mardi 29 septembre 2009

Moolah - Woe Ye Demon Possessed (1974)



Du Krautrock new-yorkais !! Cette chose enregistrée en 1974 a de quoi laisser l’auditeur perplexe !! Un duo électronique qui produit une musique intrigante, sorte de continuation du psychédélisme mordoré jusqu’au son point limite, de longs instrumentaux où il n’y aurait que des amorces de mélodies, aucune structure apparente si ce n’est une vague pulsion crée par le rythme. Une musique totalement vierge, inventée par des quidams qui ne maîtrisent pas leurs instruments. Cette sorte de murmure abrasif frisant l’accidentel que l’on retrouve dans les albums les plus heureusement obtus d’Eyeless In Gaza par exemple. Une musique qu’il faut écouter le volume sonore le plus bas possible pour la laisser se dénoyauter toute seule …

Atmosphère sinistre et rampante. Bruit blanc, vagues du synthétiseur et du piano qui s'introduisent comme dans un mauvais rêve. Cela ressemble à ce qu’un esprit tordu pourrait produire : lancer des notes de musiques presque par hasard et dans un but ignoré par la raison.

mercredi 23 septembre 2009

Yo La Tengo - Popular Songs (2009)



Je n'aurai pas grand-chose à dire sur le nouveau disque de Yo La Tango si ce n'est qu'il y a dedans des moments magnifiques et que c'est peut-être leur meilleur album avec leur Fakebook de 1990. Bref, vous devriez simplement l’écouter... Écouter « I'm on My Way » et « All Your Secrets » deux belles « chansons populaires » avec dedans tout ce qu’il faut de légèreté et de velours souterrain bien assimilé... « Periodically triple or double » et « If It's True » avec cette basse soulful qui tourne bien rond et cet orgue Hammond B-3 qui scande sous la petite lumière nécessaire... Vous devriez aussi écouter « By Two's » ce faible effort somnambulique juste cotonneux comme il faut avec une Georgia Hubley plus Moe tucker réussie que jamais... Ah oui ! j’oubliais un détail désobligeant : si les neuf premiers titres sont tous très bons, il y a par contre de quoi rester circonspect et dubitatif devant les trois derniers qui frôlent de façon métronomique le syndrome « intello velvetien » un peu vain ; trois interminables jérémiades (post my bloody tortoise) qui vous donneraient presque l’envie de lapider le premier hippie qui passe à portée de cailloux. S’il n’y avait pas ces trois notables scories le nouveau disque de Yo La Tango serait pour ainsi dire impeccable, écoutez-le, pour les neuf premiers titres, merci...

mercredi 16 septembre 2009

Rex Holman - Here in the Land of Victory (1970)



L'ombre en longueur, verdâtre sur le mur en face avec cette lumière immobile qui l'enrobe. Il n'y plus de vie, il n'y a plus que ce goût faible à exister, fade et écœurant, et ce mur plus épais de jour en jour. Il y a l'engourdissement puis la dissolution de toutes choses, une fois la dissolution passée, il ne reste que les fausses apparences ; il ne reste qu'à renaître, histoire de rester là où l'on se trouve, renaissant, sans pouvoir avancer, ni reculer, ignorant d'où l'on vient et qu'il soit possible d'être ailleurs, autrement...
Des plantes vertes, une lueur secrète d'aquarium, des traces plus que des preuves et un disque de hippie dépressif qui tourne, il fait déjà froid, il n'y presque plus d'ombre.
Un disque de hippie dépressif, flottant dans un nimbe éthéré, des instruments « exotiques » : sitar et tablas et un genre de Tim Buckley chevrotant avec des fleurs fanées dans la bouche. C'est le seul disque de Rex Holman, il est, plus morne et déprimant que triste, plus maussade qu'autre chose et donc ton sur ton avec l'humeur du moment.

NB. Pour info le Rex Holman en question était aussi simili comédien, on le voit gigoter chez Star Trek et dans deux trois Cimarron.

mardi 8 septembre 2009

Myracle Brah - Life on Planet Eartsnop (1998)



Ce soutif miraculeux-là est merveilleusement souple, avec tout le charme diapré de trois autres fameux bonnets B : Beatles (réputés), Badfinger (suspendus), Big Star (écroulés, en poire). Toute cette lingerie fonctionnant comme un bel engin à voyager dans le temps, voilà, bien vite, l’audionaute devant un merveille palpable, un miracle ferme, tendu et définitif. Un beau trip déplaçant 1998 en 1972, vers la fin de queue de comète d’une période dorée et le début de ce que l’on cataloguera, pour faire vite, comme galaxie Power Pop. Pas encore vraiment un truc post-moderne revivaliste, tout cela viendra plus tard, avec la chirurgie plastique.

P.-S. Le lecteur perspicace aura constaté la baise notable, tant quantitative que qualitative, de mes « participations ». Il faut dire que l'inspiration n’y est plus trop et que la lassitude a par contre une sérieuse tendance à vouloir lécher les rivages de ce bleugh. Rassurez-vous (?) je reviendrai, mais en attendant le factuel et le concis sont par ici.

Bien à vous.

mardi 1 septembre 2009

The XX - XX (2009)



La timidité butée des jeunes Young Marble Giants, la langueur ouatée de Mazzy Star, le lointain souvenir du Velvet, ce Velvet plus flottant et spectral que souterrain, celui des chansons... Des bribes R&B anémiées, le « dialogue » entre Gram Parsons et Emmylou Harris, des guitares claires et twang(s), quelque chose de primitif, d’heureusement primitif.
Sur le papier, vous me direz que tout ça tient du curieux alliage, mais dans les oreilles c’est un assez beau mélange, qui fonctionne, vraiment...

Résumons, écoutons et voyons voir... S’il y a du vain à vouloir ressassé le passé, il est parfois nécessaire de s’appuyer sur ces quelques béquilles que le temps a crée pour nous, vous voyez bien ces jambes de substitution qui nous permettent d’avancer et de nous inventer tout neuf avec de l'ancien. Ici on évoquera les béquilles branlantes de la « culture rock » et leur nécessaire soutient, on oubliera par contre le ressassé d’autres, plus poseurs (le post-modern-punk faussement désespéré au goût du jour, la liste est longue).
Si les XX évoquent bien tout ce que j’ai maladroitement évoqué plus haut (Young marble stars sur du velours conjugal) et décris plus bas (la tradition et la « culture rock »), ce n’est certainement jamais en voulant faire les malins ou en la ramenant, c’est presque toujours naturellement et, oserais-je dire, presque involontairement ? Nous y voilà, le disque de nos doubles X est un disque primitif qui se souvient (instinctivement ?) , qui s’invente avec les moyens du bord , dans la chambre, en faisant le moins de bruit possible, histoire de ne pas réveiller les voisins... Des chansons rock'n'roll en demi-teinte, un feedback, des beats minimaux sur des mélodies plaintives. Des histoires d’adolescents en vestes noires., des histoires d’amour d’adolescents disgracieux en vestes noires...
Quelques-uns trouveront tout cela monochrome et fade, sans y voir la légèreté de touche, cette « guitare douloureuse avec un cœur agité », le goût du gardenal et l'engourdissent qu’il propose , cette heureuse inquiétude, ce tranquille désespoir à vivre que l’on éprouve la nuit en observant le plafond tout écoutant des chansons moroses.

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