vendredi 6 avril 2007

Joseph L. Mankiewicz - The Quiet American (1958)



« C’est un film qui ne se voit pas : il se lit. Le public oublie qu’il est public et son silence évoque moins l’attention crispée de l’auditoire que la paix des bibliothèques »
Éric Rohmer, Cahiers du Cinéma n°86 août 1958

Bon le grand Momo ne se trompait pas, ce qui persiste de ce film à présent et bien c’est l’épaisseur romanesque, indéniablement la science de Mankiewicz est là, dans le jeu sur les strates du flash-back, dans la voix off qui tend la chair du récit, dans la charpente des dialogues (sans eux le film s’écroule comme le dinosaure de Mr Bébé) . Définitivement Mankiewicz est plus un grand romancier qu’autre chose, un dramaturge(eeeee) aussi, revoir Sleuth, enfin sa singularité est là, le reste a beau être parfois de la peinture baroque colorée ou une musique embrumée (La Comtesse et Mrs Muir) ce qui persiste et surplombe c’est cette certitude que le récit n’est pas loin d’être tout, cette manière de le limer le récit de revenir dessus , cette croyance dans le pouvoir des mots (qui forme le récit) qui a tout de la foi du scribouillard…

D’ailleurs en parlant de mot dans cette obscure histoire adaptée de Grahman Green, c’est la confusion entre deux mots : plastic et plastique qui déclenche vraiment la mécanique de l'intrigue
Drôle d’étincelle, pour une explosion… un apolitique rattrapé et manipulé par le politique, rattrapé par la confusion entre deux mots, avec tous ces Américains prompts à faire naïvement le bien (en assassinant), tous ses Viets un brin pervers prompts à faire leur bien à eux (en assassinant) et tous ses Anglais désengagés et un peu nigauds au milieu de tout ça rattrapés par eux même et s’assassinant eux-mêmes ou presque.

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