samedi 26 août 2006

De jolis tuyaux, vraiment jolis assurément ...



Bon voilà je ne voudrais pas vous agacer plus que de raison mais c’est un livre admirable, les livres de voyages tout ça vous voyez, Bruce Chatwin, Nicolas Bouvier des types plein de charme distancié qui partent trop vite comme Bernard Rapp ben voilà le bouquin il est là fini l’air penaud et il y a des phrases dedans qui donnent envie de pleurer tellement … hein quoi ? et bien voilà c’est beau, très beau .. Cette humanité patiente ce sentiment d’être au (le) monde et de (le) ressentir …tout en restant réservé modeste, « L’usage du Monde » quel beau titre quand même ! L’usage du monde, les voyages tout ça, on s’use … reste le ressentie derrière l’usé : qui s’use ressent, se laisser saisir par ses sensations même dans le temps, même si c’était avant ; C’est la petite force de l’écrivain parfois cette chose là : le ressentie qui rentre on se demande pourquoi et qui ressort en calligraphie codée comme ça sur le papier, Pollock c’est pareil dans l’autre sens ça remonte on se demande d’où et quand et comment c’est très bizarre Pollock , Slhang, Shlong …
Tiens l’autre jour j’ai rencontré par inadvertance le petit-neveu d’Alexandre Vialatte devisant comme deux personnes à priori civilisées sur les mérites de grand-tonton voilà que tout de go le descendant plaisant me demande par quel hasard sournois l'aïeul est parvenu à rattraper ma modeste personne, ? Je lui réponds bravement « Ca passe par Kafka .. et Desproges » il me regarde l’air circonspect et me répond bientôt goguenard « De jolis tuyaux, vraiment jolis assurément » Et me voilà donc allègre me retirant dans l’antre rudimentaire (mais charmant) qui me sert d’appartement à la recherche d’un Vialatte quelconque… c’est fait après une prospection périlleuse mais néanmoins fructueuse, je suis en possession d’un modeste volume de chez Press Pocket « Dernières nouvelles de l’homme » volume lu dans mes années encore vigoureuses, volume d’où se dégage dès maintenant une douce odeur, mélange de moisi et de noisettes pilées c’est très bon signe.

mercredi 23 août 2006

Junior Boys - So this is goodbye (2006)

Pas de tronçonneuses en rut d’aspirateurs asthmatiques de murs de trois guitares distordues dans un genre d’installation post-moderne t’vois, rien à revendiquer bordel de merde !! que du tendre. Electro bricolo tendre voilà avec des voix dans le blanc si vous voyez, si vous voyez pas mangez vos boules quies ça cale les dents creusées par l’exigence supposée … ce disque s’invente sans le crier sur les toits , faut être sacrement narcissique d’ailleurs pour monter sur les toits et crier sa singularité en plus on risque de tomber ... remenber les pubs gini , godspeed you black mon œil tout ça .

vendredi 11 août 2006

Charlie Lochner - Winter in My life (1976)



« En achetant ce disque vous achetez un peu de moi. Je vous demande de me « manipuler » avec soin. Je suis un être humain. Je dois être écouté et accepté pour ce que je suis. Ma musique est tranquille parce que je suis tranquille. Je chante l'amour et la douleur, la foi et la liberté. Je chante sur l'amour et la difficulté d’être aimé. Je dois admettre que j'ai toujours trouvé difficile de faire savoir aux autres qui j étais -- à les laisser venir près de moi. La confiance en mes sentiments est effrayante et aussi rare. Je devine que la crainte fait partie de ma vie. Cependant, quelque chose de nouveau c’est produit pour moi, ce disque, cette chanson sur l'hiver, est pour moi, un signe de printemps… J'espère et je prie pour que cette musique vous touche – c’est un moyen pour moi de libérer toutes ces choses qui doivent pleurer et chanter »


Je ne détaillerai pas comment cet aérolite oublié est parvenu à vibrer jusqu’à mes oreilles (qui ne demandaient rien) ou alors vaudrait-il remonter jusqu'à des origines forcément lointaines : l’invention de l’air, l’air et l’éther, l’invention de l’univers : un chaos unifié, voilà. Donc, sachez que cela tremble et immensément. De toutes les façons ce qui importe au fond c’est ce qui tremble non ? la musique n’est-elle pas autre chose qu’une vibration et la vibration une forme de tremblement déguisé ? A t-on déjà vu un monolithe trembler de par lui-même ? Ce point de friction entre ce qui émet et l’air forme toujours une pulsation, un tremblement…un son .. Préférer les choses les êtres et les musiques qui tremblent à la certitude du béton qui n’est rien de plus qu’un socle d’efficacité… vers rien … Chez Charlie Lochner il y objectivement deux choses qui tremblent, sa voix et sa guitare, deux choses qui rencontrent l’air, deux choses créant ce frémissement inopportun que l’on nomme par commodité musique. Cette musique qui au contact de notre sensibilité se transforme en éther, éther nous faisant entrer au creux de l’âme de Charlie Lochner, magie de l’éther !! Et finalement qui y a t’il au creux de cette âme hein ? !! Des amours perdus, du temps qui passe, de la mémoire fixée dans la pierre, mais de la lumière aussi ; on dira lumière chrétienne pour simplifier les choses et ne pas partir dans une vision cosmique qui engloberait l’univers et casserait les arpions de l’auditoire assoupi. Ce disque chrétien pastoral est l’un des plus tristes au monde plus triste que celui de Jackson C Frank presque plus triste que celui de Sibylle Baier c’est vous dire! Ce n’est pas un disque crucial, il n’est crucial que pour Charlie Lochner qui l’a enregistré un jour de courage en 1976 et pour moi qui l’écoute aujourd’hui, rien de plus …

Durassien tellement Durassien ...



Le fleuve sauvage était le film préféré de la plombé-plombante en chef Marguerite D … enfin selon Skorecki… en fait c’est vrai je me souviens d’une merveilleuse émission de radio (Microfilms) ou Daney et Duras dialoguaient au milieu de silences un peu ridicules mais très beaux (Durassien tellement Durassien..) Duras voyait dans le couple formé par Lee Remick et Montgomery Clift le plus beau couple de l’histoire du cinéma … il suffit de voir ou de revoir le film pour comprendre à quel point et avec quelle intuition elle ne se trompait pas en affirmant une chose aussi péremptoire , ce n’est pas un couple tragique c’est un couple au sens strict c’est à dire conjugal non dupe, fusionnel et dans la durée…
Lee Remick était l’actrice préférée de Daney son cœur battait pour ses yeux d'eau, en fait il battait peut être même bien plus pour la lassitude de Monty …enfin bon voilà quoi … Le film lui est d’une bouleversante tranquillité le plus renoirien de Kazan le plus beau peut être, on en reparle vraiment un jour ou pas …

vendredi 4 août 2006

Et un paranoïaque de moins un !

« C’est moi qui ai inventé les accoutrements psychédéliques. A ma connaissance, j’étais le seul Noir qui se fringuait comme ça. Et en 1966, qu’est-ce que je vois ? Jim Hendrix, sapé et coiffé exactement comme moi ! Comment Jimi pouvait-il s’habiller de la sorte, alors que j’étais le seul ? Il n’a pu que s’inspirer de moi ».



Arthur Lee était un grand philosophe « Je suis fier du nom Love. Ce nom ne dit pas d’aller tuer son voisin ou d’arnaquer son prochain » Arthur Lee se prenait pour Love à lui tout seul alors que Bryan MacLean c’était pas de la gnognote quand même, il pensait avoir été pompé par tout le monde : Doors, Music Machine, Leaves … Hendrix même … Il avait fait la chose avec Pamela Courson futur Madame Morrison et cela avant le futur gros barbu Jim. Il avait fait tout avant tout le monde d’ailleurs : le LSD à foison, les poses Dandy devant le crematorium de Bela Lugosi , des disque cultes avant l’heure légale, des trompettes, des filles consentantes à faire la chose à répétition, des come back glauque seventies en Hendrix du pauvre « Stay Away From Evil » tout un programme !! Un vrai croquignolet de plus bel effet. Et on ne parlera pas de ses aventures de junkie de ses incendies volontaires et de ses passages en prison à répétition, il n'a négligé qu'une seule chose mourir avant les autres, tout ces connards qui lui avaient tout piqué Morrison, Hendrix des salopards je vous dis moi ! Voilà c’est fait, putain c’est qui ce con là avec son air de lichen pas frais Syd comment ? Hein Salopard !!!!!

The OhSees - The Cool Death of Island Raiders (2006)



John Dwyer le chanteur des Ohsees a une voix toute bizarre, une voix éraillée et trop aiguë, une voix comme une soupape, une soupape qui laisserait échapper un minimum de ce qui reste enflé aux creux d'une poitrine remplie de hurlements rentrés, de choses pas très claires… La musique des Ohsees est toute bizarre elle aussi, du rockabilly écroulé, des ballades dysthymiques avec des chants d’oiseaux incongrus, presque n’importe quoi, comme si Dwyer essayait de noyer la moindre chanson, la moindre mélodie dans une atmosphère confuse et humectée. Au milieu de ce fatras psychobilly primitif, il y a deux morceaux électroniques, l’un des musiciens semble y être saisi d’une crampe sur un synthé antédiluvien et l'humeur est plus que maussade. L’album est produit par David Sitek, il est même presque trop bien produit, on aurait aimé un son plus lo-fi vaporeux comme chez le merveilleux Ariel Pink mais bon hein quoi !
On imagine aisément John Dwyer après une énième cure de Xanax infructueuse se promenant en compagnie de Bob Trimble et d’Ariel Pink dans le parc de la clinique psychiatrique où ils ont été admis par erreur. On les imagine tous les trois chassant l’écureuil. Pas notre écureuil rouquin et peureux, non plutôt cet écureuil gris qui pullule en Amérique du Nord, vous voyez cet écureuil gris qui ressemble à un rat peu farouche avec une longue queue sycophante. Si l’album de Tom Yorke vous assomme, c’est le disque qu’il vous faut, ils vont en vendre 350 et il sera réédité dans 15 ans. Où serons-nous dans 15 ans ? À la chasse à l’écureuil ?