigidité, cynisme, morgue, ironie ? Second degré goguenard ? Distance post moderniste ? Début de la fin ? En tous les cas Elvis Costello au meilleur de sa première forme.

1. Introduction, 2. Mystery Dance, 3. Waiting For The End Of The World, 4. Lip Service, 5. Two Little Hitlers, 6. The Beat, 7. Night Rally, 8. This Year's Girl, 9. No Action, 10. (I Don't Want To Go To) Chelsea, 11. Lipstick Vogue, 12. Watching The Detectives, 13. Pump It Up, 14. You Belong To Me.

dimanche 18 mars 2012

Psychogeographie indoor (27)


1.

« Même ma propre pesanteur, l’engourdissement habituel de mon cerveau me semblent être quelque chose ; je sens un affrontement délicieux, tôt simplement infini, en moi et autour de moi, et parmi les matières qui s’affrontent il n’en est aucune dans laquelle je ne puisse me glisser. J’ai alors l’impression que mon corps est constitué uniquement de caractères chiffrés avec quoi je peux tout ouvrir. Ou encore que nous pourrions entrer dans un rapport nouveau, mystérieux, avec toute l’existence, si nous nous mettions à penser avec le cœur. Mais quand cet étrange enchantement m’abandonne, je ne sais plus rien dire à son sujet ; je ne pourrais pas davantage alors expliquer au moyen de paroles raisonnables en quoi consistait cette harmonie qui nous traversait, le monde entier et moi, de son flottement suspendu, ni comment elle m’est devenue sensible que je ne saurais donner l’indication exacte sur les mouvements internes de mes entrailles ou les stases de mon sang. Indépendamment de ces hasards étranges, dont je ne sais guère d’ailleurs si je dois les attribuer à l’esprit ou au corps, je mène une existence d’un vide à peine croyable… »

J’écris (mal) une demi-heure par jour alors qu’il faudrait que j’écrive (au mieux) plus de cinq heures par jour pour être un vrai écrivant. En fait, je suis bien trop indolent pour pouvoir espérer écrire vraiment, je suis assez vite ennuyé par les nombreux obstacles qui se dressent immanquablement devant mes phrases, je n’ai pas envie de faire le moindre effort pour les contourner. De surcroit, je n’ai pas grand-chose à dire. C’est pourquoi ce journal vaguement littéraire restera toujours si faible car il est très peu travaillé et sans vraie matière. Vous pouvez quand même le lire, c'est vous qui voyez.

6 aout.- Grisaille et pluie. Pluie et grisaille. Rien de nouveau sous le non-soleil. Humeur morose, pas d’inspiration.

Essayé d’aimer la Moitié d’Orange de Jean Louis Bory. Je dis essayé car je n’y suis pas parvenu. J’étais pourtant dans les prédispositions requises. Le personnage de Bory m’est sympathique, son livre est réputé, drôle, ironique, tendre, sincère, émouvant tout ce que vous voulez, mais c’est ainsi je ne l’aime pas. Bory n’est pas responsable de ce désamour, j’en suis le seul et unique responsable, je ne devrais pas lire des livres écrits en 1973 sous une chape de plomb morale alors que nous sommes en 2011 sous une chape de fausse luxure. Le côté revendicatif de Bory était justifié en 1973, il ne (me) passe plus aujourd’hui où j’ai l’impression que les Bory on fait semblant de gagner… dans l’affichage, car il y a toujours autant de préjuger et de frustration qui rodent. (Je dois aussi dire que l’un de mes voisins a utilisé un marteau piqueur toute la journée - un marteau piqueur ! - ce qui ne m’a guère aidé et un peu agacé. Sans ce continuel vrombissement je l’aurais peut-être aimé ce livre, allez savoir ? )

Fini l’après-midi chez Goethe en Italie. Comme par magie plus de marteau piqueur qui marteau pique, un rayon de soleil et Goethe qui vogue vers la Sicile…

8 aout.- Beau temps ; pour rien.

L’agence de « notation », voilà donc l’un des nouveaux visages d’Odrakek !

Retour au Labeur : fatigue. Jadis quand nous nous épuisions au labeur notre fatigue n’avait pas ce côté navrant et « pour rien » que nous connaissons aujourd’hui. Le grand capital était l’ennemi, il était identifiable, palpable, tellement palpable qu’avec le peu d’énergie qu’il nous restait nous pouvions parfois le séquestrer et lui faire rendre gorge. Il tremblait alors en pensant à sa boite de havanes, là en dessous dans le tiroir de droite. Il tremblait puis il faisait semblant de compatir tout en concédant un peu. Aujourd’hui nous nous fatiguons dans des tâches abstraites que nous commandite une entité indiscernable : le marchéfinancié. Allez séquestrer une entité indiscernable et vous m’en reparlerez ! Le marchéfinancié est inséquestrable, c’est un monstre gazeux et sans odeur, un monstre insensible et sourd. Pire c’est un monstre qui ne nous en veut même pas ; il ignore tout de notre existence, il a bien autre chose à faire : rester abstrait, tourner en rond dans l’eau pour rien, trouver un pavillon de complaisance, faire son gazeux inodore.

Lisant la Moitié d’orange de Bory, je me dis que je suis décidément son plus exact contraire, son antonyme non sautillant. (Hétérosexuel non revendicatif, nostalgique, dégagé, faux cynique, vrai naïf.)

9 aout.- Temps « changeant ». Vent léger, des nuages, quelques éclaircies.

Pour Bory l’écrivain est un « citoyen » et comme tel il DOIT s’intéresser à la politique. D’ailleurs à ce sujet : si vous entendez monter un sourd brouhaha à travers vos fenêtres, c’est soit le cirque Bidule qui passe dans votre ville, soit une cohorte de poulettes adepte du twirling bâton (pour ne pas dire des Majorettes) soit une clique d’écrivains engagés qui font sonner leurs gros hélicons à l’unisson. Pire pour Bory un écrivain qui « crée une œuvre apolitique représente une position politique ». Comme si le désengagement était forcément de droite, comme si les années 70 avaient toujours raison…

11 aout.- Beau temps, chaud sans l’être trop. London Burning. Déroute des marchés financiers.

« Si vous apercevez un géant, regardez d’abord la position du soleil, et voyez si le géant n’est pas l’ombre d’un pygmée. »

Fini les Fragments de Novalis, demain j’entame l’Oberman de Senancour, après-demain l’Archipel des Kerguelen de Jean Paul Kauffman, dimanche…

12 aout.- Temps lourd et hésitant, orageux sans orage, moite pour rien.

Fatigue, sommeil, labeur, rien d’autre. Stendhal un peu, mais sans entrain. Lire l’Autobiographie de Jung-Stilling, les Gens de Selwyla de Gottfried Keller, lire aussi les Conversations de Goethe avec Eckermann. Autant de lectures recommandées par Nietzche, ni plus, ni moins.


2.


13 aout.- Beau temps chaud, estival en somme.

J’aime les iles et L’arche des Kerguelen de Jean Paul Kauffmann. Il faut aimer les histoires insulaires de Kauffmann, elles sont en trompe l’œil avec ce côté enfermé en plein air qui fait toute la différence. Kauffmann est un écrivain, un vrai, qui a su faire une œuvre discrète avec ce qui l’avait défait, ce n’est pas rien, c’est estimable - et très « noble » - tant la discrétion est de mise. Ici les Kerguelen plus tard Sainte-Hélène. Grande et petite histoire des Kerguelen, cet archipel plein d’odeurs vives et fraiches comme si elles provenaient des profondeurs de la terre, ces iles tellement venteuses qu’elles ont créé un monstre discret : la mouche sans ailes (il faut savoir s’adapter, mais allez voir voler une mouche sans ailes et vous verrez le résultat). Au mitan de ce livre, je peux déjà affirmer qu’il est bon, documenté, intriguant, parfois émouvant et surtout bien écrit. Je le terminerai demain, j’en parlerai un peu plus ou pas, suivant la météo.

14 aout.- Temps vaguement orageux, une ondée tiède, quelques coups de tonnerre au loin, rien de foudroyant.

L’arche des Kerguelen. Il y a Jean Paul Kauffmann qui est là pour se désoler, faire solitude, repeupler ce qui a été détruit. Il y a aussi ceux qui l’ont précédé. Kerguelen (lui-même) qui ne mettra jamais les pieds sur l’archipel qu’il avait découvert. Kerguelen un roman à lui tout seul : ses trois visites autour de ses iles (désolées avant d’être siennes), ses femmes à bord, sa condamnation, ce genre de réjouissance. Il y a Raymond Rallier du Baty premier écrivain-voyageur à vouloir gambader dans de l’australe venteux, il y en aura d’autre (et même Valery Larbaud par la bande). Il y a ces corsaires allemands qui, entre deux sournoises opérations envers la royale navy, trouveront refuge ici. Il y a ces hommes, ces morts, des fantômes et puis il y a la nature, rude et humide, cette absence d’arbre au milieu du brouillard, cette nature parfaitement saisie.

Quant à la flore il y le fameux chou des Kerguelen. On ne sait pas d’où il vient, mais on sait que son gout est piquant et poivré. On sait aussi qu’il faut se garder de le cuire à l’eau, car il émet alors une odeur musquée qui rappelle étrangement le parfum des filles les moins vertueuses de la casbah d’Alger.
Quant à la faune, il y a ce chat étonnant, ce félin importé au crâne réduit et triangulaire. Un matou, qui sans adversité, ne réfléchit plus et se retrouve avec un cerveau tout rabougri. Je concède aisément que l’on soit effrayé par la géométrie bizarre de cette tête inusitée, il faut bien le dire.

16 aout.- Chaleur lourde et désagréable comme un python tiède au bord du Mékong.

Trois pages de Goethe en Italie, pas plus, pas moins…

17 aout.- Canicule. Trop chaud pour faire quoi que ce soit.

Trois pages de Goethe. Arrosé mes arbres.

19 aout.- Canicule. Rien. Senancour, Oberman

« J’interrogeai mon être, je considérai rapidement tout ce qui m’entourait ; je demandai aux hommes s’ils sentaient comme moi ; je demandai aux choses si elles étaient selon mes penchants, et je vis qu’il n’y avait d’accord ni entre moi et la société, ni entre mes besoins et les choses qu’elle a faites. Je m’arrêtai avec effroi, sentant que j’allais livrer ma vie à des ennuis intolérables, à des dégoûts sans terme comme sans objet. J’offris successivement à mon cœur ce que les hommes cherchent dans les divers états qu’ils embrassent. Je voulus même embellir, par le prestige de l’imagination, ces objets multipliés qu’ils proposent à leurs passions, et la fin chimérique à laquelle ils consacrent leurs années. Je le voulais, je ne le pus pas. Pourquoi la terre est-elle ainsi désenchantée à mes yeux ? Je ne connais point la satiété, je trouve partout le vide. »

20 aout.- Chaleur de braise et humeur déconfite. (40°).

Claquemuré ne bougeant pas au risque de devenir flaque. Pas d’inspiration, en rien… Tout juste assez de volonté pour lire, alors écrire…
Dans l’Oberman de Senancour jusqu’au cou. Très bien, morose comme j’aime. Entamé le Dumala d’Eduard Von Keyserling. Von Keyserling est l’écrivain de la Courlande, cette province balte de l’empire russe principalement remplie de bois humides de lettons et d’une part non négligeable d’aristocrates allemands plus raides que le premier junker qui passe. En fait, la Courlande de Keyserling est plus inventée qu’autre chose, on pourrait même dire que c’est une terre qui fertilise ses phantasmes brumeux. Il écrit d’un « proche ailleurs », celui de l’écrivain courlandais exilé à Munich , et le monde que nous découvrons est donc un monde façonné par la brume de ses souvenirs, la nostalgie de la terre de son enfance. Dans ce monde on meurt beaucoup, souvent en pleine nature : une nuit on se laisse glisser dans un étang, ou alors on s’adosse à un arbre et la vie vous quitte, comme ça, légèrement, sans en faire trop. La mort est la simple manifestation de l’ordre des choses, le suicide la façon la plus digne de « faire avec »… Dans Dumala c’est cette nature et son poids ontologique qui font la différence qui font que tout cela dépasse le joli, le charmant, pour voguer vers de l’autrement plus conséquent. L’intrigue est simple dans le compliqué. Une baronne est aimée de quatre soupirants — un jeune, un vieux, un beau, un pasteur — rien de bien foudroyant. Là où tout devient enveloppant, c’est que notre baronne et ses soupirants, outre les intermittences de leurs sentiments, font aussi avec la nature. On les voit errer dans les jardins, hanter le bord des étangs, se perdre en pleine forêt avec la nuit qui descend et le monde qui s’éloigne. Là est l’essentiel (c’est l’enfance de Keyserling) ; me semble-t-il.

21 aout.- Canicule. 39°.Trop chaud. Pas bon à grand-chose.

Le Dumala de Keyserling n’était peut-être pas aussi bon que je le présupposais hier. Pas assez de nature, on frôle parfois le « joli roman ». Cependant belle fin mélancolante. Il faudrait que je retente le Keyserling estival (Eté brulant).

22 aout.- Tiédeur extrême.

L’un des rares avantages de labeur c’est que les états d’extrême fatigue qu’il procure ont la capacité de vous laisser dans un drôle d’état oscillant. Le corps, sac de fatigue inutile, n’existe plus que pour la douleur, l’esprit lui est ailleurs, il est autonome, indépendant, surplombant. Ainsi me voilà écroulé sur mon canapé écru, ne bougeant plus au risque de réveiller l’une des multiples douleurs qui m’accapare, mon esprit goguenard flottant au-dessus de ce pauvre corps éreinté… Ce corps qui ne cherche qu’à s’endormir, cet esprit qui ne veut que le réveiller. Curieuse dichotomie.

Un peu de Senancour (en Suisse)

23 aout.- Toujours cette chaleur incongrue, lourde et poisseuse comme l’existentialisme tout entier.



3.


25 aout.- Reste de tiédeur, orage

Pas dans le mood, quasiment rien lu. Senancour un peu, Goethe en Italie (sur Joseph Balsamo).

Vous allez me trouver plus démodé que le chaland qui coule, mais demain je commencerai le Climats d’André Maurois. C’est un livre réputé vieillot, de la dentelle conjugale un peu jaunie, mais je l’envisage très bien. Le volume n’est pas tout récent, une réédition plus ou moins féministe fignolée par le « club de la femme » en 1969. À l’intérieur, une photo où André pose avec madame, une fesse en bord du canapé, des chaussures étonnantes, certainement des bottines et puis cet air bourgeois qui inspire confiance. Madame est encore plus sage. Il y a une bibliothèque derrière eux. Nous sommes à Neuilly, c’est le salon de Neuilly. Trois pages plus loin une autre photo, toute la famille est là : Maurois, sa femme, ses enfants, ils sont tous très bien peignés.

26 aout.- Orages violents. Baisse sensible des températures. Une campeuse morte dans l’Ain. Un orage, trop d’air, une branche, une tente, une campeuse, une trépassée de plus.

Au risque de voir sautiller certain sur leur quant-à-soi, je dirai de Climats que c’est un Maurois charmant, plein d’odeurs de noisette et de bruissement conjugal. Une belle dentelle qui jaunit à l’écart de toute modernité (je ne pense pas que cela soit un problème). Joli style, élémentaire et légèrement ondulant, bien peigné. Pour le reste : jeunesse, amours, fiançailles, rivages matrimoniaux, récifs matrimoniaux, naufrage sentimental. La jalousie et le fait de devoir vivre avec cet autre soi-même qui au fil de l’habitude ne peut que vous trahir (en ne vous aimant plus autant, en allant voir ailleurs s’il est possible d’aimer encore autant…)

27 aout.- Quasi fraicheur. Il faut dire que nous avons perdu plus de 20° en deux jours, c’est beaucoup.

« Les liaisons commencent dans le champagne et finissent dans la camomille. »

Le Climats d’André Maurois est étonnamment bon, fin, délicat et peut-être pas si vieillot qu’il n’y parait de prime abord. La construction sans vouloir être savante, et plus moderniste que toutes les années 20 réunies, est tout de même un plus recherchée que le premier roman-roman qui passe. Il y a le côté des hommes, le côté des femmes, et chaque côté affleure dans l’autre par les mots (carnets, lettres, journal intime...) Enfin c’est surtout un livre étrangement émouvant, émouvant avec du conjugal, sentimental avec du conforme, ce n’est pas rien.

28 aout.- Temps agréable. Température idéale. Ciel IKB pâle. Tout pour plaire.

Je n’ai jamais douté de votre capacité à vouloir créer de jolies choses, ni de la modestie qui vous empêche de les montrer.

Goethe en Sicile monte au-dessus de Montreal. Le panorama et la nature sont plaisants (moins aujourd’hui, il y a une autoroute et la mafia). Outre le paysage (la baie de Palerme), la faune et la flore, il y a les pierres et rochers. Goethe est un sacré géologue qui a tout pour ravir l’amateur de cailloux. Il décrit à merveille tous les quartz et granites environnants. Ses amourettes avec la caillasse finie on le retrouve ensuite à flanc de montagne, il déguste deux trois tranches de saucisson, laisse trainer les peaux par terre, un chien errant les mange (n’oublions pas que Goethe est vaguement touriste et surtout allemand).

Journée ardente. Horizon fumeux. Vallées vaporeuses.


Senancour, lui, monte au-dessus de St Morritz. En s’élevant il ne cherche certainement pas l’autre, l’humain, non s’il s’élève ainsi c’est pour mieux l’oublier et pour mieux oublier la monotone nullité des paysages de plaine. Ce qu’il cherche, loin des émanations sociales, c’est l’immobilité silencieuse, l’air pur, les confins de l’éther, cet autre ailleurs, là sur terre.

Un peu du Journal de Renard.

30 aout.- Température idéale. Ciel IKB.

Au monde, à l’humain, Senancour préfère la solitude et les bois. On ne saurait lui donner tort. Chez Renard (Jules), le travail pense, la paresse songe et le désespéré ne risque pas grand-chose « Que de gens ont voulu se suicider, et se sont contentés de déchirer leur photographie ! »

1 septembre.- Temps fluctuant. Frais en matinée et d’une sage tiédeur par la suite. Quelques nuages de traine.

« Rentrée littéraire ». Lire Emmanuel Carrère (Limonov), Jean Rolin (Le Ravissement de Britney Spears), Marien Defalvard (Du temps qu’on existait). En gros du global qui vire à l’intime, du digressif et du suspect. Concernant Devalfard et le suspect, on sent monter le « coup littéraire ». 19 ans et génie précoce (précoce comme tous les génies). Roman censément écrit entre 15 et 17 ans. Envoyé par la poste, publié aussi sec, it’s magic. Photo romantoc et bandeau had hoc. Devalfard existe-t-il vraiment ? Est-il inventé par Charles Dantzig (son découvreur-éditeur)? Disons qu’après un bref survol anticipateur, je pencherai plutôt pour un Devalfard réel, un Devalfard palpable, mais canalisé par Dantzig. Comme je n’ai rien contre le surmoi devalfardien émergeant, sa préciosité, ses affèteries, tous ses points virgules, je ne pense pas que cela soit un problème en soi.

To be continued…

mardi 6 mars 2012

Martyn Bates - Love Smashed on a Rock (1988)


La musique ne me touche presque plus. Elle me laisse froid, terriblement froid. D'ailleurs, je n’écoute quasiment plus rien. Alors, parler de musique… Et puis de toutes les façons il n'y a que les disques et « artistes » que nous avons aimé quand nous étions jeunes et encore influençables qui compte vraiment. Disons que tout se joue là entre 14 et 18 ans et que ce qui vient après n’est pas important, ce n’est souvent qu’un amour rempli de pose et de fausse sincérité. (Ou alors quelque chose de plus mystérieux et tordu qui excède de beaucoup la musique en elle-même). On rabâche donc forcément sans cesse les quatre ou cinq années qui nous ont formés. Disons que l’intérêt de parler d’autre chose me parait un peu malhonnête. On pensera que je me flagelle avec ma propre nostalgie, mais je n’y peux rien, c’est ainsi.
Bon tenez par exemple je devais avoir 22 ans, quand j’ai écouté pour la première fois ce disque de Martyn Bates. Je l’aimais, mais c’était déjà trop tard. J’étais certainement plus amoureux de mes sentiments et de la perception que j’avais du disque que du disque lui-même. C’était un amour factice, un amour de fausse mesure. La preuve cet album ne compte plus du tout pour moi. C’est pourtant le meilleur des trois que Martyn Bates avait fait paraitre sur le label belge Integrity au milieu des années 80. Le charme diapré des premiers Tim Buckley (celui de Goodbye and Hello), ce folk rock romantique avec de jolies guitares en bois. Et puis la voix de Martyn Bates flottant à une respectable distance des complaintes bricolées chez Eyeless in Gaza. Disons un gout mélancolique, mais dissous par la joliesse, une eau tiède un peu agréable (je suis injuste).
Cinq ans plus tôt j’avais découvert Eyeless in Gaza et la voix de Martyn Bates, je pense que c’était un vrai amour, un amour de première fois, c’était bien autre chose. On n'oublie pas un premier amour, on ne retombe pas souvent amoureux de la même personne, la comédie du remariage c’est dans les films.



jeudi 1 mars 2012

Remake / Remodel N°21


« Il y a 36 ans que je suis emprisonné sans avoir commis de crime. Pendant ces années, beaucoup de gens sont venus nous voir. Certains pour faire des photos, d’autres avec un point de vue littéraire, pour voir une espèce de gens différents, plusieurs ont tourné des films. Hélas, ils nous ont trahis jusqu’à aujourd’hui. Aucun n’a transmis ce que nous voulions et ce qu’ils avaient promis de montrer au monde. Finalement une duperie, une photo, et une légende dessous qui modifiait les promesses et nous trahissait - et ceci nous blessait, parce que les uns voulaient montrer de la compassion et les autres de la répulsion - mais nous ne voulons ni qu’on nous déteste ni qu’on nous plaigne. Nous avons seulement besoin d’un sentiment, l’amour. Amour, en tant que personne qui a une infortune, et non comme s’il était une sorte différente d’homme, un phénomène... Je me demande si, bien qu’étrangers et partant très loin, je me demande si vous rendrez la vérité, ou si vous garnirez de mensonges ce que vous avez tourné pour l’utiliser qui sait dans quels buts, qui sait pour quelles idées. »