jeudi 27 octobre 2005

Alain Fleischer - Immersion (2005)



Que ce soit dans la collection blanche ou chez l’infini la collection dirigée par Philippe Sollers, les livres de M Gallimard sentent toujours la même odeur, il suffit de les ouvrir par le milieu et de humer cette alliance entre la pâte à papier, l’encre et la colle (mélange presque délicat), pour que cette odeur pousse nos mémoires, comme un interrupteur ouvrant des flots de souvenirs, des mots, des phrases remontant à la surface, comme émergeant de lectures passées. Immersion le livre d’Alain Fleisher est donc chez l’Infini de Sollers et c’est un livre sur le souvenir, sur les mots réinterprétés par le souvenir ou l’inverse je ne sais plus très bien !! Alain Fleischer est un type assez bizarre un peu iconoclaste, cinéaste, photographe, plasticien et accessoirement … écrivain, son œuvre est assez prolifique, un type un peu compliqué comme son dernier livre Immersion, qui est un objet assez étrange, un roman en trompe l’œil, un livre vache qui rit, obsessionnel dans sa construction répétitive, dans son rythme, dans les grandes spirales que forme la suite de chapitres qui se répondent quasi musicalement. C’est un peu tarabiscoté, complexe, parfois joliment précieux et presque baroque. L’intrigue n ‘est qu’un jeu de miroir brillant ou les personnages ne sont pas trop définis. Ils ne sont que des apparitions, des révélateurs pour reprendre une jolie métaphore photographique qui court tout le long du livre. Tout cela serait admirable si petit à petit l’ennui comme l’eau dans Venise, ne s’infiltrait, car au bout d’un moment tout devient presque agaçant : Les personnages qui existent sans exister, les mots sur le roman qui est un roman sur les mots, on comprend assez vite ou Fleischer veut en venir et les différents procédés à force de répétitions noient brillamment le lecteur, voilent son plaisir, comme on voile un film . Heureusement on s’accroche à d’autres branches, tout ce qui est en dehors du narratif, du jeu sur le roman est assez beau, de multiples et florissantes parenthèses : sur Venise vue comme une sorte de bain photographique, sur Trieste avancée étrange de la Mitteleuropa en pleine Adriatique, sur l’Autriche qui ne sait rien créer en dehors de ses écrivains, sur le Marchand de Venise et Shakespeare, sur l’histoire de la vieille Europe, la Shoah …

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec vous.

A la lecture de ce "roman", Immersion, on a terriblement envie de le lâcher et en même temps, il y a un tel bonheur de mots...

Anonyme a dit…

Quelle magie,quelle alchimie,quel bonheur! lu 2 fois,je n'en ai pas encore saisi le 10 ème. Je vais le relire et le relire encore. Chapeau maître! j'ai offert votre livre 3 fois. Pas une seconde d'ennui. Et j'aurais tant voulu savoir écrire moi -même les mots sur la femme,mots sublimes, inoubliables (la fille du garagiste). Merci.