dimanche 3 février 2008

Associates - Party Fears Two



1

« Je vécus donc en cette occasion l’une des quatre ou cinq épiphanies pop de ma vie. Tout m’enchanta : l’intro semblable à des rayons de soleil dardant au travers des nuages, le piano à la fois enjoué et doux-amer du refrain, la rage froide de la voix de Billy, les énigmatiques paroles (s’agissait-il du récit d’une rupture en cours, sous forme d’instantanés ?), l’harmonie finale de la voix dédoublée, céleste comme sortie d’un cloître. Mais c’est surtout la façon que MacKenzie avait de bouger, qui me fit frôler l’évanouissent : quel incroyable panache chez cet homme ! Devant son image, je n’étais plus que crainte et admiration… »

Simon ReynoldsRip It Up and Start Again

2

Curieux destin, mort suicidé ; overdose voulue dans un appentis de jardin, entouré de ses chiens ne supportant pas la mort de sa mère. Nino Ferrer, lui c’était au milieu d’un champ de blé, pour les mêmes raisons ; la mère, les chiens… un coup de fusil dans le cœur, comme Van Gogh… drôle de peinture… Bernard Lamarche Vadel lui c’était dans son château, bordé par ses chiens, une arme à feux et vlan, du Pollock !

3

Virginia Woolf, la pauvre, elle s’est noyée dans un étang avec des pierres dans les poches, Drôle d’Ophélie qui s’ignore, je suis en train de me noyer en sa compagnie. Des pierres dans les phrases, je noie le poisson, je ne vous parle pas de mon sujet présumé : Billy Mackenzie. Les dandys décalés finissent mal en général.

4

Sublime, forcement sublime, écoutez une fois, écoutez vingt fois, réécoutez autant de fois que vous le voulez « Party Fears Two » ce sera toujours une chanson sublime. Il suffit d’oublier le douteux or des falbalas eighties, le plaqué, la mince couche de plaqué et la patine, derrière ces rivières d’or fondu, il y a un autre or, massif, indivisible dans la pulvérisation des paillettes, lui.

5

Billy Mackenzie voulait que sa musique paraisse avoir « l’air de coûter chère » mais ce qui restait, et il le savait bien, c’était cette voix , cet or autrement plus rare. Une voix qui vous arrachait le cœur, une voix d’une puissance sidérale, couvrant plusieurs octaves… une voix ou circulait tous les sentiments, toutes les sensations : l’euphorie, la gaieté, la béatitude dans les saintes extases, le bonheur, oui le bonheur ! et tout d’un coup, la peur, la sourde inquiétude et l’effroi, la sincérité jusqu’à l’impudeur, l’obscénité mène, tout cela en trois minutes.

6

Ouvrir les controverses, âmes évaporées en volutes ou tripes sur la table ? Détachement chez Chet Baker ou plombé-plombant chez Nina Simone ? En fait c’est compliqué. Ouvrir les débats Scott Walker ou David Bowie ? Jacques Brel ou Jean Sablon ? Nick Drake ou Mickey Newbury ? Vaste programme.

7

George Sanders, flegmatique dandy décalé à l’esprit cynique, s’est assassiné lui-même le 25 avril 1972 en buvant astucieusement un cocktail de Nembutal et de vodka. Il a laissé ce mot pour expliquer son geste :

« Cher Monde, je te quitte parce que je m’ennuie. Je te laisse avec tes soucis. Bonne chance »

3 commentaires:

Anonyme a dit…

don't die on a sunday, it will damage your health

Philippe L a dit…

http://www.youtube.com/watch?v=urgm9q-QsBs

Frissons, on pourrait sentir comme ça poindre une petite goutte d’eau salée à la surface de l’œil…

Philippe L a dit…

Et Nick Drake dans tout ça ? Le suicide chez sa maman, un jardin, des médicaments, une âme sans corps, sans sexe. Un Dandy décalé, peut-être, mais l’axe est différent, pas de chien par exemple, pas de cynisme alors. ?