mardi 9 septembre 2008

Une brasse bien cuite



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Il y a de très rares traces de burlesque dans la nouvelle vague, éventuellement chez le primo Godard voire chez le Truffaut du pianiste, ailleurs pas grand chose, peu de « mécanique plaqué sur du vivant », de temps à autre de l’humour, certainement, mais pas plus écumant que ça l’humour. Voilà pourquoi ayant trempé dans les mêmes eaux, les cahiers de la brasse, Luc Moullet est si singulier et se distingue par une pratique nautique plus adéquate envers le relâchement des zygomatiques. Le secret de Moullet ? Il brasse d’un bras et d’une jambe tout en éclaboussant l’assistance pendant que ses camarades restent de sages adeptes de la planche et d'un genre de faux crawl coulé en eau plate.

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Oh ! bien évidemment, il faut être à côté de l’axe pour pouvoir apprécier toutes ces histoires de baignades dans leur juste situation ; un peu décalé dans l’espace, un peu comme le distributeur de papier toilette chez Brigitte et Brigitte. Ah ! oui c’est vrai il faut voir Brigitte et Brigitte pour mieux (me) comprendre. Brigitte et Brigitte ce bidule farfelu comme un Jarry Lewis en solo attaqué par le collège de pataphysique tout entier. Brigitte et Brigitte ce machin insolite et farfelu, tourné avec des bouts de ficelles et avec des morceaux mid sixties dedans : les bidonvilles de Nanterre, les travaux à Nanterre, les proto mao à Nanterre…. des miettes de cinéphilie, Edward Ludwig, Edgar G Ulmer et Vincente Minnelli, des filles bien palpables, une Brigitte blonde et déliée, une Brigitte brune et boulotte…. Le tendre Claude Melki, le docte et déjà délicieux Maurice barbon Scherer, un soupçon de Samuel Fuller…

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L’absence de moyens de Brigitte et de Brigitte confine à l’abstraction, au factice, et comme chacun sait qu’il y a plus de vérité dans le factice que dans un cocktail de penthotal mal dégluti, il y a beaucoup de plaisir à plonger dans ce simulacre de vrai-faux cinéma rigolard là. Même pas utile de savoir nager…

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