vendredi 31 mars 2006

Le « croquignolet » du jour - Julian Cope



Un cerveau que l’on pensait perdu pour le sens commun, presque un cas d’école, un type capable d’ingurgiter autant de LSD que Syd Barrett et Roky Erikson réunis , de sombrer dans la paranoïa la plus complète et dans un repli sur lui-même terrifiant - il est vrai que seul on n’est jamais très bien accompagné - … Et pourtant aujourd’hui Cope semble s’en être presque sorti une manière de miracle !
Julian était le leader des Teardrop Explodes, mignon petit groupe de Liverpool au début des eighties. Coalescence* heureuse entre le post-punk et le psychédélisme, avec Talking Heads et Love sous le fer à souder. Jam qui aurait pris de l’acid plus que du speed aussi…. Pas un groupe crucial, mais deux presque très bons albums, tout d'abord « Kilimandjaro » classique de l’époque avec beaucoup de choses plaisantes « Bouncing Babies » et son orgue crève-cœur, le merveilleux « Reward » avec l’orgue toujours et des cuivres énormes, presque folâtres tout ça moins morne atmosphérique qu’Echo and The Bunnymen voisins de pallier qui eux faisaient dans les cascades glacées.. Le second album « Wilder » est un peu plus problématique et enregistré dans des conditions particulières, Cope ayant commencé à forcer un poil sur les smarties qui font vadrouiller. Pendant l’enregistrement les membres du groupe chargés comme des barriques lysergiques allaient faire des balades en Jeep au milieu de la verdoyante campagne britannique.. A la recherche du Graal ? D’une vache violette ? Toujours est-il que Teardrop Explodes ne sera qu’un épiphénomène, la queue de la comète psychédélique au milieu des garçons coiffeurs, neo pirates et autres synthoc pratkouet de l’époque !


Une carrière solo commence alors pour notre ami Cope qui ne semble plus aller très bien, il bascule constamment du coté de la brûlure de ciboulot définitive, de la dégénérescence barrettiene, en frôle la tragédie mes amis !! En 1983 il ne sort plus de chez lui, ne s’occupe plus que d’une collection de voitures miniatures, Dinky toys, Dinky toys !!! Il retrouve le monde hirsute en 1984 avec deux albums « Fried » ou il apparaît sur la pochette, nu sous une carapace de tortue face à l’une de ses fameuses Dinky Toys. L’autre album « World Shut Your Mouth » est une sorte de déclaration, un programme ce n’est pas Cope qui est fou, mais le monde bien évidemment !! Poignante histoire toujours la même , terrifiant abîme peut-être pas ! La raison du plus fou, sûrement...



La carrière de notre héros est ensuite pléthorique oscillant entre l ‘anecdotique et le quasiment mordoré, une sorte de nouveau Peter Hammill en moins plombé- plombant, il y a de gros parallèles à faire entre ces deux croquignolets là.. Du côté du carafon au milieu de rechutes néanmoins sévères, insensiblement Cope s’ouvre au monde, il s’intéresse à la défense de la nature notamment. Ce qui le fait vraiment,son érudition, apparaît à petits feux, sur des sujets divers et variés, du paganisme, des druides à la musique populaire, il s’avère être en effet un homme extraordinairement fin et cultivé, l’excentrique britannique *dans toute sa splendeur hâlée. Éminent spécialiste du psychédélisme, du plus obscur au plus lumineux, docteur en « Krautrock » il faudra d’ailleurs que je me procure son livre « Krautrocksampler » un jour. Il faudra aussi vous promener dans les pages denses et palpitantes de Head Heritage le site de Julian Cope un vrai repaire à croquignolets, sorte de persistance d’une raison autre au milieu d’une toile pas si guillerette que ça … une toile … le monde.. le monde...une toile … monde de merde !



* c’est plus joli que soudure

* Répétez après moi soixante trois fois : John Cowper Powys …

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