dimanche 20 février 2011

Zounds - The Curse of Zounds (1981)



Même si les anarchistes tout autant autoproclamés qu’organisés en une certaine tendance à me rendre dubitatif je dois reconnaître que ce disque est un bel et rare exemple, et pour tout dire un parangon, d’anarcho-punk (1) revendicatif réussi. Un tellement bon disque qu’à son écoute il me prend souvent des envies baroques : sniffer de la colle au fond d’un squat… vociférer des « fuck Thatcher » tonitruants… agiter un drapeau noir tout en citant Bakounine… cracher sur la nuque des cégétistes bedonnants qui traînent en début de monôme… Bref que du bizarre, du surprenant, voire pire ! du sybarite !

Pour le reste, ces temps-ci je ne suis guère inspiré : la saison est froide, l’humeur maussade et l’inspiration flapie.

(1) Dans le sens de Crass, tas d’ignares !



mercredi 2 février 2011

Former Ghosts - Fleurs (2009)



« Nous vivions de fleurs. Voilà pour la sustentation »

En oubliera un instant la douceur, on préférera la douleur, on se complaira dans du glaciaire, du maussade… Pour mieux se complaire, se rouler dans ses propres ressentiments, pour mieux s’oublier doux, et se croire douloureux, on écoutera ce disque de Former Ghosts. On l’écoutera avec un plaisir contraint, on l’écoutera comme on gratte une plaie inutile tout en se disant que cette écoute est une « étape nécessaire », que si cette « étape nécessaire » est parfaitement concordante avec la saison elle est surtout parfaitement concordante avec l’humeur du moment. Bref, on restera glauque, démotivé face à tout, on regardera le plafond, la musique montera. Elle sera sinistre, on se complaira dans le sinistre, on fera semblant d’avoir mal…

Résumons : Former Ghosts est un genre de super groupe, un super groupe un peu ailleurs, une clique raide composée de Jamie Stewart (Xiu Xiu), Freddy Ruppert (This Song Is a Mess But So Am) et Nika Roza (Zola Jesus)… Ces trois-là n’ont rien de primesautier, on les imagine plus souvent à la crémation qu’à la queue leu leu, plus souvent crispés que sautillants… Deux faux vrais Ian Curtis et une fausse vraie Siouxsie Sioux, des glitchs et beats électroniques, des sons dissonants, des synthétiseurs trempés dans leur propre réverbération… Là-dessus Freddy Ruppert et Nika Roza psalmodient des histoires inquiétantes (Jamie Stewart, lui, se contente de constater et de tambouriner, il est là pour constater et tambouriner…) Tout cela est situé aux confins du lugubre et du sinistre, de la vraie raideur et de la souffrance palpable.
Reste à savoir si nous ne frôlons pas le forcé, le surjoué, le factice pour tout dire. Cette grande douleur n’est-elle donc pas feinte ? Y a-t-il quelque chose de tangible entre le grand guignol et la sincérité ? On a beau se dire que la sincérité n’est pas une valeur en soit (il y bien des crétins sincères) on a quand même l’impression que les trois raides qui nous concernent tanguent résolument du côté de la sincérité. En les écoutant, on a toujours l’impression qu’ils portent leur cœur sur la main, que leurs histoires, d’amours, de chagrin, de mort, sentent le vécu et que ce lyrisme qui leur monte n’est jamais feint… Disons que cela nous change des « gothiques pour rien » des faux désespérés qui encombrent trop souvent ce genre de réjouissances musicales.

Pour se convaincre vraiment, on écoutera Mother, une chanson où Freddy Ruppert semble entrer en contact avec sa mère morte ; contact glaçant s’il en est. On n’oubliera pas ce refrain désespéré, ce refrain où il « ne se sent nulle part comme à la maison », on ne l’oubliera pas et à notre tour on parlera à nos morts…

I can't believe it is almost five years
and so much has changed since you've been gone
there are a million things I wish I could tell you
like I've met a girl whose eyes draw me in
to a world where my heart beats faster