jeudi 29 mars 2007

Détour - Edgar G. Ulmer (1945)



Six jour de tournage, une voiture, deux d’acteurs et les quidams qui passaient par là... une route bien droite, du brouillard et la nuit noircie pour cacher l’absence de décors, l’éclairage qui change bizarrement au milieu des scènes (fondu enchaîné direct live !) Un travelling sur des poteaux téléphoniques comme chez Borzage, un peu plus loin un fil téléphonique arme involontaire d’un homicide proprement hallucinant et non voulu. Road movie avant Rossellini , film noir archétypal (femme fatale, flash-back, force du destin) série B séminale où tous les zozos de la nouvelle vague iront puiser sans vergogne (Gun Crazy Had hoc…) un scénario et des dialogues finalement pas si rachitiques que ça...
Voilà donc « Detour » d’Edgar G. Ulmer : film à la poésie sèche et charbonneuse et au budget équivalant à 4 secondes de Blockbuster anonyme …

Pour la poésie avant de se spécialiser dans la série b famélique de chez PRC, Ulmer était assistant chez Murnau, pour l’anecdote un peu raide Tom Neal l’acteur tout bizarre « héro » de ce film finira par trucider sa femme 20 ans plus tard, pour de vrai pas par erreur et sans fil de téléphone.

dimanche 25 mars 2007

Je viens de me pincer et ça pince vraiment !



« Mais je répugnais à me voir exporté, dupliqué, je me considère comme un document original, unique, alors que d’une façon générale les gens me paraissent appartenir à une race aux exemplaires aussi difficiles à distinguer les uns des autres qu’un pigeon gris d’un autre pigeon gris. Il est vrai que les femmes se différencient des hommes, j’aime leur apparence, leurs organes. A mes yeux elles se ressemblent toutes, comme des jumelles monozygotes… »

Je ne sais pas si j’aime ce livre… En fait je vois trop dedans peut être ce que je n’aime pas et de facto pas assez le reste
Je l’aimerais un peu plus ce livre s’il était souillé par un peu plus de sacré, s’il était moins cynique et scintillant au milieu des décombres… S’il était moins vice et stupre, fœtus brûlés et viscères pourrissants au fond de peu folâtres cercueils ! Ces organes qui ne seraient rien si ce n’est que de l’organique au service de rien, ! Noir néant où l’humain ne serait pas plus que pas grand chose, alors que bon vous voyez bien vous qu’aimer les corps reste une chose essentielle ! Qu’aimer ce qui les fait fonctionner ces corps (les divers combustibles, les organes, les souvenirs) est une chose déterminante ! Et vous savez bien vous intuitivement que ce qui s’échappe de tout ça est essentiel (ou presque) ! L’émanation nécessaire des âmes, même quand le corps est retourné comme un gant, viscères et âme mêlés, l’amour …
Jauffret donc virevolte autour de ces questions … Jauffret est un drôle d’acrobate… mais un acrobate qui pirouette un peu trop avec les réponses du terrible fil-de-fériste roumain Cioran. Pour résumer à gros traits : il n’y pas grand chose à sauver nous ne sommes que le morne résultat d’un improbable accident aléatoire et l’humanité n’est qu’une mésaventure passagère ! Cioran étant un douteux doutant, on aurait aimé les réponses plus fluides de l ‘équilibriste Antonin Artaud et celles indéniablement plus coagulées de ce cher Georges Bataille, de l’humain oui voilà bref quoi, même tordu, calciné du restant de cogito, mais de l’humain ! Avec moins de distance et de détachement sardonique face à ce que nous sommes car nous sommes bien là, d’ailleurs je viens de me pincer et ça pince vraiment !
Pourtant accordons à Regis Jauffret le fait d’être très bon lorsqu’il se laisse entraîner, lorsque le flux de ses phrases prend la mesure de son cynisme, quand il bascule (l’acrobate chute) dans une sorte de burlesque simili post-beckettien (automatique sur de l’animé) où il y a du vomi dans l’autocuiseur, et où on retrouve l’humain, loin des seins tombant d’une sexagénaire fatiguée vus de haut et sans la perspective historique.

Sinon pour le factuel le livre est une curieuse et drôle autofiction filtré par du tordu … une rupture amoureuse, le beau-père, la belle-mère, tout ça, noir et cocasse faisant avec la folie et même avec des objets qui se révoltent.

mercredi 21 mars 2007

The High Llamas - Can Cladders (2007)



Sean o’Hagan semble avoir renoncé à ce qui faisait un grand part de l’originalité des High Llamas : cette façon de pousser Brian Wilson jusqu’au maximum, jusqu’à une sorte de post-pop un peu planante, nostalgie détachée fortement impressionniste à base de synthétiseurs zigouigouis retro-futuristes justes tachés de quelques touches délectables ; un piano bancal par- ci, un banjo par-là. Une science pour les arrangements aériens ; de l’invention, mais avec des semelles de vent en tous les cas une originalité indéniable, réécoutons « Hawaï. »

Réécoutons « Hawaï » et regardons par la fenêtre car « C’est joli d’avoir tant de verdure dans la fenêtre de sa chambre » ne gâchons pas notre plaisir et écoutons également « Can Cladders » car si Sean o’Hagan renonce un peu à ce qu’il avait inventé en concédant aux sirènes du post moderne, il est bien là; toujours capable de faire ressentir le bonheur supraterrestre d’une mélodie bien troussée un sacré pop-writer en fait et ne la ramenez pas trop avec le toqué Wilson ! Donc même si ce le disque est moins aventureux, moins atmosphérique, moins intuitivement malin et inventif pour tout dire , il reste en gros délicieux, plus classique (et concentré sur le song-writing couplet , refrain) avec deux trois ritournelles qui se suspendent perversement à la mémoire de l’auditeur ravi « Sailing Bells », Henry Mancini à violons comme des garçons, « Can Cladders » charmant vraiment et le plus que subtil « Cove Cutter » sorte de rencontre pas si improbable que ça entre Robert Wyatt et Burt Bacharach . Bon je vous laisse c’est joli d’avoir de la verdure devant la fenêtre, mais le vent vient de s’engouffrer perfidement, la météo est déréglée cette année il commence à neiger, je pense que je vais mettre un disque de Sunn O))), non en fait, je vais ressortir un fragment de Proust, il y sera sûrement question de la petite phrase de Vinteuil, c’est plus dans le ton, d’ailleurs le vent est tourbillonnant.

jeudi 15 mars 2007

Le livre impossible...


Le livre est posé là sur la table, et je le regarde intimidé, mince promesse de 80 pages en gros caractères et pourtant je n’ose pas vraiment le regarder en face ce livre, il y a des raisons, il y tellement de raisons, de la douleur, des phrases au cordeau…
Marc Vilrouge était entre la vie et la mort au moment de la parution de ce problématique livre impossible, il est mort le 15 janvier 2007 et me voilà devant ce mince volume comme devant une bouteille à la mer plein de perplexité et avec des nœuds dans l’estomac, l’inspiration en berne et un peu gêné aux entournures. Quand l’inspiration nous quitte, enfin quand elle semble nous quitter (elle n’a peut-être jamais existée qu’à l’état de désire) que faire ? Allez s’en jeter un au troquet du coin ? Tourner autour de la table, autour du livre en espérant très fort ?
Le livre de Marc Vilrouge est impossible car il y est question de choses impossibles à regarder sereinement pour quiconque tente d’écrire à quelque niveau que ce soit . Il y est question de cette fameuse inspiration, des écueils de l’autofiction et de la quasi-impossibilité de découdre le tissu de son âme sur le papier.. Comment écrire lorsque que l’on s’est mis volontairement en dehors du monde ? Comment écrire quand on est hors du lien ? Comment écrire à partir d’une existence de plus en plus vide et étrange où le grain à moudre se fait de plus en plus rare ? L’existence de notre héros en creux (de Marc Vilrouge ?) n’est faite que de longue plage d’inaction où il ne vie plus vraiment, où semble seulement exister un corps à la recherche de substances vitales. Vaporeuses partouzes entre garçons indistincts, grosse consommation de cocaïne… dérive vers des drogues moins coûteuses et plus encombrantes (GHB la drogue du violeur), état latent suicidaire, hôpital psychiatrique, récifs de l’autofiction !
« Quand écriras – tu un joli livre, dit un jour sa mère à Flavien. Un roman que pourrait lire mémé ? » Pour fuir tout ça Marc Vilrouge (Son héros ?) rejoint sa famille, il a besoin d’écrire sur sa famille... Mais il se heurte à son incapacité d’écrire ce lien là aussi, sur l’impossible confrontation entre les mots crus et le réel de cette famille là.. Alors il ne reste que ce qu’il est, il ne reste que ce qu’il vie parcimonieusement. Terrifiante solitude, il n’écrit plus que l’aridité de cette solitude, une infime matière concassée avec pour unique possibilité l’espoir de donner voix aux esprits en espérant que le monde ne s'écarte pas trop, sinon…
L’autofiction serait avant tout de la fiction ou un récif trop réel où l’on se déchire ? Je ne sais pas trop je n’ai pas les compétences nécessaires pour juger vraiment. En tous les cas, on n’est peut-être pas fait pour un seul moi. On a bien tort de se tenir à un seul moi….
Ce que je sais par contre ce que je discerne maintenant parfaitement, c’est que Marc Vilrouge était un écrivain, un vrai, il avait 36 ans, lisez le merci pour lui.

Marc Vilrouge – Le Livre Impossible, Le Dilettante - 96p, 12€

mercredi 14 mars 2007

Le « croquignolet » du jour - Roky Erickson



« Et j’ai pensé que cette longue poursuite d’un homme par une sorte de mauvais destin n’était pas la poursuite d’un homme par le destin
mais d’un homme par les hommes, par un groupe déterminé d’hommes,
et que cela ressemblait terriblement à une histoire d’initiés. Il n’y a que les haines d’initiés qui soient si longues et acharnées,
Mais qu’ai-je à foutre des initiées ? moi,
A.A.,
Qu’un avais-je à foutre il y 2 000 ans à Jérusalem lorsque j’ai été mis en croix? »



Ma barbe me gratte, ne me regardez pas comme ça ! Je ne suis plus rien, ne me regardez pas! , Je suis au-dessus, je suis au-dessus de moi, en dessous c’est rien, rien rien je vous dis.. Dessous c’est plus rien… Je suis au-dessus … l’ami du malin. Le malin hé, hé ! Je suis l’élu, le putain d’élu ! Ne me regardez pas, plus rien que je suis, ne me regardez pas vous allez mourir. Je suis un alien, je viens de Mars, sortez ne me regardez plus ! Je vais vous manger! Je vais vous manger le foie, les intestins, je vais boire votre sang, je suis un putain de vampire, sortez c’est mieux pour vous, laissez-moi ! Me regardez pas comme ça, me regardez pas comme ça, me regardez pas comme ça…
La question c’est quoi hein ! ? Vous êtes là pourquoi? C’est ma mère ? Salope sainte nitouche ma mère, elle a caché le malin en moi ! Des grands coups de ceinturon, J’aurais du la jeter aux alligators dans le désert, elle aurait plus chanté son opéra de mes deux ma mère, si elle avait été bouffée par les alligators, ils auraient croqué son crâne.. et son crâne il aurait explosé sous les dents des alligators… son crâne pourri dedans il aurait explosé dans le désert ! Merde quoi y a pas d’alligators dans le désert ? Je l’aimais pas ma mère, elle m’aimait trop avec son ceinturon…
Après j’ai joué du piano, du piano avec des lames de rasoirs sur les touches. Touchez pas à mon piano ! J’étais tout petit, un gnome sans barbe alors je jouais debout du piano, du piano debout avec des lames de rasoirs, faut pas m’la faire, hein ! Me regardez pas comme ça !! Après le type dans la rue, le chimiste là comment qui s’appelait déjà : Tom Hall voilà Tom Hall, il m’attrape dans la rue et il me fait prendre des seaux d’acid, il vient avec nous et il joue de la cruche électrique, putain de treizième étage, putain de cruche électrique, putain d’acid ! Apres la Californie, le chimiste y me trimballe là-bas, là-bas y a des trucs, des champignons, de la méthédrine comme y disent, des types bizarres avec des barbes qui grattent, des filles nues, des filles à poil bordel de merde ! Mais moi je retourne chez moi au Texas faut pas m’la faire. Je retourne chez moi sinon le diable il va me punir, et toc vlan merde v'là les flics qui me chopent avec du haschisch dans les poches, du haschisch sans déconner ! Je voulais les manger les flics alors il mon laissé le choix entre la prison et l’hôpital où y a les fous, alors moi finaud j’ai pris le truc avec les fous.. Faut pas m’la faire. Ne me regardez pas comme ça ! Après je m’évade de chez les tarés, je suis pas taré moi merde quoi ! Ils me rattrapent, il me colle sur une table, ils me balancent des électrochocs comme y disent, et c’est l’enfer vraiment… c’est là que je suis devenu moi, que j’ai commencé à être au-dessus de moi et de cette putain de barbe qui gratte, avec des miettes, du jaune d’œuf, putain de barbe, me regardez pas comme ça ! L’enfer c’est mon truc, le diable m’a choisi, je garde la porte de l’enfer avec un chien à deux têtes, alors tous ces docteurs, toutes ces infirmières, des tarés des vrais eux ! Ils peuvent pas me tenir comme ça ! Ils peuvent pas déconner avec l’élu du diable ! Ils veulent me garder, mais ils se rendent pas compte de mes pouvoirs ! Je vais m’évader, je vais me cacher au Kremlin, au Kremlin ils pourront jamais me retrouver, la CIA les docteurs, ils pourront pas me retrouver, qu’ils crèvent je les attends à la porte, ça va chauffer.
Je suis déjà libre d’ailleurs, je suis libre, je suis libre et ma barbe me gratte… me regardez pas comme ça, me regardez pas comme ça, me regardez pas comme ça… SORTEZ !

samedi 10 mars 2007

Douglas Sirk - Scandal In Paris (1946)



Entre ses films allemands des années 30 et ses mélodrames américains du milieu des années 50, il y a bien une œuvre chez Sirk, une œuvre parfois méconnue et en tous les cas éclectique, thriller, péplum, western, film de guerre anti-nazi (Hitler’s Madman)... œuvre hétéroclite mâtinée de la merveilleuse impureté du film de genre, mais œuvre où Sirk est toujours là, et toujours là avec bonheur en plus ! Prenons par exemple l’assez peu connu « Scandal In Paris », cette évocation fantaisiste de la vie de Vidocq est un petit joyau plein d’humour, d’esprit et même d’émotion voyez-vous !. On tourne autour des mémoires de Vidocq (film plein d’arabesques)avec une légèreté de façade tout en restant sur le fond concentré sur des choses assez sérieuses et sincères, le bien, le mal la sourde dualité qui semble encombrer chacun de nous (St Georges terrassant le dragon), cette histoire avec le passé comment se libérer de son passé, comment briser les chaînes d’un monde enchaînant, thèmes cher à Sirk me semble –t-il… il y a également cette constante ironie vis à vis des institutions, de la justice, de la police qui me semble d’un esprit complètement personnel et européen , loin du parfois béniouiouisme boy scout américain…

Les dialogues merveilleux scintillent, multiplient les aphorismes et rappellent fortement Guitry ! Oui Guitry, Sirk même combat ! Enfin ici ! D’ailleurs la palette de Sirk dans ce film semble sans limite, l’humour et l’ironie dominent mais il y a beaucoup de délicatesse aussi… De la délicatesse dans l’éventail lâché par une jeune fille au pied du rideau derrière lequel elle s’est cachée d’un amour fantasmé mais soudainement réel (la phrase est longue et bancale, mais la scène sublime pardon.) . il y a ce brusque changement de ton, ce dérapage dans la violence, la mort d’une coquette trucidée par son cocu de mari déguisé en colporteur d’oiseaux dans une boutique de modiste, séquence somptueusement expressionniste, à la photo plus violente et au rythme plus sec et composé. Il y a aussi cette ultime scène où Georges Sanders (Vidocq) terrasse le dragon Akim Tamiroff basculant de facto du coté du bien. Scène quasi surréaliste (dans le bon sens) emprunte d’une féerie vaporeuse au milieu d’un décor hétérogène voir plus… un jardin chinois, un manège, la nuit … Ce film : « d’esthète où la gravité affleure sans cesse sous le scintillement … » est un film mineur certes mais un pur bonheur, le bonheur de ne pas être rattrapé par une machinerie basse, ceux qui n’on pas supporté plus de cinq minutes du récent et national Vidocq à effets spéciaux me saisiront …

NB : Omettez le reste tous les trucs au-dessus, j’oubliais l’essentiel, Comment ai-je pu oublier l’essentiel ! Georges Sanders ! Le film est porté par un Georges Sanders éblouissant, flegmatique, plein d'humour et d’une classe lasse et totalement folle … et je ne vous parle pas de l’ironie résignée et flottante… il faudrait que je revoie « Voyage en Italie » je me souviens d’Ingrid mais quasiment pas de lui c’est bizarre …

The Shins - Wincing The Night Away (2007)



Les Shins ne changeront pas votre vie, mais ils la rendront un peu plus plaisante enfin peut-être pour un court instant… Ah oui ! Peut-être ? Encore que la vie en fait ne soit pas si déplaisante que ça, à la longue … On pourrait donc se passer des Shins sans problème et vivre dans une douce quiétude, regarder par la fenêtre un ciel couvert de nuages, mais néanmoins lumineux et se dire que les disques heureux se ressemblent tous ; que par contre les disques malheureux eux le sont chacun à leur manière. Terrible balancement du cogito en semi-éveil ; mais je m’égare ! et trop loin ! oh pas loin de moi ; mais de vous ! le soleil à son couchant retournons à notre sujet : les Shins .
Bon les Shins grimacent propres trop produits, mais toujours plaisants, un peu punchy comme disent les moins de cinquante ans, power-pop de bon aloi en somme ! Dans le genre l’album de Midlake de l’année dernière me convenait (égoïstement) beaucoup mieux, plus centriste et Bayrouiste (24% quand même !) plus démocrate-hédoniste et plus craquant pour tout dire. Enfin le disque des Shins lui à deux trois bons moments des choses plus brisées que le strict bidule ouais superchouette ! Par exemple cette ballade un peu plaintive enrobée de synthés vaporeux « Black Wave » il y a aussi ce titre avec cette jolie basse et flûtiau au début « Sea Legs » et surtout « Phantom Limb » magnifique sur deux minutes (rappelant de loin le flottement sentimental cher aux Zombies ) et par contre nul ou tout comme sur le reste ! Gros traits tirés de guitares verbeuses on se demande bien pourquoi !
Je vous laisse, on me signale une dépression au-dessus de l’atlantique ; elle se déplace d’ouest en est en direction d’un anticyclone situé au-dessus de la Russie, et ne manifeste (la coquine) pour l’instant aucune tendance à vouloir éviter par le nord le pays du démocrate Poutine . La tension de vapeur dans l’air ayant atteint son maximum, je pense que je vais me coucher tôt ce soir…

mercredi 7 mars 2007

Le « croquignolet » du jour - Screaming Lord Sutch



Nous pourrions voir Screaming Lord Sutch comme une pâle resucée grande bretonne de notre précieux ami Screamin’Jay Hawkins, vous voyez le type dans le cercueil tout ça … les têtes de morts, la cape, les hurlements le tremblement insalubre rigolo à fort potentiel je te déride les zygomatiques en parlant de la mort … mais pas comme chez Jacques Chancel et Van der Graaf Generator la mort ! pas une mort compassée, une mort plutôt fluette faite pour pouffer entre deux respirations aléatoires …
Pâle resucée donc chez Screaming Lord Sutch mais avec une spécificité toute britannique, la constipation et le parfois douteux étant remplacés par un esprit slapstick en gros réjouissant… Du slapstick gothique car Lord Sutch chantait les mérites de « Jack The Ripper » une cohorte de crânes rigolards à goût affaibli Shakespearien entre les mains !. Notre clone blanc était accompagné par un groupe assez fringant : les Savages, groupe d’où surgira le futur Paganini amoindri, Ritchie Blackmore. (Ben oui Ritchie Blackmore le type des peu graciles Deep Purple, il a commencé avec une peau de léopard sur les épaules chez Screaming Lord Sutch, vlan !)
Les dit Savages et leur chef gothique marrant se déplaçaient dans une ambulance surmontée d’un gros crocodile en plastique qui ouvrait et fermait la gueule avec une régularité métronomique, ceignons nos yeux de paupières (pas trop) imaginons ce curieux attelage dans une paisible Angleterre mid sixties … imaginons le conté du Midlsex sous un discret crachin (le Midlsex est humide) imaginons tous ces motocyclistes fascinés et dans le fossé, toutes ces Aston Martin dans la vitrine du crémier et tous ces bobbies courroucer de facto , voilà c’est fait vous avez imaginé ? Ouvrez les yeux soulevez vos paupières je n’ai pas terminé..…
Pour finir donc, il ne faut surtout pas oublier que Lord Sutch était un homme politique conséquent ! 33 voix pour le National Teenage Party aux legislatives de 1965 ! Il créera l’ Official Monster Raving Loony Party en 1983, tout un programme !
Pour le factuel peu cocasse Screaming Lord Sutch, est mort en 1999, il est donc déjà plus sec que son collègue et modèle constipé outré d’outre atlantique. D’un autre côté Il paraît que dans le civil François Hollande est très drôle …

Adieu aux armes, Borzage mieux que tout !



Plus grand chose à voir avec le roman d’Hemingway qui n’est qu’une trame lointaine : du Borzage et rien que du Borzage ! D’ailleurs Ernest détestait ce film tellement éloigné de sa sécheresse tenue (mais paradoxalement parfois foisonnante). Film tellement éloigné qu’il est peut être l’opposé même de notre ami chasseur d’espadon : lyrique foisonnant et plein d’émotions non contenues... Borzage ne sera jamais lui laconique voir cette fin sublime et vraiment déchirante où se mêle le chagrin, la délivrance d’un amour plus fort que la mort, plus fort que l’éphémère et la promiscuité des corps encore vivants. Pour le reste on passe de la cambrure d’un pied à deux mains qui se lient se séparent et se retrouvent malgré le monde, la guerre les hommes, le cartel incertain d’humains se débattant et formant société.. Borzage un salaud apolitique un de plus ! merveilleux salaud ! Intuitions multiples de Borzage, Borzage qui n’est qu’intuitions d’ailleurs. Gary Cooper extraordinaire, Borzage parfois mieux que tout… à vous les studios.