dimanche 11 décembre 2005

L’homme qui en savait trop - Alfred Hitchcock (1956)



L’homme qui en savait trop n’a plus trop la côte, peut-être qu’il n’est pas assez compliqué, plus assez tordu et sujet à interprétation pour notre époque. C’est que la matière n’est pas obsessionnelle enfin pas trop, il n’y pas la mélancolie de Vertigo, la perversité de Fenêtre sur Cour ou le coté malade sexe froid de Marnie , pourtant c’est l’un des plus beau Hitchcock de la grande période classique, le plus ligne claire ou l’obsession est plus dans l’expression plastique que dans les thèmes cachés quoique...
Peut-être aussi que le début décontracté au Maroc est trompeur. Les décors en transparence, la petite caricature du couple d’américains en goguette au milieu d’un Marrakech colonial. C’est assez cocasse, même très drôle dans la séquence du restaurant ou Hitchcock emmène James Stewart sur le territoire du burlesque où il ne sait pas quoi faire de ses grandes jambes de son corps de nigaud.
Pourtant bien vite on se rend compte que c’est un film sombre. Notamment dans la fameuse scène ou Stewart annonce à Doris Day après l’avoir droguée l’enlèvement de leur fils. La suite à Londres elle, oscille entre le ténébreux et le folâtre. Il y a le passage hilarant chez le taxidermiste qui est une percée incongrue au beau milieu de l’intrigue, comme si Hitchcock pouvait se permettre par un pur hédonisme guilleret ce type de truc gondolant. Le reste est néanmoins globalement inquiétant - c’est quand même une histoire ou on enlève un enfant- et si tout cela reste fort c’est que pour confirme l’adage, les méchants sont d’une humanité implacable. Reste la grande scène avec les cymbales comme arme fatale, mais surtout la fin, avec la voix de Doris Day qui monte dans les escaliers ; où l’émotion passe par les escaliers, Dans les Enchaînés ou Psychose il y a aussi des histoires d’ascensions et de descente, voir de chute, pas uniquement le vertige, l’émotion monte et redescend, il y n’y pas que du formel là dedans et Hitchcock au-delà du rendu est aussi un type surplombant ses obsessions.

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