dimanche 23 août 2009

David Werner - David Werner (1979)



Comme cela vu de biais, ce David Werner là pourrait bien avoir quelque chose du second couteau glam-rock ; un peu Bowie diminué, un peu Gary Glitter sans bedaine (et saloperies), un peu Marc Bolan sans lumière à tous les étages aussi; un peu tout ça, mais pas plus que ça... En somme un épiphénomène sympathique... mais très oublié et un peu restreint, l’épiphénomène sympathique .
Là où tout se complique, là où David Werner (notre épiphénomène oublié restreint) pourrait bien tanguer du sympathique vers le conséquent, de l'aimable vers l'homogène, c'est qu'après deux honnêtes galettes mid-seventies (Whizz Kid, Imagination...) il a sorti un disque presque bon en 1979. Un disque où le dodu en platform shoes se retrouve plus sec et plus nerveux... plus cintré, plus power-pop ! Un disque où les guitares sont toujours un peu grasses mais où le souffle se fait incontestablement plus léger...
L’auditeur perspicace retiendra principalement « Melanie Cries » une belle cascade, harmonieuse et subtile - d’hypothétiques Prefab Sprout avant l’heure légale rencontrant les gendres célestes de The Association -, « Can't Imagine » une cavalcade pop suralimentée, « She Sent Me Away » un sirop mid-tempo un peu crétin, mais très bien quand même... L'auditeur retiendra aussi le reste, une sacrée limonade pleine de punch (dans le sens pugilistique), des guitares hérissées qui semblent surfer sur des mélodies parfois pataudes, mais toujours un brin addictives, les mélodies. Bref, l'inverse du folk à bougies, le contraire de l'affliction et l'antithèse des âmes en peine se flagellant avec leur propre importance.
Pour résumer, je dirai que tout auditeur perspicace qui se respecte devrait écouter ce disque ; c'est l'heureux antonyme de plein de choses !


mercredi 19 août 2009

A Certain Ratio - To Each... (1981)



J’ai mis un temps infini à le retrouver, mais c’est un fait il est là. Je glisse dedans, un terrain sans empreintes ni débris, à première vue second lot Factory avec encore la raideur d’un inexact Ian Curtis à la voix concassée. Les autres de A Certain Ratio seront plus aventureux et plus en avance sur leur temps (dans le sens gigotons sur et sous la banquise), mais celui-ci, là, le premier donc (presque un vieillard las à présent) vaut pour sa kyrielle de défauts : la voix du faux pendu, la production maniaque de Martin Zero Hannett (batterie empiété par les miettes) et les sautes d'humeur d’une trompette toute riquiqui. Une idée du funk, une idée décharnée du funk raide, et je ne vous parle pas des casquettes Mao et de la roideur ambiante. Des pâquerettes factices au cœur d’un jaune étincelant. Le tout inclinant vers la blancheur la plus coupable qui soit. Décidément, sacré Maurice Blanchot !



lundi 10 août 2009

Christophe J. - Sons Of Waterloo (1983)



De Christophe J. on ne savait pas plus de deux trois choses : qu'il était havrais, distingué et anglophile, qu'il portait beau l'imper gris et que Jiri Smetana (son mentor) un tchèque bienveillant, et néanmoins réfugié, l'avait pour ainsi dire découvert et extirpé des tréfonds du Gibus (ce night-club trépidant). On savait aussi que son album Christophe J. il l'avait miraculeusement enregistré à Londres et que le backing-band qui l'accompagnait avec une efficacité toute discrète était composé de la plus entière globalité des Immates... un combo sensas pour une galette sensas...
En fait ce que l'on savait surtout de Christophe J., c'est ce qui était sur son disque ; ce mamelon Power pop frémissant, ces airs doux-amers pleins d'ondes sentimentales, le souvenir des Kinks, la simplicité archaïque de bonnes chansons qui ne veulent pas se faire plus grandes qu'elles ne sont... Sur deux titres Christophe J. laissait tomber micro et songwriting et c'est Jiri Smetana qui s'y collait : " I Say Yeah" un limite boogie tout en riff et surtout " Wall Of Kampa" bel hommage à John Lennon ; chanson personnelle (comme on dit) puisque ce fameux "mur de Kampa" c'était le mur où la jeunesse pragoise, et bridée se défoulait dans moult graffitis libérateurs à la gloire des coléoptères... Le reste était du pur Christophe J., soit ce que j'ai décrit plus haut : une musique modeste et intangible où il était question de filles un peu roses, mais nerveuses, de la face ensoleillée de la lune, de choses tendres et d'autres moins.... Un disque presque inespéré, un disque sensas par un type qui devait l'être... sensas (même en imper gris). Qu'est-il devenu ? Mystère !

PS : Il n'y a rien à trouver de l'autre côté de lune, même pas Syd Barrett.


vendredi 7 août 2009

Chambre Verte - Willy DeVille




Un soir avant l'un de mes concerts à l'Olympia, une âme charitable m'offrit deux disques d'Edith Piaf nichés dans un magnifique coffret. Bien que ravi par ce cadeau que ne pouvait que me convenir, je le laissais toutefois dans ma loge, posé sur la table de maquillage. Le show m'attendait, le show n'attend jamais, le cadeau pouvait attendre... Une fois ma prestation terminée, satisfait et un peu épuisé, je revins assez vite me reposer dans le cocon du backstage. Ma loge était restée fermée à clé et mon cadeau était toujours là. C'est alors qu'après quelques secondes d'une douce léthargie commune avec Toots, ma femme (un autre cadeau), soudain, et comme électrisée par la surprise, cette dernière me montra quelque chose d'indéfinissable et de totalement incongru : là sur la table de maquillage il y avait les traces d'un baiser au rouge à lèvres rose ! « Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Ce n'est pas ma couleur !» dit Toots « Je ne sais pas » lui répondis-je penaud, « Je n'étais pas là !» « Ce n'est pas ma couleur », reprit-elle. « Évidemment » lui dis-je, « Je ne vois pas pourquoi tu embrasserais la table de maquillage !» Ma femme un peu furieuse prit alors une serviette qui traînait par-là et elle tenta vigoureusement d'effacer ce baiser innoportun, elle n'y parvint pas, il était ineffaçable, rose et indélébile ! Nous ne savions pas d'où il pouvait bien venir, la loge était restée fermée à clé pendant toute la durée du show et seul le coffret ouvert avec ses deux disques de Piaf à l'intérieur, qui semblait à présent nous narguer, y avait séjourné ! Avant le sound-check, l'après-midi, j'étais venu tenter d'évoquer les esprits. L'esprit de l'Olympia, celui de Piaf... Tout en marchant doucement dans les coulisses, sur la scène vide, au balcon, je me demandais si le théâtre avait beaucoup changé depuis... elle : Piaf... Il y avait quelque chose que je n'arrivais pas à saisir. Quelque chose de bizarre. L'esprit ne se montrait pas. Il n'était pas là. J'avais envie de dire : « Je sais que tu es là, mais tu te caches !»
Quelquefois c'est, comme ça, on recherche en vain l'esprit, il se cache et quand on ne l'attend plus, une minute après le show, il commence seulement à tourner autour de vous. Alors plus qu'il ne vous apparaît, il vous saisit et vous embrasse. C'est ce qui se passa ce soir-là, enfin il me semble...

(Le tout en brodé à partir d'un antédiluvien Rock&Folk. Il y a de pire patron)

dimanche 2 août 2009

Cold Cave – Love Comes Close (2009)



La frange la plus rétive d’entre vous trouvera qu’il faut être sacrement tordu pour apprécier cette chose contrefaite, ces synthétiseurs second lot et ce faux désespoir qui rôde… La frange la plus rétive d’entre vous aura bien raison puisque tordu en chef j’aime assez tout ça : ce patronyme nigaud, cette pochette improbable ce rétro post-punk toc et vain…. J’aime assez ces titres pâteux-patauds, ces morceaux péniblement arrachés au vide et cet esprit visqueux-rampant : Cebe and Me, sa laconique ligne de synthétiseur abrasive, Love Comes Close et Youth and Lust de l’early New Order sans l’absence et le chagrin latent, Life Magazine une tentative lo-fi-synth-pop sympathique avec une fille qui gazouille, The Laurels of Erotomania une tentative lo-fi-synth-pop sympathique avec un garçon qui barytone (du Pet Shop Boy au rabais ?) enfin j’aime tout ça un peu et j’aime surtout beaucoup, Heaven Was Full, une sacrée part de pudding ! Je l’ai écoutée onze fois de suite cette pâtisserie là et il y a de quoi étouffer plus d’un chrétien qui passe ; mon Dieu que c’est bon ! mon Dieu que c’est bête ! Ces tambours qui grondent, cette raideur joydivisionesque , ce faux Ian Curtis qui s’accroche, ces lyrics stupides, cette lividité pour RIEN, c’est tout ce qu’il faut aimer (parfois).
Pour le reste je ne sais pas qui sont ces Cold Cave et je ne veux même pas le savoir.

NB : Ne soyons pas dupes il y a à prendre et à lâcher dans ce tombeau froid (le quasi tube idiot The Trees Grew Emotions and Died)

PS : J’ai écouté ça, en sautillant sur la tourbe Irlandaise, la tourbe cette terre élastique qui n’est pas une terre, mais plutôt une confiture d’arbres fossilisés, c’était ça le barde Van Morrison ou notre national Sardou et son Connemara ; je n’ai pas hésité.